Engrais russes : des droits de douane dissuasifs d’ici 2028
L’UE s’apprête à franchir un cap décisif dans sa stratégie commerciale vis-à-vis de la Russie et du Bélarus. En ligne de mire : les engrais azotés, dont l'importation est jugée incompatible avec les objectifs géopolitiques et économiques de l’Union dans le contexte de la guerre en Ukraine.

La commission du commerce international du parlement a approuvé l’instauration progressive de droits de douane massifs sur les engrais en provenance de Russie et du Bélarus. Dès 2025, une taxe de 6,5 % s’appliquera à ces importations, à laquelle s’ajoutera une redevance forfaitaire de 40 à 45 €/tonne. Ce prélèvement atteindra la somme considérable de 430 €/tonne à l’horizon 2028, un niveau pensé pour rendre ces importations économiquement intenables et, de fait, les éradiquer du marché européen.
Des importations record malgré la guerre
Ce durcissement s’inscrit dans une logique de pression économique visant à tarir les ressources financières alimentant l’effort de guerre du Kremlin. Les revenus tirés de la vente d’engrais à base d’urée et d’azote, notamment, sont directement pointés du doigt. En 2023, les importations européennes de ces produits en provenance de Russie ont atteint un sommet historique : 6,17 millions t, pour une valeur de 2,12 milliards €.
Mais l’offensive commerciale ne s’arrête pas là. D’autres denrées agricoles, jusqu’alors épargnées par les sanctions spécifiques, sont désormais concernées. Sucre, vinaigre, farine et aliments pour animaux, qui représentent à eux seuls 15 % des importations agricoles en provenance de Russie, verront leurs droits de douane grimper à 50 %.
Une extension des sanctions à d'autres produits agricoles
Consciente des répercussions potentielles de ces mesures sur son propre marché, l’Union européenne prévoit toutefois des garde-fous. La commission sera chargée de surveiller étroitement l’évolution des prix et d’intervenir en cas de perturbation excessive du marché intérieur ou du secteur agricole européen.
La prochaine étape institutionnelle se jouera en session plénière où le parlement devra entériner ces hausses tarifaires dans le courant du mois. Les eurodéputés seront ensuite appelés à négocier un accord final avec les États membres. Avec cette décision, l’UE confirme sa volonté d’articuler fermeté économique et solidarité géopolitique, quitte à revoir profondément les équilibres de ses échanges agricoles.