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Semer en été pour proposer des navets sur les étals dès l’automne

Le navet est tant demandé en circuit long qu’en circuit court. Dans les fermes maraîchères diversifiées, il a sa place à différentes époques de l’année, avec une demande bien précise en automne et en hiver, tandis que celle-ci reste marginale en été. Ces légumes s’intègrent également dans les cultures destinées à la vente directe. De plus, sa culture se conforme bien aux conditions pédoclimatiques belges.

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La diversité variétale du navet ( Brassica rapa var.rapa ) apporte un élan renouvelé à cette culture. Les semis se font par lots de taille modeste pour assurer la vente d’un légume encore jeune à la texture et au goût délicat. Il a sa place comme légume primeur et pour l’automne.

Par ailleurs, le climat frais et humide lui convient bien. Ainsi, les variétés précoces font grossir leur racine même aux températures basses, de 8 à 12 ºC . Néanmoins, elles sont sensibles à la formation d’une zone fibreuse si la température est élevée. Les variétés d’automne tolèrent, elles, une météo plus chaude. Pour une vente étalée dans le temps à partir de l’automne, les semis pourront commencer dès juillet.

Un semis précis pour une culture régulière

Le respect d’une rotation de quatre ans est souhaité afin de prévenir les maladies et ravageurs. Le sol sera préparé pour être bien appuyé en profondeur et affiné en surface. Évitons les cultures de crucifères comme précédent, notamment pour limiter les invasions d’altises.

Ensuite, le semis est réalisé en lignes distantes de 35 cm à raison de 20 à 30 graines au mètre linéaire. Les semis en rangs éclatés, comme en carottes, conviennent bien. L’objectif est une population de 70 à 80 plantes par m². En semis trop denses, les navets ne tubérisent pas, en semis trop clairs, les calibres sont irréguliers et trop gros.

Les graines doivent être bien plombées au sol pour permettre une levée rapide et régulière. Elles sont recouvertes de 1 à 1,5 cm de terre.

Les variétés d’été sont semées de mars en mai, celles d’automne-hiver de mi-juillet à mi-septembre. La levée est constatée après 4 à 8 jours.

Les semis en place permettent d’atteindre plus facilement les objectifs de population.

En cas de semis en cordons clair, par exemple au printemps et sous tunnel, l’éclaircissage se fait au stade 3 feuilles : nous irriguons juste après l’éclaircissage pour rechausser les plantules.

Notons que les sous-régions avec peu de précipitations récentes amèneront le maraîcher à prévoir une irrigation quelques jours avant la préparation superficielle du sol et le semis.

Excès de fumure : plus de feuilles et une racine moins grosse

En culture d’automne, nous nous contentons le plus souvent des reliquats du précédent. En culture hâtive, les apports d’azote se font en une seule fois en culture non irriguée. Ils sont fractionnés en cas d’irrigation pour atteindre 60 à 80 unités par ha, à raison d’une moitié avant implantation et l’autre au début de la tubérisation. Les excès favorisent la formation de feuilles au détriment du grossissement de la racine.

Les 60 unités de P2O5 sont modulées selon la composition du sol.

Les 200 unités de K2O et 20 unités de Mg sont apportées sous des formes sulfatées, les besoins en soufre étant important pour cette culture.

La carence en bore est assez fréquente chez nous, en sols mal pourvus ou à pH un peu élevé. L’apport en fumure de fond ou en foliaire au stade jeune est conseillé sauf en situations où l’analyse confirme de bonnes teneurs dans le sol.

Les différents soins à apporter

Pour que les navets aient une saveur délicate, ils doivent pousser rapidement, sans interruption. L’irrigation sera donc de mise, pilotée par un simple calcul de l’évapotranspiration ou par l’emploi de tensiomètres. Cette irrigation maintient une croissance soutenue et évite la formation précoce de fibres en zone médullaire des racines.

La durée de la culture est de 30 à 50 jours au printemps, de 60 à 70 jours si elle est de fin d’hiver, et de 60 à 80 jours en fin d’été, voire automne.

Afin d’allonger la période de vente de navets tendres, il est conseillé d’étaler les semis dans le temps.

La culture se comporte bien sous voile de forçage. La levée est plus régulière. La montaison est moins fréquente. On enlève le voile après deux mois de culture.

Le navet de printemps est généralement commercialisé en bottes de 5 à 7 pièces, tandis que celui d’automne est le plus souvent vendu décolleté. La conservation en frigos se fait à 0°C et 92 % d’humidité relative.

Maîtriser le désherbage

Vu la courte période de culture, ce sont les plantes à développement rapide qui concurrencent le plus le navet. Parmi elles, nous trouvons la capselle et la cardamine hérissée, de la même famille des Brassicacées.

D’autre part, le travail du sol consiste surtout à un affinage de surface. Le faux semis est une bonne solution, complété par un traitement thermique juste avant le semis du navet.

Plusieurs produits sont homologués en préémergence et en postémergence, contre les graminées annuelles et les dicotylées annuelles. Des informations à ce sujet sont consultables sur www.fytoweb.be

Désordres, maladies et ravageurs

La rosette foliaire se constitue avec une quinzaine de feuilles. La racine globuleuse ou aplatie selon la variété se développe en deuxième partie de la période de formation de la rosette et se poursuit par la suite. Au-delà d’un stade de récolte optimum, la zone corticale devient fibreuse, ce qui fait perdre sa valeur au navet. Une croissance freinée par des températures trop élevées ou par le manque d’eau accentue cette évolution.

Les altises sont des ravageurs redoutés. Les petites altises du genre Phyllotreta hivernent dans le sol et attaquent ces légumes fin avril, début mai. Les dégâts de la levée au stade 2 feuilles peuvent être considérables. La grosse altise (Psylliodes chrysocephata) sort de sa pause estivale fin août – début septembre, souvent lors d’une période plus fraîche et humide, et s’attaque aux jeunes cultures de navets.

Les limaces peuvent aussi provoquer de lourdes pertes de populations dès la levée.

La larve de la mouche du chou creuse des galeries dans la racine tubérisée et lui fait perdre sa valeur marchande. Les voiles et filets préviennent les attaques.

De plus, la piéride du chou a une chenille défoliatrice qui s’attaque parfois au navet.

Enfin, le mildiou des Brassicacées et l’alternariose peuvent altérer la présentation du feuillage et nuire à l’activité photosynthétique, surtout lorsque les températures sont élevées.

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