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Marchand de volailles, un commerce particulier

L’élevage de Limal, c’est une affaire de famille. Depuis quatre générations, la famille Denis s’investit dans le commerce de volailles. Christopher, le fils des exploitants actuels, nous a ouvert les portes de l’entreprise et retrace ici l’évolution de ce commerce un peu particulier.

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Vous les avez peut-être déjà rencontrés au marché de Wavre, Sombreffe, Nivelles, Eghezée ou Huldenberg. En général, leur échoppe pourvue de nombreuses volailles ne passe pas inaperçue et retient l’attention de plus d’un badaud. Et puis, « Poulette » la grand-mère, ne vous est probablement pas inconnue. Elle a connu son heure de gloire en 2008 dans l’émission « Y a pas pire conducteur » qui, reconnaît son petit-fils, a fait une sacrée publicité au commerce.

Les Denis, père ou fils, sont donc présents chaque semaine sur ces marchés où ils commercialisent œufs et volailles. Mais c’est à Limal, au siège de l’entreprise, qu’a lieu l’essentiel de l’activité. C’est là que sont rassemblées les volailles, le matériel d’élevage, les poulaillers et la nourriture proposés à la clientèle.

Évolution des activités

Si les arrière-grands-parents commercialisaient uniquement des poules pondeuses et des poulets à engraisser, l’activité s’est considérablement élargie au fil des ans. Des canards, dindes et oies sont d’abord venus s’ajouter à la gamme qui s’est encore élargie fin des années nonante aux volailles d’ornement. Depuis 4 ans, les exploitants se sont aussi lancés dans la vente de matériel d’élevage et de petits poulaillers.

Des poulets de chair aux pondeuses

Beaucoup de races et espèces sont proposées (voir aplat ci-contre) mais l’essentiel des ventes (85 %) concerne les poules. L’élevage de poules redevient fort à la mode suite aux crises alimentaires et au développement du bio. Et la dernière crise du fipronil accentue encore la tendance. Les consommateurs achètent deux ou trois poules pour produire leurs œufs et consommer les déchets végétaux du ménage. « L’accroissement des ventes de poules permet de compenser les pertes d’activité enregistrées ces dernières années dans le commerce des poulets à engraisser », précise Christopher. Les normes Afsca et les maladies ont en effet entraîné une diminution énorme de la production de poulets de chair par les particuliers. S’ajoutent à cela le coût de production d’un poulet maison qui s’avère vite 2 fois plus cher que le poulet vendu en grandes surfaces et les difficultés rencontrées lors de l’abattage et de l’élimination des déchets. Le commerce d’animaux d’engraissement se résume aujourd’hui à la vente de quelques centaines de poulets de chair en avril-mai et à la vente vers la fin août de quelques dindes et pintades à engraisser pour les fêtes de fin d’année. « Cela n’a plus rien à voir avec le commerce que l’on connaissait antérieurement », déclare le jeune exploitant.

Les poules pondeuses ont la cote

Depuis 4 ans, les poules pondeuses sont vendues toute l’année. Les poules achetées en mars-avril connaissent une chute de ponte en hiver. Alors, pour avoir des œufs durant toute l’année, les clients en achètent à nouveau en septembre car ces sujets continuent à pondre en hiver. La vente des poules d’ornement se limite quant à elle au printemps. Les exploitants proposent des poules pondeuses (90 % des ventes) et des poules de ponte et chair (10 % des ventes). Les pondeuses (brunes ou noires) comme les Sexaline, Garrison, Harco sont les plus demandées. Ce sont de bonnes pondeuses produisant durant deux à trois ans de 280 à 300 œufs de gros calibre par an. Les Araucana aux œufs verts et les Marans aux œufs roux foncé ont aussi du succès auprès de la clientèle, même si leur production est moins importante. Les poules de ponte et chair comme les Coucou de Malines, les Sussex blanches ou noires, ou encore les Bleues des Landes pondent durant 1 an à 1,5 an puis grossissent fortement, pouvant atteindre un poids de 3kg. Elles sont moins demandées.

Approvisionnements réguliers

Les volailles vendues à l’élevage de Limal n’y sont pas élevées mais proviennent de 5 élevages produisant spécifiquement pour eux. « On travaille en circuit fermé, avec des producteurs exclusifs pour éviter les problèmes sanitaires ». L’approvisionnement se fait tous les 10 jours environ. Les exploitants évitent tout contact entre les nouveaux arrivages et les volailles déjà présentes pour limiter les risques sanitaires. Les pondeuses sont vendues à partir de 6 mois, en ordre de vaccination, tous les rappels ayant été faits. Les achats se font principalement par des ménages âgés de 30 à 40 ans ou par des personnes plus âgées. « La clientèle provient essentiellement des alentours mais également du Luxembourg et de France, où les volailles sont bien plus chères », signale notre hôte.

Concurrence des poules issues d’élevages intensifs

Les poules sont vendues entre 10 et 13€ selon l’âge. Cela peut paraître cher par rapport au prix de certaines poules que l’on trouve sur internet, mais on ne parle pas du tout du même produit. Christopher explique que des pondeuses de réforme issues de grands élevages sont parfois proposées sur internet à des prix défiant toute concurrence (environ 3€). Ces poules en fin de cycle de ponte sont normalement vendues pour l’abattage à un prix de l’ordre de 0,50€. Mais des associations ou même des particuliers en récupèrent et les proposent à l’adoption à des familles qui deviennent ainsi – temporairement – les sauveurs de ces volatiles. « Ces volailles peuvent s’avérer problématiques dans un élevage, certains clients en ont fait l’expérience », déclare Christopher. Ces races spécialisées en ponte (Isabrown ou Leghorn) arrivent en effet après un cycle de production dans un élevage intensif dans un état parfois déplorable. En outre, elles ont reçu une alimentation différente, parfois avec des médicaments, et les conditions d’élevage étaient toutes autres. Les risques sanitaires et les puces sont le plus gros problème. « Le prix peut donc sembler attirant mais l’expérience n’est pas toujours concluante car certains clients ont contaminé leur élevage et cela s’est soldé par de nombreuses pertes », conclut notre hôte qui dénonce cette concurrence déloyale. Il souhaiterait d’ailleurs que cette activité de « sauvetage » soit réglementée.

Conseils bien utiles

Comme les exploitants s’adressent aux particuliers et à des débutants dans l’élevage, ils n’hésitent pas à les conseiller tant dans le choix des races qu’en matière d’alimentation ou dans les mesures sanitaires à prendre au poulailler. « Ces trois dernières années, les infestations de puces sont le problème majeur rencontré par les éleveurs ». Il n’est pas facile de s’en débarrasser, aussi conseillent-ils plutôt les traitements préventifs. Le nettoyage du poulailler doit être soigné. Il faut le désinfecter à l’eau de Javel concentrée de temps en temps. Ils recommandent aussi les copeaux plutôt que la paille. Enfin, un traitement préventif avec une poudre à base de pyrète est conseillé, surtout durant les mois chauds. « Mieux vaut traiter tous les 15 jours en préventif que de devoir agir lorsque l’élevage est infesté ». Côté alimentation, ils recommandent les mélanges de graines concassées plutôt que de la farine ou des granulés pour pondeuses. Enfin, ils conseillent aussi de bien se protéger des renards qui font d’énormes dégâts dans les poulaillers en Brabant wallon et dans la région bruxelloise, où ils sont très nombreux. Certains éleveurs, victimes d’attaques à plusieurs reprises, en viennent à abandonner l’élevage de volailles. D’autres optent pour l’achat de poulaillers équipés de petites volières grillagées, protégeant les volatiles à toute heure. Une facilité pour les éleveurs, libérés de rentrer à l’heure pour fermer le poulailler.

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