Serre maraîchère: quel entretien réaliser avant la nouvelle saison de culture?
Le Sillon Belge du 4 décembre abordait la question de la gestion préventive des risques de maladies ou d’ennemis dans une serre maraîchère. Et pour les anciennes d’entre elles, devons-nous prévoir un entretien particulier avant la nouvelle saison ? Certains maraîchers pensent que l’équilibre qui y est installé doit être préservé et qu’il vaut mieux s’abstenir de toute intervention lourde. D’autres, au contraire, estiment qu’il est préférable de désinfecter la structure de fond en comble.

Nous constatons en pratique que l’absence d’intervention risque d’amener les maladies et les ravageurs habituels plus tôt dans l’année. Nous savons qu’un équilibre dans les milieux vivants comme le sol est une garantie de maintien du bon état sanitaire. Mais sur des supports inertes comme les films plastiques ou les supports métalliques, c’est bien moins évident.
Il se peut, en effet, que l’équilibre attendu soit perturbé. L’introduction d’un lot de plants porteurs d’une maladie ou de parasites est un accident qui peut arriver malgré les précautions et la vigilance… Les contraintes économiques amènent aussi à prendre des libertés quant au respect de rotations au sein de la serre maraîchère.
En complément des précautions abordées il y a deux semaines dans cette rubrique, à tout le moins, un nettoyage rigoureux est vivement conseillé, emmenant les débris végétaux, les saletés coincées dans les replis de la structure de la serre ou collées aux parois.
Le nettoyage d’abord
Pour les abris, comme les serres, le nettoyage suivi éventuellement d’une désinfection est organisé entre deux cultures. Sont visés particulièrement les acariens tétranyques et les spores de champignons. En conventionnel, les traces de produits phytosanitaires sur les structures seront nettoyées avec soin pour éviter de freiner la mise en place d’auxiliaires, comme Encarsia formosa contre les aleurodes.
La désinfection par les moyens physiques
La mise en application et les résultats diffèrent selon le mode de traitement. Les nettoyeurs à haute pression pouvant générer de l’eau chaude à 90°C permettent de très bons nettoyages de contact. La désinfection peut se faire par des méthodes physiques. La vapeur permet d’atteindre 80 ou 90°C au niveau des surfaces et peu de spores, d’insectes, de nématodes le supportent ? C’est bien pratique pour les supports métalliques.
Les générateurs de vapeur à plus de 150°C sont adaptés pour la désinfection et peuvent également servir pour le sol (atteindre 95°C dans la zone à désinfecter) et le désherbage thermique à la vapeur. Le coût de tels traitements est à évaluer, seules les situations à risques avérés entrent en ligne de compte. De plus, de telles désinfections ouvrent la porte à une rapide recolonisation par des pathogènes qui trouvent un terrain libre de toute concurrence. Les films plastiques de couverture ne le supportent pas non plus. À leur niveau, un bon nettoyage de surface sera requis. Sans plus.
La solarisation du sol est souvent évoquée dans les notes techniques du midi français et dans le bassin méditerranéen. Dans nos conditions, les résultats sont très variables.
La lumière a elle-même un certain pouvoir de désinfection. Pour qu’elle agisse sous abri, veillons à maintenir les surfaces de couverture propres. La luminosité descend sérieusement en automne et en hiver, c’est le bon moment pour nettoyer et déblanchir les serres maraîchères ou encore réparer les verres et plastiques endommagés.

Employer des produits adéquats
Des produits de désinfection sont proposés par les distributeurs. Ils peuvent apporter des solutions intéressantes lorsque le nettoyage et les règles agronomiques de base ne suffisent pas. Soyons très prudents sur le choix de ces moyens et assurons-nous qu’ils répondent aux critères des cahiers de charges en vigueur à la ferme, en particulier en bio.
Les systèmes d’irrigation seront nettoyés également. Pour ces derniers, commençons par purger si ce n’est pas encore fait, puis bien nettoyer les filtres. Nous désinfectons en respectant les modalités d’emploi. Ensuite, nous lavons à nouveau les filtres pour les débarrasser des résidus nouvellement apportés à la suite de la désinfection. Nous pouvons profiter de ce moment de repos du matériel pour détartrer et laver les asperseurs ainsi que les goutteurs démontables. Le réseau d’irrigation peut être purgé pour éliminer les risques de maintien d’une flore pathogène. Plusieurs types de produits sont disponibles et s’emploient en alternance pour éliminer les bio films de bactéries, de champignons ou d’algues installés dans les conduites d’une part et les dépôts minéraux d’autre part. L’ensemble des tuyauteries est concerné. Dès que de l’eau a stagné, les risques de développement d’algues ou d’autres espèces sont importantes. Ce n’est pas un travail à réaliser lorsque nous devrons mettre les systèmes d’irrigation en route. Cela doit être fait dès à présent !
Un point plus délicat est le maintien d’une flore et dès lors d’une faune dans des zones refuges à proximité des parcelles. Des ravageurs peuvent y séjourner, mais c’est justement grâce à cette présence que les auxiliaires restent à demeure sur le site proche des serres.
Ne pas oublier le matériel…
Surtout lorsqu’une maladie ou des ravageurs sont repérés sur une parcelle de la ferme, évitons leur propagation en nettoyant soigneusement les outils, les pneus, les chaussures, le matériel de travail… Le placement de pédiluves à l’entrée des serres a du sens, surtout si les visiteurs et les travailleurs se rendent régulièrement dans d’autres unités de production en interne ou en externe.
Les serres et leur environnement immédiat sont à tenir propres, c’est-à-dire indemnes de foyers de bio-agresseurs. Dans ces structures, la densité des plantes est élevée ce qui augmente certains risques de propagation de maladies ou ravageurs. Entre deux cultures successives, il est intéressant de procéder à un bon lavage, mais pas nécessairement de désinfecter. C’est l’observation de la culture précédente, sur place, qui oriente le choix. Le nettoyage, au contraire, peut être réalisé systématiquement. Même dans le cas d’une nécessité de désinfecter, il faut d’abord s’occuper des surfaces. Dans le cas de la désinfection, il faut choisir les actions et les produits qui ne laissent pas de résidus, et ceci en vue de permettre une bonne implantation des auxiliaires.
Procéder avec ordre

Nous commençons par le haut de la serre et descendons ensuite vers les supports, les tablettes, le niveau du sol. Il s’agit de ne pas contaminer à nouveau par des chutes d’eau et de poussières contaminées les parties nettoyées antérieurement.
Si nous recourons à un produit désinfectant, commençons par un bon nettoyage. Ensuite nous le laissons sécher pour éviter qu’il ne soit dilué dès son application. Et ensuite seulement, nous appliquons le désinfectant.
Par ailleurs, un soin particulier doit être apporté pour le nettoyage et la désinfection des terrines de semis.
Réglementation
De manière générale, avec des degrés de précisions importants à très importants, la qualité sanitaire et la traçabilité sont des préoccupations des consommateurs. Les ventes directes répondent par conséquent aux questions d’où, de comment et de quand a lieu la production. Les circuits plus longs prévoient les réponses à ces questions via le respect de cahiers de charges et de référentiels de certification





