Pulvériser avec précision, les bonnes pratiques en maraîchage
L’emploi d’un pulvérisateur est parfois nécessaire en maraîchage. Il permet l’application des produits de protection des plantes, des engrais foliaires, des stimulants ou des régulateurs de croissance.

Les outils utilisés en grandes cultures sont soumis au contrôle périodique officiel, tandis que ceux à dos ou à lance en sont dispensés. Or, l’emploi de ces petits engins s’adapte bien aux tailles souvent modestes des parcelles maraîchères en fermes diversifiées. Le professionnel a intérêt à contrôler lui-même la régularité et la performance de ses outils.
Mais avant tout, il convient d’apprécier l’opportunité d’une intervention. Nous devons aussi calculer les doses en fonction des conditions pratiques du terrain. Pour une mise en œuvre efficace, nous devons veiller à l’entretien correct et au bon réglage des pulvérisateurs.
Des interventions adaptées aux cultures sous abri
De manière générale en agriculture et donc en maraîchage nous choisissons autant que possible les méthodes agronomiques recommandées par les bonnes pratiques pour éviter l’emploi de produits de protection des plantes. La rotation des cultures et le choix de variétés résistantes ou tolérantes peuvent éviter pas mal de maladies et de dégâts. La surveillance attentive des cultures permet de repérer rapidement les foyers de maladies et de ravageurs afin d’intervenir que là où c’est absolument nécessaire.
Les interventions sous abri doivent être décidées avec une prudence bien particulière. D’abord, les homologations de nombreux produits diffèrent sous abri et en plein air (doses, délais). Ensuite la température peut y monter très vite, augmentant sensiblement les risques de phytotoxicité tout en réduisant l’efficacité pratique.
Enfin, les traitements doivent être réalisés hors des heures de butinage des abeilles et des insectes pollinisateurs.
Bien entendu, l’utilisateur doit disposer de la phytolicence correspondant à son niveau de responsabilité (P1, P2 voire P3).
Entretenir son matériel…
Le nettoyage des filtres et des buses doit être fréquent et approfondi.
Le type de buse employé est très important. C’est un des points critiques de nombreux pulvérisateurs à dos.
L’appareil sera muni d’un manomètre pour pouvoir mesurer la pression de travail et d’un porte buse permettant facilement les changements de type de buse comme ceux utilisés sur les pulvérisateurs tractés ou automoteurs.
Les buses à réglage approximatif allant de la grosse aux fines gouttes ne sont pas du tout d’un niveau de précision suffisant. Bien qu’elles équipent parfois des pulvérisateurs à dos lors de l’achat, elles seront changées immédiatement.

… et le régler correctement
Dès l’acquisition d’un pulvérisateur à dos ou à lance, il faut vérifier le débit de chaque buse. À une pression constante, nous chronométrons le temps de remplissage d’un récipient. Nous connaîtrons ainsi le débit par minute. Nous basant sur la notice du fabricant de buses pour la largeur de travail (le plus souvent, c’est 50 cm), et connaissant la vitesse d’avancement (un ouvrier avec un pulvérisateur sur le dos et marchant entre deux planches de maraîchage avance à une vitesse proche de 1 m/seconde, soit 60 m/minute). En combinant ces deux données, nous avons le volume d’eau appliqué par are.
Voici un exemple :
Débit mesuré à la pression de 3 bars : 0,9 litre/minute.
Largeur de travail de la buse : 0,50 m.
Vitesse d’avancement : 1 m/seconde, soit 60 m par minute ou 3,6 km/h.
Surface concernée par ce travail durant 1 minute = 0,50 x 60 = 30 m².
Pour traiter 1 m², il faudra 30 fois moins de temps, soit 2 secondes.
Afin de traiter 100 m², soit 1 are, il faudra 100 fois plus de temps, soit 200 secondes, ou 3 minutes et 20 secondes. Le volume d’eau concerné sera de (0,9 l/60 secondes) x 200 secondes = 3 l.
Un test grandeur nature avec de l’eau pure permet un bon contrôle de ce bon calcul.
Plusieurs marques de pulvérisateurs proposent, en option, des rampes porteuses de 2 ou de plusieurs buses en parallèle. Ce choix est très intéressant pour les maraîchers travaillant sur planches ou ados. Toute la largeur de la planche est traitée en un seul passage, il faut actionner la pompe avec plus de vigueur, mais le temps de l’opération diminue.
Quel produit appliquer ?
Il faut vérifier que le produit est encore bien homologué pour l’usage attendu dans la culture à protéger, au stade phénologique actuel. Le site www.fytoweb.be est la référence belge. N’hésitons pas à le consulter pour s’assurer qu’il n’y a pas de changement récent.
Ensuite, nous devons vérifier que les cahiers de charge en application à la ferme permettent cet usage. Par exemple, ceux en agriculture biologique ne permettent qu’un nombre limité de ces produits et de leurs usages.
Le volume d’eau conseillé pour une bonne pulvérisation
En se basant sur l’expérience des grandes cultures et tenant compte des spécificités de nos petites fermes maraîchères, nous pouvons nous baser un volume de 200 à 1.000 l d’eau /ha, soit 2 à 10 l par are. C’est plus qu’en grandes cultures. Cela s’explique par les moins bonnes performances du matériel employé.
Calculer correctement la quantité de produit
D’abord, nous déterminons le volume d’eau qui sera nécessaire pour protéger la surface de la parcelle. Ensuite, nous calculons la quantité de produit nécessaire pour constituer la bouillie à pulvériser.
La stabilité des bouillies est un point essentiel. Sans agitation performante, elles perdent très vite leur stabilité. Les éléments en suspension remontent ou descendent en fonction de leur densité. Cela signifie qu’il y a un risque de concentration variable dans le temps. Pour éviter ces variations éventuelles, préparons les bouillies immédiatement avant l’usage, et travaillons avec de petits volumes à chaque fois. Les modèles de pulvérisateurs pourvus d’une agitation performante permettent une meilleure stabilité.
L’armoire phyto
Les produits doivent être stockés dans une armoire fermée à clé, réservée à cet usage, hors gel, aérée et munie des informations minimales légales disponibles sur le site www.fytoweb.be
Prendre les précautions adéquates
Tous les utilisateurs doivent se protéger des risques de contamination par les produits utilisés. Pour les maraîchers utilisant un pulvérisateur à dos, les risques de contact direct sont élevés. La qualité des moyens de protection doit être à la hauteur des risques. Une combinaison ou une salopette réservée à cet usage, des gants, un masque, des chaussures se retrouvent dans l’équipement. Ces protections de la qualité requise peuvent s’acquérir chez des distributeurs de produits.
Au moment de l’application, les règles, obligations et recommandations classiques sont toutes d’application. Retenons en particulier le respect de zones tampons, la tenue de registres d’entrée des produits et de leurs applications en pratique (parcelle, date, doses). À partir du premier janvier prochain, le registre sera tenu sous forme électronique.
Consulter : https://fytoweb.be/fr/produits-phytopharmaceutiques/usage/utilisateur-pr... et https://corder.be/fr/news/registre-dutilisation-sous-format-electronique... ainsi que les informations reprises dans Le Sillon Belge à ce propos.
Les traitements doivent se faire avec une vitesse d’avancement constante et correspondant à celle éprouvée lors des tests de réglage. Cela signifie notamment qu’il se réalise en tenant la rampe ou la lance à une hauteur bien déterminée de la surface à protéger. Cela signifie aussi que la trajectoire de la rampe ou de la lance est une droite ou une légère courbe parallèle au sens de traitement. Les mouvements alternatifs de gauche à droite doivent être exclus avec rigueur. Ils généreraient inévitablement des manques et des redoublements. Ils causeraient des manques d’efficacités en alternance avec des surdosages.






