La gestion préventive en serre maraîchère
La serre maraîchère est occupée par des cultures presque toute l’année. Si elle constitue un milieu confiné, c’est seulement en apparence… En effet, la réalité est tout autre. Ce lieu est ouvert à l’introduction d’organismes par plusieurs voies : l’air, l’eau, les intrants en général ou encore les jeunes plantes à repiquer ou à planter.

L’occupation par des cultures en croissance active de manière presque continue permet le maintien d’une vie du sol très dynamique et durable.
La gestion de la serre permet à la fois deux grandes séries de mesures. D’une part, il est possible de réduire l’introduction de risques sanitaires. D’autre part, nous pouvons y maintenir une activité biologique régulatrice.
Des actions surtout préventives
Les mesures prophylactiques permettent de limiter sérieusement les risques d’introduction de maladies et de ravageurs dans une ferme maraîchère. La structure du sol, la gestion de l’irrigation et du drainage, le choix de la résistance variétale, la fertilisation font partie des bases. Nous devrions y ajouter la rotation des cultures de la serre, bien qu’elle soit menée par des contraintes économiques importantes.
Restons très attentifs à la salinité, elle-même en lien avec la gestion de l’irrigation. Chez presque tous les maraîchers, les réserves d’eau sont faibles en été. Il a fallu attendre le début de l’automne pour reconstituer des réserves. Des cultures en place comme la tomate, le melon, le poivron tolèrent une légère augmentation de la salinité induite par des économies dans les quantités d’eau apportées. Cependant, lorsque la culture suivante est mise en place, il faut de nouveau lui apporter de l’eau en suffisance et réduire la salinité. Si nous ne le faisons pas, la culture d’automne va démarrer avec un sérieux frein à l’enracinement. Or, des plantes affaiblies sont bien plus sensibles à l’expansion de champignons décomposeurs présents dans tous les sols. Ces champignons peuvent avoir une action sur des plantes affaiblies et se comporter comme le feraient des pathogènes.
Un vide sanitaire complet des serres durant deux semaines permet également de rompre le cycle de pas mal de ravageurs. Durant ce vide sanitaire, nous essayons de maintenir une vie active dans le sol. Cela signifie l’apport de matières organiques fraîches, comme du compost récent ou du broyat de résidus de récolte, et le maintien d’une humidité dans le sol propice à l’activité biologique.
Lorsque nous vidons une serre de sa culture d’été, par exemple à la mi-septembre, il est envisageable de laisser la température monter à une quarantaine de degrés pendant 2 ou 3 jours. Pour éviter les déformations des objets en plastique, nous essayons de ne pas dépasser 45°C. La température est obtenue en réglant les aérations de la serre.
Les adventices en début de grenaison seront enlevées afin d’éviter les risques d’envahissements des adventices elles-mêmes et des ravageurs qui s’y abritent. Cela paraît évident, mais des oublis de suivi sont constatés fréquemment, notamment lorsque les forces vives de la main-d’œuvre sont fort occupées comme au moment des récoltes et en fin de culture.
Une analyse de sol est souvent précieuse de renseignements. Elle permet de quantifier d’éventuels problèmes de salinité et de mettre en évidence des déséquilibres en éléments minéraux comme le potassium, le magnésium ou le sodium. Un état de la situation avant les cultures de printemps permettra de prévoir les corrections nécessaires. N’oublions pas l’influence qu’aurait un excès d’azote sur le développement de Bremia en laitues.
La situation sanitaire de chaque parcelle est à prendre en compte… Par ailleurs, pour certains ravageurs, maladies ou adventices envahissantes, des mesures particulières s’imposent.
Les risques à cause des intrants
Les plantes à repiquer ou à planter sont présumées saines. Les professionnels du secteur sont très vigilants. Ainsi, un contrôle doit être réalisé juste avant ou juste après le déchargement. Toutefois, il peut arriver que certains lots doivent rester en attente avant le moment idéal de plantation. Lors de cette période, des symptômes de contaminations antérieures peuvent éclore comme nous pouvons avoir de nouvelles contaminations sur le site d’accueil. Dans de tels cas, des décisions doivent être prises rapidement. Parmi les elles, les traitements curatifs de fongicides ou insecticides sont possibles si le cahier de charge le permet. Les surfaces d’intervention sur des plantules regroupées en un endroit sont souvent faibles.
Un des risques de contamination sur le site d’accueil est lié au cheminement croisé avec des résidus de culture en fin de récolte. Le constat ne peut être confirmé qu’après quelques jours. C’est donc bien une action préventive qui est la plus efficace. Elle consiste à limiter au maximum les risques de contamination en protégeant physiquement les jeunes plants ou en les déplaçant ailleurs que près des lieux d’évacuation des résidus de culture.
Les dangers liés aux insectes dès l’hiver ou le printemps
Ce point a déjà été évoqué dans cette rubrique maraîchère. En implantant quelques végétaux ligneux ou semi-ligneuses de petite taille dans la serre, nous hébergeons volontairement des pucerons et d’autres espèces adaptées à nos végétaux. Nous offrons en même temps le gîte et le couvert à une série d’espèces auxiliaires. L’activité biologique de ces différentes espèces est ralentie sous des températures hivernales. Mais dès le printemps, les unes comme les autres vont reprendre leur rythme de multiplication habituel. Et nous savons que ce sont presque toujours des auxiliaires qui en sortent gagnants. Le maraîcher aussi, de ce fait.
De petits groseilliers, quelques fraisiers ou d’autres espèces végétales ligneuses ou semi-ligneuses capables de démarrer tôt leur croissance au printemps conviennent bien.
La propreté des surfaces
Les tablettes, le matériel de pressage des mottes, les outils et les aires bétonnées au sol sont des zones qui peuvent servir de relais de transmission maladies. Un bon nettoyage et un bon séchage en période d’activité ralentie permettent une quarantaine facilement respectée. En cas de recommandation particulière, des produits désinfectants ou la chaleur peuvent aider à maintenir une hygiène suffisante de ces surfaces.

Maintenir une vie dans le sol
Les surfaces de terre en attente d’une implantation de culture peuvent être aérées ou travaillées superficiellement tout en leur maintenant une certaine humidité. La vie dans le sol reste assez active, favorable à une décomposition des matières organiques en général. Une exception : la présence d’un foyer localisé de sclerotinia. Nous pouvons enlever la masse mycélienne et son support et l’évacuer pour destruction.
Une désinfection ?
Dans un prochain numéro du Sillon Belge, nous aborderons la question d’éventuelles désinfections de certains éléments de la serre maraîchère.





