Le Nepg plaide pour une approche intégrée au sein de la chaîne d’approvisionnement
Les producteurs de pommes de terre à travers la zone Nepg ont traversé des mois compliqués et le futur proche est sombre. Des plantations faites tôt en saison dans de bonnes conditions et une augmentation des surfaces mènent à une récolte record.

En 2024, les producteurs ont planté 7 % de pommes de terre en plus (+ 37.000 ha) par rapport à l’année précédente. Cette tendance s’est poursuivie au printemps 2025, avec une nouvelle augmentation des surfaces : près de 40.000 ha supplémentaires ont été consacrés à la culture de pommes de terre de consommation (frais et transformation), portant la superficie totale à 608.000 ha dans l’UE-04 (Belgique, Allemagne, France, Pays-Bas), soit à nouveau 7 % de plus que l’année dernière. Sur base des prélèvements de référence effectués dans toute la zone, le Nepg (groupement des producteurs du nord-ouest de l’Europe) prévoit une récolte record d’environ 27,3 millions de tonnes. Cela représente 2,65 millions de tonnes (Mt), soit 11 % en plus que la récolte 2024.
Un déséquilibre de l’offre et de la demande
L’augmentation de la superficie cultivée a été stimulée par les informations diffusées au cours des deux dernières saisons concernant la demande croissante de l’industrie de la transformation, l’augmentation des capacités de transformation, la hausse du prix des contrats ainsi que la meilleure rentabilité de la pomme de terre par rapport à d’autres cultures. Cependant, cette expansion est désormais freinée par un déséquilibre entre l’offre et la demande. Une partie importante de la récolte ne pourra être stockée, et des dizaines de milliers de tonnes ont déjà été redirigées vers l’alimentation animale, les unités de biométhanisation ou les installations de compostage…
Quelles sont les leçons que les producteurs doivent tirer de cette situation ?
Pour le Nepg, cela est évident : les coûts de production font partie des rares qui ne diminuent pas, et rien ne laisse présager qu’ils baisseront en 2026. Dans ce contexte, après les pertes économiques que de nombreuses exploitations agricoles vont subir cette année, il faut s’attendre à une réduction significative des surfaces plantées l’année prochaine. La question est de déterminer l’ampleur de la baisse des superficies, et le défi réside dans ce qu’en pensent les transformateurs.
Et d’ajouter: «Nous traversons actuellement une véritable crise de croissance : en 2025, une crise de l’offre, qui pourrait très bien se transformer en crise de la demande dès 2026 si les producteurs n’ont plus la capacité économique de suivre le rythme. Le déséquilibre entre l’offre et la demande a commencé cette année, et il devient essentiel de rétablir l’équilibre à partir de l’année prochaine».
Le Nepg souligne également l’importance d’un dialogue accru et continu tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Produire de manière durable et protéger les ressources, rappelle le Nepg
Le Nepg a mentionné à plusieurs reprises que la production doit répondre à la demande, et non la précéder. Une collaboration et une communication accrues sont nécessaires tout au long de la chaîne de valeur. Le secteur doit clarifier et partager ses perspectives de développement s’il veut éviter une rupture d’approvisionnement.
Pour le Nepg, au moment où les emblavements en pommes de terre sont élaborés pour 2026, il convient de produire de manière durable et de préserver les ressources. Les producteurs doivent sérieusement envisager de produire dans des conditions économiquement viables, et non pas simplement en fonction des attentes des transformateurs. Avec l’accélération du changement climatique, la culture de la pomme de terre devient non seulement plus risquée et plus coûteuse, mais elle exerce également une pression croissante sur les ressources naturelles dont elle dépend : le sol, l’eau et la biodiversité. La préservation de ce capital est la condition essentielle pour continuer à cultiver avec succès à l’avenir.