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«La bioéconomie doit être une priorité stratégique»

Alors que l’UE cherche à conjuguer transition écologique, souveraineté énergétique et relance industrielle, la bioéconomie s’impose comme un levier clef. L’eurodéputée française Céline Imart défend une approche intégrée et offensive. Elle fixe trois conditions politiques pour enclencher cette transition.

Temps de lecture : 4 min

Longtemps considérée comme un concept marginal, la bioéconomie s’impose aujourd’hui comme un pilier potentiel des politiques de transition de l’UE.

En valorisant les ressources biologiques renouvelables, cultures à fibre, résidus agricoles, biomasse, elle ouvre la voie à une production plus durable dans des secteurs aussi variés que l’énergie, les matériaux de construction, le textile ou encore les biocarburants. Elle se veut une réponse transversale aux crises climatique, énergétique et agricole qui secouent l’Europe.

C’est précisément cette approche que l’eurodéputée démocrate-chrétienne française Céline Imart défend appelant à « saisir un moment politique décisif » pour inscrire la bioéconomie au cœur des politiques européennes.

Repenser le rôle de l’agriculture dans une économie décarbonée

Pour l’élue française, le premier impératif est de rompre avec une vision dépassée du rôle de l’agriculture dans la transition écologique. « Nous devons changer de paradigme, changer de vision », a-t-elle estimé, en appelant à considérer la bioéconomie non plus comme un secteur périphérique mais comme un « pilier stratégique, au même titre que l’alimentation (food) et l’alimentation animale (feed) ». Céline Imart dénonce une vision selon laquelle les productions agricoles destinées à l’énergie entreraient nécessairement en concurrence avec les cultures alimentaires. « Il faut se libérer de cette idée que produire de l’énergie, c’est produire moins d’alimentation », a-t-elle insisté. À ses yeux, les deux objectifs peuvent être poursuivis de manière complémentaire, dans une logique de souveraineté cohérente.

Cette bioéconomie, « biosourcée, décarbonée et vertueuse », peut selon elle générer de la valeur pour les agriculteurs tout en renforçant l’autonomie stratégique de l’UE. Elle a évoqué les « débouchés prometteurs » dans le bâtiment, les transports ou encore l’aéronautique, qui permettraient de structurer de nouvelles chaînes de valeur et de renforcer la compétitivité des filières européennes.

Un budget à la hauteur des ambitions

Mais pour que cette ambition prenne corps, encore faut-il disposer de moyens financiers adaptés. Le deuxième axe de son intervention a porté sur le cadre budgétaire européen, aujourd’hui en pleine renégociation. Les débats autour de la future Pac, dont le financement des paiements directs ou le rôle croissant du co-investissement national, suscitent de fortes inquiétudes. « Nous avons besoin d’un budget capable de dégager des marges de manœuvre pour investir dans la création et la consolidation de ces filières », a rappelé Céline Imart. Sans cela, la bioéconomie risque de rester une « ambition de papier ».

L’élue en appelle à une mobilisation rapide et coordonnée. Pour elle, « il faut faire pression dès maintenant, à travers le parlement, les organisations agricoles et les États membres. »

Redonner aux agriculteurs les moyens d’agir

Le troisième pilier de cette stratégie repose sur le soutien direct au monde agricole. L’eurodéputée insiste sur la nécessité de garantir aux producteurs un accès effectif aux facteurs de production que sont l’eau, les intrants et l’innovation. Elle a vivement critiqué le manque d’ambition de la stratégie européenne de résilience sur l’eau, la jugeant « extrêmement décevante », en particulier sur le volet du stockage.

« Tant que nous refuserons une politique quantitative, lucide et volontariste sur l’eau, nous nous voilons la face », a-t-elle déclaré, en soulignant que les enjeux ne concernaient pas uniquement les pays du Sud mais aussi la France, la Belgique ou encore la Suède.

Sur la question des produits phytosanitaires, Céline Imart rappelle que « les agriculteurs doivent pouvoir protéger leurs cultures et leurs troupeaux ». Une transition écologique efficace, selon elle, ne peut pas se faire au détriment de la capacité de production. Elle a également plaidé pour un accès facilité aux innovations technologiques, telles que les NGT ou l’intelligence artificielle, estimant que « produire plus et mieux passe par des leviers d’innovation accessibles, directement dans les fermes ».

Vers une résolution au parlement

Pour porter cette vision au niveau institutionnel, Céline Imart annonce son intention de déposer une résolution au parlement. L’objectif est d’inscrire la bioéconomie dans les priorités de la prochaine législature et structurer un agenda politique clair autour de ce secteur. « L’agriculture n’est pas un problème, mais une solution », a-t-elle résumé. Encore faut-il que l’UE assume cette orientation, avec une volonté politique affirmée, des moyens mobilisés et une reconnaissance pleine des agriculteurs comme acteurs de la transition.

Dans une Europe secouée par les tensions sociales, les aléas climatiques et les défis énergétiques, la bioéconomie pourrait bien constituer l’un des rares terrains de convergence, à condition qu’elle soit enfin traitée à la hauteur de ses promesses.

Marie-France Vienne

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