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«Même sans victoire, tout le monde sort gagnant de cette expérience»

Pour les participants et les visiteurs de la Foire de Battice, l’École des jeunes éleveurs est assurément l’un des rendez-vous à ne pas manquer. Que ce soit en Holstein ou en Blanc Bleu Belge, depuis 2023, c’est l’opportunité pour ces professionnels en herbe de montrer l’étendue de leur talent… tout en profitant d’un moment festif et convivial. Un an après sa victoire avec la race viandeuse, ce n’est pas Gilles Pierlot qui dira le contraire. Avec son père, sa mère et son frère, il a accepté de revenir sur cette formation et cette compétition inoubliables.

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À l’élevage de Renuamont à Sainte-Ode, bon sang ne saurait mentir ! On y rencontre Fabienne Hardy, la maman, Patrick Pierlot, le papa, et leurs deux fils : Gilles, 18 ans, et Tom, 15 ans. Deux garçons qui partagent avec leurs parents la même passion pour le Blanc Bleu Belge, que ce soit à la ferme ou sur les rings de concours. Et il y a bientôt un an, Gilles a décidé de se lancer un nouveau défi : l’École des jeunes éleveurs de la Foire de Battice. « Je n’y allais pas vraiment pour faire premier, mais plutôt pour l’expérience ». En effet, un an plus tôt, son frère y avait déjà pris part. « Quand je l’ai vu là-bas, je me suis dit : l’année prochaine c’est d’office pour moi ! ». Ainsi, en 2024, c’est ensemble qu’ils participent à l’événement. Et même si Gilles s’y rendait sans prétention, au terme des cinq jours, il est sacré champion pour la race Blanc Bleu Belge.

Des ateliers pratiques et théoriques

Une victoire, mais aussi de beaux moments de partage sur lesquels il a accepté de revenir. C’est le mercredi que tout commence. Durant trois jours, les jeunes bénéficient de cours théoriques et pratiques, notamment sur la tonte, le jugement, le marketing ou encore l’alimentation. Le samedi, c’est au tour de bêtes d’être jugées, puis dimanche place au showmanship et à la grande annonce des résultats. « Nous étions toujours encadrés par des classificateurs de l’Association wallonne des éleveurs. Il y avait plusieurs classements : pour le meilleur clipper, dont fait partie la tonte, pour le jugement, et le showmanship. Au niveau du jugement, nous devions réaliser trois exercices : classer 7 bêtes, analyser plusieurs critères comme les aplombs, la musculature, etc., et ensuite argumenter notre choix au micro ». Bref, l’occasion de se mettre véritablement dans la peau d’un juge ! Ensuite, c’est le classement général pour lequel Gilles a terminé à la première place sur les 15 participants.

Les jeunes éleveurs doivent aussi se familiariser avec  les génisses, prêtées par d’autres agriculteurs.
Les jeunes éleveurs doivent aussi se familiariser avec les génisses, prêtées par d’autres agriculteurs.

Une bonne dose de préparation

À Battice, ces jeunes éleveurs apprennent donc toutes les ficelles pour présenter un animal sous son meilleur jour. Répartis en 3 équipes de 5, chaque groupe devait préparer un stand à la hauteur de l’événement. « Lorsqu’on arrive sur place, nous avons un espace pour lier nos cinq génisses, et un endroit vide afin d’y mettre notre matériel. On doit y créer un beau stand. Nous avions, par exemple, placé des parois en bambous, décoré le panneau sur lequel étaient inscrites les origines des bêtes. Bref, de petits détails qui peuvent faire toute la différence », se souvient l’Ardennais sous le regard de sa maman. Elle complète : « Il faut prendre conscience du travail réalisé en amont. Si l’on veut réaliser un beau stand, cela requiert de la préparation, l’équipe doit prendre contact, bien y réfléchir ».

Si les participants peuvent se contacter avant le grand départ pour Battice, la rencontre avec les bêtes a lieu à la Foire. Rappelons, en effet, que les génisses sont prêtées par des agriculteurs provenant de toute la Wallonie. « Nous recevons cependant les renseignements nécessaires pour préparer nos affiches avec les origines et la carte d’identité de l’animal ».Des bovins pas toujours habitués au concours. Ces cinq jours sont dès lors bien utiles pour se familiariser avec la bête. « La mienne était calme, même si au début il y avait un peu de dressage, à la fin ça allait tout seul ».

Tom, lui, avait rencontré plus de difficultés lors de sa première participation à l’École, même si après des entraînements un peu difficiles, elle s’est heureusement apaisée. Il faut dire que cette année-là, le cadet de la famille avait seulement 13 ans, soit la limite d’âge pour participer à la formation. Une vraie aventure en terre inconnue pour lui puisqu’outre la Foire, les jeunes sont logés au sein de familles d’accueil.

Sur les rings, comme son père…

« C’était vraiment top. Je ne les connaissais pas, mais c’était génial. Tom y avait déjà été logé l’année précédente », raconte Gilles, pas près d’oublier le côté festif de l’événement. D’ailleurs, dans toute la famille, chacun s’accorde à saluer l’ambiance qui règne durant ces quelques jours. Que ce soit au niveau de l’entraide ou de la convivialité, ils ne tarissent pas d’éloges à ce propos.

« C’est très chouette de les voir évoluer. Même lorsqu’on ne fait pas de résultats, chacun sort gagnant de cette expérience. Tom, en deux ans, les membres du jury nous ont dit avoir constaté une belle évolution », souligne Fabienne. Gilles, quant à lui, assure avoir pris de l’assurance. « Pour reprendre l’exemple de la tonte, avant je tondais à la ferme. Maintenant, je suis super à l’aise, je vais même le faire chez d’autres éleveurs ».

Toutefois, si vous souhaitez le voir en action, ce n’est pas à Battice qu’il faudra se rendre. Lors de cette édition 2025, seul Tom participera à l’École.

« Toutefois, je serai là pour encourager mon frère. Lorsqu’on gagne, il faut laisser la place aux autres. Puis, remettre son titre en jeu, c’est toujours un risque », sourit-il.

Et le travail ne manque pas pour Gilles. Avec son diplôme de Saint-Quentin en poche, il aidera ses parents à la ferme. De plus, on lui demande à présent d’aller juger sur des compétitions, comme à Jodoigne, Hollogne… Une présence sur les rings que l’on retrouve de génération en génération chez les Pierlot. « Mon papa participait déjà à des concours », se souvient Patrick, le père de famille. Également juge, il a pu constater l’évolution de ces compétitions au fil du temps. « Les bêtes ont gagné en volume, et le niveau est de plus en plus élevé ». Des animaux toujours plus performants, comme ils l’ont encore constaté lors de cette dernière Foire de Libramont. Un événement lors duquel l’élevage s’est rendu avec deux animaux : une vache et un taureau de 18 mois. Si le taureau termine 4e, la femelle, Entaille de Renuamont (Darko X Toscan), y réalise deux podiums : 3e en vaches de 44 mois et plus, et un 2e prix en vache suitée.

Une belle consécration pour ces éleveurs qui, avec leurs fils, peuvent perpétuer la tradition familiale.

Les deux frères avec Entaille de Renuamont (Darko X Toscan) et son veau Impeccable  que l’on a pu applaudir à Libramont.
Les deux frères avec Entaille de Renuamont (Darko X Toscan) et son veau Impeccable que l’on a pu applaudir à Libramont. - D.T.

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