La Chine sur la défensive face aux importations agroalimentaires
Au cours de l’été, la Chine a prolongé son enquête antidumping concernant les importations de produits laitiers de l’UE et son investigation sur les importations de bœuf, citant la complexité de ces affaires. En parallèle, Pékin a mis en place des droits antidumping temporaires sur le colza canadien.

Le ministère chinois du Commerce (Mofcom) a annoncé la prolongation pour une durée de six mois, jusqu’au 21 février 2026, de son enquête antisubventions sur les importations de produits laitiers originaires de l’UE. Mise en place le 21 août 2024 dans un contexte de tensions commerciales entre Bruxelles et Pékin autour des voitures électriques chinoises, cette enquête était initialement prévue pour un an, avec une éventuelle prolongation de six mois. Une option qui a finalement été levée par les autorités chinoises évoquant la « complexité de l’affaire ».
Avec cette investigation, la Chine s’attaque à certains dispositifs de subventions prévus dans la Pac mais également à des programmes mis en œuvre dans plusieurs États membres (Autriche, Belgique, Croatie, Finlande, Irlande, Italie, République tchèque et Roumanie). Les produits laitiers visés comprennent notamment les fromages frais, le lait caillé, le fromage bleu ainsi que les laits et crèmes dépassant 10 % de MG. L’empire du Milieu est un important débouché pour les produits laitiers européens (avec 1,76 milliard d’euros d’exportations en 2023). Pour sa part, l’UE a saisi l’Organisation mondiale du commerce sur le sujet, déterminée à défendre « vigoureusement » son secteur et la politique agricole commune.
Bœuf et canola dans le viseur
En parallèle, le Mofcom a également fait savoir, le 6 août, qu’il prolongeait pour trois mois supplémentaires (jusqu’au 26 novembre) la période d’enquête sur les mesures de sauvegarde sur la viande bovine importée, préalable à la mise en place de sanctions. « Cette affaire a suscité une large attention de la part de toutes les parties », indique Pékin dans un communiqué, notamment des principaux pays exportateurs comme le Brésil (plus de 40 % du total des importations chinoises), l’Argentine et l’Australie. Et de justifier la prolongation en raison de « l’importante charge de travail et de la complexité de l’affaire ». Cette enquête a été lancée le 27 décembre 2024 pour une durée initiale de huit mois à la demande de son industrie de l’élevage qui affirme que la hausse des importations lui cause de graves dommages.
Enfin, le gouvernement chinois a instauré, depuis le 14 août, un droit antidumping provisoire sur les importations de graines de colza en provenance du Canada. Pékin avance que l’industrie du canola fait l’objet d’importantes subventions gouvernementales et de politiques préférentielles qui faussent le marché et causent « des dommages importants » pour son industrie nationale. Ce droit provisoire prend la forme d’un dépôt de garantie d’une valeur de 75,8 %. De son côté, le Canada s’est dit « profondément déçu de la décision de la Chine ». En mars, Pékin avait déjà imposé une surtaxe de 100 % sur l’huile de canola canadienne, les pois et les tourteaux, utilisés pour l’alimentation animale en réponse à la décision d’Ottawa prise en 2024 d’imposer des droits de 100 % sur les véhicules électriques chinois.