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Et si nous réalisions des ados ou des buttes dans notre potager?

Plusieurs mesures agissant sur la fertilité du potager ont déjà été abordées dans cette rubrique, comme la maîtrise de plantes vivaces sauvages, les apports de composts et de chaulage. Toujours dans cette optique, il est possible d’envisager de cultiver sur ados. En effet, sur des terrains qui ne se drainent pas naturellement, les jardiniers peuvent mettre en place différentes techniques de travail.

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La première méthode consiste à drainer artificiellement le sol par le creusement de fossés de drainage ou la pose de drains souterrains. Dans ces cas, il faut un point d’évacuation à proximité. Si nous ne disposons pas facilement d’une telle évacuation de l’eau, il peut être envisagé de rehausser nos cultures et de cultiver sur ados. Cette disposition demande un peu de travail que nous pouvons planifier dès à présent ou à partir du prochain printemps.

Comment procéder ?

Au fur et à mesure que les surfaces sont libérées par les récoltes d’automne, nous constituons des ados séparés entre eux par une tranchée étroite et de faible profondeur. La terre des tranchées est transférée sur les ados dont la hauteur monte légèrement. Nous pouvons en profiter pour incorporer du compost ou du fumier qui sera recouvert d’une faible épaisseur de terre. Ces matières organiques poursuivront leur décomposition sous la protection de la terre. Le faible enfouissement est propice à la bonne oxygénation du processus. Ces ados resteront en place au moins jusqu’au printemps prochain.

Pour les nouveaux semis et les plantations, nous n’aurons qu’à ratisser légèrement la surface. La terre sur l’ados se draine plus vite que la surface plane d’origine. C’est l’idéal pour gagner un peu de précocité.

Concernant l’organisation du potager, il est souhaitable de dimensionner les ados sur une largeur. Elle peut être de 1,2 à 1,5 m de largeur pour les ados, d’axe en axe, et de 0,2 à 0,3 m pour les tranchées.

La profondeur de la tranchée d’une quinzaine de cm n’impose pas de technique particulière. Plus simplement, il est également possible de constituer les ados et leurs tranchées en des dômes adoucies. C’est très stable, cela facilite les choix d’espacements différents entre lignes de semis et demande moins d’effort de mise en place.

Nous pourrons décider ensuite de laisser les ados en place pour une période de plusieurs années et de cultiver de manière continue sur ceux-ci. Au contraire, une autre possibilité sera de les démonter après la première culture de printemps et de remettre le sol à plat.

Dans quelles situations est-ce une technique intéressante ?

La surface des ados est légèrement surélevée grâce aux apports de la terre des tranchées. Ils se ressuient plus rapidement après les pluies. L’effet de drainage latéral des tranchées renforce encore l’évacuation rapide des eaux après de fortes précipitations. Les semis et les plantations de printemps peuvent donc être réalisés plus tôt en saison et dans de bonnes conditions. Ces avantages seront appréciés en terrains humides et à drainage naturel pauvre.

Les terrains à forte teneur en argile sont travaillés plus facilement avant l’hiver, cette technique leur est généralement favorable.

La constitution des ados est moins énergivore que le bêchage intégral, le travail du jardinier est dès lors facilité. Les matières organiques issues des composts et fumier ne sont enfouies que très légèrement ce qui favorise la poursuite de leur décomposition en conditions de sol bien aéré. C’est un avantage pour une bonne formation de l’humus et pour la vie dans le sol.

Rien n’empêche de compléter le travail par un paillage de surface pour protéger le sol de l’effet de battance des pluies et contre l’envahissement par des herbes sauvages durant le repos hivernal. Notons que ce paillage sera préférentiellement constitué de débris végétaux provenant de notre propre jardin. Les broyats de branchages fins, les feuilles mortes ou l’herbe séchée conviennent bien.

Lorsque la situation locale le permet, les ados peuvent être disposés avec une légère inclinaison de la surface vers le sud. Ce sera surtout intéressant pour les cultures d’automne et celles de printemps. En été, cela peut être moins favorable.

Quelles sont les limites de la méthode ?

Si le sol a été piétiné lors des dernières récoltes, nous pouvons décompacter avant ces interventions. Une fourche bêche ou un outil adapté sont parfaits pour cet usage. Il est possible de faire cette opération sans retourner le sol.

Si celui-ci est très compacté, seuls les volumes de terre des tranchées sont décompactés. À moins, bien sûr, que nous ne décompactions aussi la surface des futurs ados avant le creusement des tranchées.

Les terrains envahis par des herbes sauvages vivaces ne seront pas nettoyés par cette technique. Le chiendent, les prêles ou les liserons ne pourront pas y être extirpés de manière efficace. Dans ces cas particuliers, il faut s’y prendre d’une autre façon : nous aborderons ces aspects lors des prochaines semaines.

Les terrains à forte teneur en sable seront plus favorablement travaillés au printemps. Les ados seront alors constitués dès que possible, fin février ou en mars.

En pratique…

Cette technique, très ancienne, se trouvait fréquemment recommandée dans les manuels de jardinage du début du XXe siècle. Une des raisons est qu’elle permet de cultiver des légumes bien plus tôt au printemps et de laisser des cultures en place plus tardivement en automne-hiver. C’était particulièrement apprécié à une époque où les frigos et congélateurs n’existaient pas dans les maisons particulières. Les ados favorisaient un meilleur étalement des récoltes sur les 12 mois de l’année. Nous pouvons encore nous en inspirer…

C’est toujours intéressant aujourd’hui de pouvoir cultiver tôt et récolter tard sur une partie de la surface du potager, un quart par exemple. Selon le souhait du jardinier et surtout selon la configuration des lieux, les ados resteront en place plusieurs années ou en l’état que sur période plus courte.

Nous nous déplaçons dans la tranchée longeant les ados. Pour le dos du jardinier, la terre est « moins basse ».

À garder quelques mois ou quelques années ?

Si l’objectif est surtout de surélever une zone de culture pour améliorer le drainage quelques mois, l’ados peut être nivelé après la récolte de printemps.

S’il est maintenu plus longtemps, nous verrons se développer un équilibre différent. Nous ne marchons jamais sur l’ados. La structure du sol a plus de chance de se maintenir bien aérée. Nous ne travaillons plus le sol en profondeur. Cela signifie que dans les sols à structure instable, il faudra envisager de temps à autre un remaniement en profondeur des ados. Le travail du sol est limité, la maîtrise de l’enherbement devra être adaptée. Le paillage abondant de surface est une des bonnes solutions.

Pour des terrains à tendance argileuse, il est conseillé d’intervenir en automne pour favoriser le travail du gel.  Il peut s’agir d’un simple bêchage ou décompactage sans retournement du sol. Une autre solution serait de pailler abondamment avant l'hiver et d'attendre le printemps pour compléter la technique.
Pour des terrains à tendance argileuse, il est conseillé d’intervenir en automne pour favoriser le travail du gel. Il peut s’agir d’un simple bêchage ou décompactage sans retournement du sol. Une autre solution serait de pailler abondamment avant l'hiver et d'attendre le printemps pour compléter la technique. - F.

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