Antibiotiques: des ventes en baisse, suivies d’un rebond en 2024
La résistance aux antibiotiques chez les animaux producteurs de denrées alimentaires a diminué l’an dernier. Le nombre d’exploitations à usage élevé est, lui aussi, en recul. Ces résultats encourageants marquent la fin d’un cycle d’activités mené dans le cadre de la « Vision 2024 » de l’Amcra, de la deuxième Convention antibiotiques et du premier Plan d’action national One Health contre les résistances aux antimicrobiens. Par ailleurs, des chiffres sont également connus sur l’utilisation de ces traitements chez les bovins laitiers et viandeux, les dindes et toutes les catégories de la filière poulets de chair et poules pondeuses.

La résistance aux antibiotiques reste une menace pour la santé publique et animale. C’est pourquoi, des efforts sont déployés à tous les niveaux pour préserver l’activité de ces traitements, à l’échelle nationale et internationale. En Belgique, le secteur animal a pris des engagements concrets, dont les résultats pour l’année dernière peuvent, à présent, être mis en lumière.
Une année marquée par la FCO
Tout d’abord, la vente totale d’antibiotiques a baissé de 59,9 % par rapport à 2011. Si la réduction cumulative reste importante, l’objectif de 65 % n’a cependant pas été atteint en raison d’une hausse des ventes en 2024 par rapport à 2023 (plus 6,3 %). Ce résultat marque un recul par rapport aux trois dernières années de baisse. Cette augmentation s’explique probablement par l’émergence de la fièvre catarrhale ovine en Belgique, qui a fragilisé la santé des ruminants et favorisé des infections bactériennes secondaires. À noter que cette hausse ne remet pas en cause l’objectif de réduction de 70 % d’ici 2030.
De plus, la vente d’aliments médicamenteux contenant des antibiotiques a été réduite de 89,1 % par rapport à 2011. L’objectif de diminution de 75 % a donc été largement atteint en 2024 grâce à une réduction progressive et continue, année après année, de l’utilisation de ces aliments. Ce beau résultat a été obtenu par autorégulation et par des initiatives de l’industrie des aliments pour animaux. La perspective est l’arrêt de leur production en 2027.
En outre, la vente de (fluoro)quinolones et de céphalosporines de 3e et 4e générations (antibiotiques d’importance critique avec priorité élevée pour la santé humaine) est en baisse de 81,0 % toujours par rapport à 2011. Là encore, la cible de 75 % a été largement atteinte, grâce à une forte réduction de 21,7 % en 2024 par rapport à 2023. Cette dynamique rapproche les secteurs de l’objectif de 90 % fixé pour 2030.
Enfin, la vente de colistine (aussi un antibiotique d’importance critique avec priorité élevée pour la santé humaine) correspond à 0,69 mg/kg de biomasse l’année dernière. À long terme, le but est de rester en dessous d’1 mg/kg de biomasse. Notons que depuis 2012, sa vente a été réduite de 85,4 %.
Moins d’utilisateurs en zone d’alarme
Fixé pour fin 2024 et à poursuivre les années suivantes, un autre objectif est de limiter à maximum 1 % le nombre d’utilisateurs en zone d’alarme 1. Il s’agit d’exploitations caractérisées par une utilisation structurellement élevée d’antibiotiques. Sur la base des chiffres observés l’année passée, la cible visée a été respectée pour les porcelets non sevrés, les truies, les verrats et les poulets de chair. Et par rapport à 2023, dans toutes les autres catégories d’animaux, le pourcentage d’utilisateurs dans cette zone a diminué et s’élevait en 2024 à 1,7 et 1,9 % respectivement chez les porcs d’engraissement et les porcelets sevrés, et à 3,7 % chez les veaux de boucherie.
Plusieurs types d’élevage passés au crible
Des résultats ont aussi mis en évidence l’emploi d’antibiotiques chez les bovins laitiers et viandeux, les dindes et de toutes les volailles de la filière poulets de chair et poules pondeuses. Sur la base de ces premières données, il en ressort que l’utilisation la plus élevée dans les exploitations bovines se situe chez les veaux de moins de trois mois à cause de leur sensibilité plus élevée aux infections. Par contre, chez les bovins laitiers adultes, l’utilisation de tubes intra-mammaires contenant des céphalosporines de 3e et 4e générations est à mettre en évidence, puisque deux tiers de la vente globale de ces molécules en Belgique les concernent.
Du côté des volailles, l’usage d’antibiotiques est le plus élevé chez les dindes, dépassant celui observé chez les poulets de chair. Ce résultat souligne l’importance de collecter les données d’utilisation dans toutes les exploitations, pour chaque espèce et type de production, et ce afin de réduire et d’améliorer l’usage de ces traitements de manière généralisée.
L’analyse de cette évolution chez ces nouvelles espèces et catégories permettra, dès 2026, de définir des trajets de réduction avec des objectifs adaptés à ces animaux.
Vers une baisse des résistances
La résistance aux antibiotiques de la bactérie indicatrice Gram négative Escherichia coli est en diminution chez la plupart des animaux producteurs de denrées alimentaires. Elle reste stable chez les jeunes bovins viandeux. La tendance est à la baisse, mais plusieurs situations coexistent. La prévalence de certains profils de résistance est historiquement très faible, par exemple à l’égard de la colistine. Pour d’autres types, on observe une diminution plus ou moins marquée, comme les souches d’E. coli productrices de BLSE, dont la résistance baisse fortement chez les porcs, mais moins chez les veaux de boucherie.
Concernant les bactéries indicatrices Gram positives Enterococcus faecalis et E. faecium, la résistance a diminué dans les catégories où elle était la plus élevée (veaux de boucherie et poulets de chair). Elle est restée stable dans les autres catégories animales.
Élargir les efforts déployés
Avec l’ambition de poursuivre les démarches entamées et d’élargir les efforts déployés à tous les secteurs, y compris ceux des animaux de compagnie et des chevaux, les autorités ont commencé des consultations avec les organisations sectorielles afin de développer une nouvelle Convention antibiotiques et un nouveau Plan d’action national One-Health contre les résistances aux antimicrobiens. Des initiatives qui soulignent l’importance de la collaboration entre les autorités et les organisations sectorielles pour plus de réussite.