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Pour la bonne santé et la fertilité du potager: assurer l’indispensable rotation des cultures

L’une des règles de toute production agricole, maraîchère et potagère est de respecter un certain délai avant le retour d’une même culture sur une même parcelle de terrain. Cette rotation des cultures permet notamment de prévenir la propagation et la multiplication des maladies et des ravageurs, mais aussi de raisonner au mieux la fertilisation du potager.

Temps de lecture : 5 min

S ur un même endroit du potager, des cultures différentes se succèdent pour occuper le sol durant toute la belle saison. Il en sera de même les années suivantes avec d’autres cultures. Après un certain nombre d’années, nous retrouverons à cet endroit la même première culture de cette série. Cette succession de cultures est la rotation. Plus celles-ci sont diversifiées, plus longue peut être la rotation.

Prévenir les maladies et ravageurs

Quand la rotation est courte, les maladies et ravageurs qui résident dans le sol peuvent se propager rapidement et se multiplier sur une longue période. D’où l’intérêt d’établir une rotation la plus longue possible. C’est une des bases du savoir paysan et de l’agronomie.

Les plantes proches botaniquement sont susceptibles de transmettre les mêmes maladies et ravageurs.

Les familles de nos légumes (tableau 1)

Les maladies et ravageurs spécifiques qui se transmettent par le sol sont sensiblement freinés dans leur développement lorsque nous respectons une rotation longue : nématodes, altises, fusariose, alternariose, mildiou (début de l’épidémie), sclerotiniose, rhizoctone brun, hernie du chou, verticiliose, pythium, mouche de la carotte, mouche de l’oignon, anthracnose.

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Les maladies et ravageurs polyphages (se nourrissant d’une grande variété de légumes) se propagent même avec une rotation longue, d’autres mesures sont à prendre pour les maîtriser. En voici quelques exemples : taupins, limaces, mildiou (en phase épidémique).

Les maladies et ravageurs qui se transmettent par voie aérienne ou par déplacement sur de grandes distances ne sont pas maîtrisés par le seul respect de la rotation. Sont dans le cas : noctuelles, mouches mineuses, entre autres.

La longueur recommandée de la rotation dépend de la persistance des maladies ou ravageurs dans le sol. Les données du tableau 2 répondent à cette question.

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Une rotation de 4 ans est une bonne base pour le potager en général, en veillant à déplacer dans leurs groupes respectifs les légumes pour lesquels 5 ou 6 années sont recommandées.

Adapter les apports en nutriments

Les légumes ont des besoins en éléments minéraux nutritifs proportionnels aux quantités de matière sèche produite par unité de surface. Prenons deux exemples. Une culture de tomate produit beaucoup plus de matière végétale et donc de matières sèches qu’une culture d’oignon. D’autre part, un excès de fertilisation n’aura pas de conséquence grave pour la tomate alors que l’oignon ne se conservera pas aussi bien s’il est cultivé sur un sol trop fertilisé.

Le jardinier apportera des fertilisants organiques ou minéraux en tenant compte de ces besoins et des conséquences ( voir tableau 3 ).

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Exploration racinaire

La profondeur d’enracinement est un critère dont nous pouvons tenir compte pour alterner les plantes à système racinaire peu profond et les autres. L’objectif est de permettre la meilleure exploration possible du sol pour en capter l’eau et les éléments minéraux. D’un autre côté, les radicelles qui resteront en terre après la culture apporteront de la matière végétale que les organismes du sol pourront décomposer et se développant à leur tour. Et ceci à différents niveaux de profondeur.

La règle de la profondeur d’enracinement est surtout importante pour les cultures établies sur de grandes surfaces. Dans un potager, les plantes voisines d’espèces différentes développent des racines qui s’étalent largement et se complètent.

En particulier pour les potagers de petite taille, nous travaillons par zones plutôt que par bandes. Pour éviter de piétiner inutilement les zones de production, nous pouvons marcher sur des planches amovibles.
En particulier pour les potagers de petite taille, nous travaillons par zones plutôt que par bandes. Pour éviter de piétiner inutilement les zones de production, nous pouvons marcher sur des planches amovibles. - F.

Établir au moins 8 zones en pratique

Les éléments cités ci-avant sont importants et entrent en ligne de compte. Mais en pratique, comment nous y prendre ?

Soyons pragmatiques. Nous avons un potager qui a une surface et une forme qui dépend de l’ensemble des éléments locaux. Si nous disposons de terrain en suffisance, nous pouvons élargir le potager jusqu’à rencontrer les besoins de la famille. Pour produire tous les légumes de l’année, avec la mise en conserve ou en congélation d’une réserve, comptons sur 0,7 are par personne. Si nous produisons les pommes de terre en plus, tablons sur 1 are par personne.

Pour avoir de la souplesse dans l’organisation du travail, aussi bien pour respecter les règles de la rotation que pour occuper au mieux l’espace comme prévu dans le calendrier paru dans notre édition du 12 janvier 2018, dessinons un grand nombre de zones.

Selon notre souhait et la forme générale du potager, ces zones seront des bandes de 1,2 à 1,5 m de largeur totale et d’une longueur traversant le potager ou seront des zones installées pêle-mêle.

Essayons d’établir au moins 8 zones ou bandes pour avoir la possibilité de distinguer les cultures qui occuperont le sol la moitié de l’année culturale seulement (deux cultures ou plus s’y succéderont dans l’année) de celles qui l’occuperont toute l’année. Ces zones ou bandes seront séparées d’un passage pour permettre l’accès sans devoir piétiner les zones voisines.

Si nous réservons un ou plusieurs espaces pour des plantes pérennes, ils s’ajoutent au nombre des zones en rotation.

Si nous en avons la possibilité, augmentons le nombre de zones. Une douzaine ou une vingtaine de zones ou de bandes facilitent le travail et permettent de bien mémoriser les rotations au fil du temps. N’hésitons à les numéroter ou à les nommer, cela peut être très amusant pour motiver les petits jardiniers en herbe.

F.

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