La Maison Dandoy s’invite à la Foire
« Nous sommes encore plus anciens que la Belgique », glisse Alexandre Helson dans un sourire. Septième génération aux commandes de la biscuiterie Dandoy, maison bruxelloise fondée avant 1830, son co-dirigeant participera pour la première fois à la Foire de Libramont au sein du village « Tomorrow Food ». Une entrée remarquée, non seulement parce que Dandoy incarne une des plus belles traditions pâtissières du pays, mais surtout parce qu’elle est aujourd’hui un exemple concret d’une transition agroalimentaire assumée, profonde et cohérente.

« Quand nous avons repris l’entreprise, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire pour qu’elle existe encore dans deux cents ans », raconte Alexandre Helson. Pour cette maison fondée avant 1830, toujours familiale, la longévité n’est pas un mot creux. Elle est une responsabilité.
Le déclic n’a rien eu de théorique. Il est survenu un jour, simplement, en marchant dans un champ. « Je me suis retrouvé devant deux blés : l’un, ancien, cultivé en bio régénératif, l’autre issu de l’agriculture conventionnelle. Ce contraste, je ne l’oublierai jamais. C’était une révélation sensorielle ». De cette expérience est née une conviction : recréer un lien vivant entre la terre, les producteurs et la fabrication. « J’ai pris conscience que notre prospérité dépend de gens que nous connaissions à peine, et d’un sol dont nous ne savions rien. C’était inacceptable. ».
Une maison presque bicentenaire
Ce choc s’est traduit en choix concrets. La biscuiterie Dandoy a entamé un travail de fond sur sa chaîne d’approvisionnement. Avec l’aide de la coopérative Farm for Good, elle a progressivement remplacé les farines conventionnelles par des farines issues de blé bio-régénératif, cultivé en Belgique. Le produit emblématique de la maison, le spéculoos, a servi de point de départ : « Il représente à lui seul 50 % de nos volumes. C’était le symbole évident pour amorcer la transition ».
Depuis, la Maison Dandoy a profondément repensé ses filières d’approvisionnement. Elle affiche aujourd’hui des chiffres rares dans le secteur : 70 % de ses matières premières proviennent de fournisseurs belges, 60 % sont certifiées en agriculture biologique, et 25 % issues d’une filière bio-régénérative, construite avec Farm for Good.
« Nous avons eu des difficultés à nous approvisionner en beurre bio belge, par exemple. Pendant plusieurs mois, il a fallu importer du Danemark. Ce n’est pas satisfaisant. Mais cela prouve une chose : la demande est là. Il faut maintenant renforcer les structures locales pour y répondre. »
De la boutique à la ferme
Conscient que le changement ne se décrète pas depuis un bureau, Alexandre Helson a voulu que la prise de conscience soit partagée par l’ensemble de l’entreprise. Il a donc orchestré, il y a quelques semaines,
« On a fermé toutes nos boutiques et notre atelier pendant 24 heures. On a emmené tout le monde dans une ferme. Certains n’avaient jamais mis les pieds dans un champ ». Le dirigeant épouse la philosophie selon laquelle on ne transforme pas une marque sans transformer les humains qui la portent.
Éduquer les consommateurs à consommer autrement
Une présence à Libramont pleine de sens