Accueil Animaux

Un redressement fragile pour le marché des produits laitiers...

La demande mondiale de produits laitiers est plutôt dynamique et l’Union européenne en profite. Mais l’écart continue de se creuser entre les cours des matières grasses et des matières protéiques… Le retour sur le marché des néo-zélandais et la relance attendue des fabrications de beurre pourraient stabiliser les cours de la matière grasse.

Temps de lecture : 5 min

Cet été, les cours du beurre ont continué de s’envoler traduisant un manque de matières grasses laitières, en Europe comme dans de nombreuses régions du monde, depuis que leurs qualités nutritionnelles ont été réhabilitées aux dépens des margarines et de l’huile de palme. Les cotations Atla du beurre spot et facturé ont atteint respectivement 6.800 et 5.000 €/t fin août, des niveaux sans commune mesure avec les pics précédents. La hausse s’est en revanche tassée sur le marché mondial.

Au contraire, les cours de la poudre maigre ne se redressent pas. Après un léger frémissement en juin, la cotation Atla est même retombée début septembre à seulement 1.650 €/t, soit sous le niveau de l’intervention qu’avaient déjà franchi en août les prix des livraisons à destination du marché mondial départ Europe (1.684 €/t en août) – comme départ Océanie et États-Unis.

Ce grand écart constitue un casse-tête pour les transformateurs qui recherchent de la matière grasse tout en devant gérer des excédents de matière protéique toujours plus difficiles à valoriser.

Les fabrications de fromages privilégiées

Sur le 1er semestre, les fabrications européennes de beurre et poudre maigre ont nettement reculé (respectivement de 5% et 10% par rapport à 2016) alors que la collecte s’est quasiment maintenue (après correction de l’effet année bissextile).

Malgré la pénurie de beurre, le marasme sur le marché de la poudre maigre a conduit les transformateurs européens - tous comme les américains et les océaniens - à privilégier les fabrications de fromages et de lactosérum.

Les cours des fromages sont en effet bien orientés : le prix du gouda en Allemagne a regagné 490 €/t depuis mars et, à 3.570 €/t en juillet, il n’est plus que 5% en deçà de son pic de fin 2013.

Sans être au plus haut, le cours de la poudre de lactosérum s’est mieux maintenu que celui de la poudre maigre : la cotation Atla s’était vivement redressée entre avril 2016 et mai 2017, elle a perdu 160 €/t depuis, mais à 790 €/t, elle reste 300 € au-dessus de son plus bas niveau de 2016 (+61%).

Bonnes performances

à l’exportation

La demande mondiale a été relancée sur le 1er semestre et le repli des positions néo-zélandaises, faute de disponibilités, a permis aux opérateurs européens d’en profiter. Ils restent tout de même en concurrence avec les fabricants états-uniens, de retour sur le marché mondial, grâce au rééquilibrage de leurs prix et à la dépréciation du dollar US par rapport à l’euro.

Par manque d’offre, les échanges mondiaux de beurre et butter oïl ont nettement reflué, soit 15%par rapport à 2016 sur 6 mois.

L’UE a exporté 24.000 t de moins (-19%), mais la valeur des exportations n’en a pas moins progressé (+5%vis-à-vis de 2016 sur 5 mois) grâce à davantage d’envois de beurre conditionné.

Les échanges de poudre maigre ont nettement augmenté : +14% sur 6 mois par rapport au niveau déprimé de 2016 et +4% par rapport au niveau record de 2015. L’UE a exporté l’essentiel de ce surplus: +109.000 t ou +35% par rapport à 2016, marquée par les ventes massives à l’intervention, et +17% vis-à-vis de 2015. La demande est vive notamment en Asie, au Mexique et en Algérie, sans toutefois aller jusqu’à tendre le marché.

Les échanges de fromages sont également dynamiques, soit +6% par rapport à 2016 sur 6 mois et +5% par rapport à 2014 avant la mise en place de l’embargo russe. L’UE a conforté sa position de leader sur le marché en augmentant ses envois de 8% vis-à-vis de 2016 à 422.000 t sur 6 mois et même de 14% en valeur à 1,64 milliard d’euros (sur 5 mois).

Des stocks de poudre toujours très pesants

Les stocks aidés de poudre maigre refluent depuis mars mais le stock à l’intervention, qui dépasse les 357.000 t, n’a lui pas du tout dégonflé.

D’un côté, la Commission européenne n’a vendu que 100 tonnes entre juin et août, refusant les offres d’achat en deçà de 1.850 €/t afin de ne pas déstabiliser davantage le marché pour le moins fragile.

De l’autre, l’intervention a été activée et 782 t ont été proposées en août. Ce surstock massif pèse durablement sur le cours de la poudre maigre, la demande n’étant visiblement pas assez relancée pour générer une réelle tension sur le marché.

Au contraire, les stocks européens de beurre sont au plus bas depuis fin 2016. La hausse habituellement constatée au printemps aurait été très limitée d’après les calculs d’EDA. Pour les fromages, la hausse saisonnière des stocks aurait été plus marquée mais ils restaient fin juin en deçà de leur niveau des 5 précédentes années.

Beurre et poudre maigre: relance

des fabrications

Les fabrications européennes de beurre et poudre maigre devraient toutefois progresser dans les mois qui viennent compte tenu de la reprise de la collecte cet automne puis de la hausse saisonnière de la production sur l’hiver et le printemps. Ceci d’autant plus qu’en juillet-août, le prix du lait valorisé en beurre et poudre maigre a atteint un niveau stimulant à plus de 340 €/1.000 l, soit au-dessus du prix du lait standard payé aux éleveurs français (336 €/1.000 l en août) et proche du prix réel moyen européen calculé par la Commission européenne (349 €/1.000 l).

Mais les fabricants européens ne seront pas les seuls à alimenter l’offre : la collecte états-unienne est toujours très dynamique et la collecte néo-zélandaise, qui démarre sa hausse saisonnière, est prévue en hausse sensible par rapport à l’an dernier. Le marché du beurre pourrait donc quelque peu se calmer, mais restera vraisemblablement tendu compte tenu du niveau de la demande. Quant au marché de la poudre maigre, déjà très fragile malgré la relance des échanges, il pourrait se dégrader d’avantage, sauf si la Commission européenne prolongeait exceptionnellement l’intervention normalement fermée au 30 septembre.

D’après Tendances

Lait et viande (Idele)

A lire aussi en Animaux

Voir plus d'articles