La Foire de Libramont, levier de développement régional

À l’initiative de Libramont Coopéralia, cette étude a pour objectif de documenter précisément les retombées économiques, fiscales et sociales générées par les événements tenus en 2024. L’ambition est double : valoriser la contribution réelle de la Foire à l’économie régionale et fournir un socle argumentaire solide aux projets de développement futurs. Il s’agit aussi de renforcer le dialogue avec les acteurs institutionnels, les partenaires économiques et les citoyens.

Cette démarche entend objectiver ce que de nombreux acteurs pressentaient : l’événement ne se limite pas à un rendez-vous sectoriel, il constitue un véritable moteur de croissance territoriale.

Une méthodologie approfondie et ancrée dans le réel

L’étude repose sur une approche croisée combinant données comptables, analyses de terrain et expertise académique. Les chercheurs ont examiné les flux financiers et sociaux de Libramont Coopéralia, interrogé des fournisseurs et exposants stratégiques, et conduit une enquête auprès de 53 entreprises locales pour évaluer les retombées économiques concrètes.

Cette analyse a été complétée par une estimation des effets fiscaux et une comparaison avec d’autres événements similaires, en Belgique et à l’étranger. Cette méthodologie permet de cerner à la fois les impacts mesurables et les dynamiques plus diffuses liées à l’événement.

Une dynamique économique multiforme aux effets durables

L’étude met en évidence une dynamique économique multiforme, dont les effets s’étendent bien au-delà de la durée de la Foire elle-même. En 2024, les événements organisés par Libramont Coopéralia ont généré un total estimé de 72 millions  € de retombées économiques, répartis entre différentes catégories d’effets : directs, indirects, induits et catalytiques.

Les retombées directes, chiffrées à 2,8 millions  €, résultent des dépenses de rémunération effectuées par la coopérative et les exposants pour le personnel mobilisé durant les événements. Ces dépenses soutiennent 138 équivalents temps plein (ETP), incluant non seulement les salariés permanents de Libramont Coopéralia, mais également les intérimaires, indépendants et employés recrutés temporairement par les exposants.

Les retombées indirectes, quant à elles, s’élèvent à 4,39 millions  €. Elles correspondent aux achats de biens et de services effectués par la coopérative auprès de ses fournisseurs, dont plus de 90 % sont basés en Belgique. Ces flux financiers ont permis de générer 62 ETP dans des secteurs connexes tels que la logistique, la communication, la construction modulaire, l’impression ou encore l’événementiel. L’effet multiplicateur, en cascade, crée de la valeur ajoutée non seulement pour les fournisseurs directs, mais également pour leurs propres prestataires.

Les retombées induites, souvent plus difficiles à mesurer, sont estimées à 6,61 millions  €. Elles regroupent l’ensemble des dépenses effectuées en marge de la Foire : nuitées en hôtels et gîtes, repas dans les établissements de restauration, déplacements, achats locaux, prestations logistiques supplémentaires.

Ces dépenses, portées principalement par les exposants, soutiennent 79 ETP dans les secteurs de l’hébergement, de l’alimentation et des services de proximité. L’étude souligne que les visiteurs, dans leur grande majorité, effectuent des allers-retours dans la journée et contribuent peu à ces retombées induites, contrairement aux exposants qui séjournent sur place et sollicitent activement l’économie locale.

Enfin, les retombées catalytiques représentent la part la plus importante, avec 58,2 millions  €. Elles englobent l’ensemble des ventes conclues sur place ainsi que les contrats ou partenariats générés dans les mois qui suivent, grâce à la visibilité et aux contacts noués lors de l’événement.

Si ces effets sont plus difficiles à quantifier avec précision en raison notamment de la confidentialité des chiffres d’affaires des exposants, ils n’en sont pas moins décisifs pour de nombreuses entreprises. Ils témoignent du rôle central de la Foire comme plateforme d’affaires, de mise en relation et d’amplification commerciale. Ce faisceau de retombées, réparti sur une pluralité d’acteurs et de temporalités, confirme le caractère structurant de la Foire de Libramont pour l’économie wallonne. L’événement agit à la fois comme un générateur de revenus immédiats, un créateur d’emplois et un catalyseur d’opportunités économiques durables.

Des effets concrets et nuancés sur l’économie locale

Les résultats de l’enquête menée auprès des 53 entreprises locales révèlent une réalité contrastée. 42 % des répondants estiment que la Foire a un effet positif sur leur activité, 36 % considèrent qu’elle n’a pas d’impact notable, tandis que 19 % perçoivent des effets négatifs, principalement liés aux contraintes logistiques et à la congestion du centre-ville. Les hôtels sont parmi les principaux bénéficiaires : ils affichent complet plusieurs mois à l’avance et ajustent leurs tarifs à la hausse. Les gîtes enregistrent également une hausse de fréquentation, bien que plus modérée. La restauration rapide tire son épingle du jeu, contrairement aux bars et restaurants traditionnels, souvent pénalisés par la concurrence de l’offre présente sur le site de la Foire. Certains commerces spécialisés, comme ceux liés à la décoration ou à l’ameublement, constatent même une baisse d’activité durant l’événement.

Les agences d’intérim enregistrent pour leur part une forte progression, en lien avec le recours massif à la main-d’œuvre étudiante.

Les retombées fiscales et parafiscales de l’événement sont évaluées à 10 millions €, réparties entre l’impôt des personnes physiques, les cotisations sociales (notamment via l’ONSS), la TVA et d’autres taxes spécifiques. Ces montants soulignent le rôle macro-économique de la Foire, au-delà de ses effets locaux.

Marie-France Vienne