La grande Foire aux questions

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Pourquoi se poser tant de questions ? Il serait tellement facile d’avancer dans la vie sans s’interroger sans cesse, sur son passé, sur son présent, sur son avenir. En agriculture, de toute façon, d’autres se sont arrogés le droit de penser à notre place, de nous fournir clef sur porte des réponses standardisées, que l’on soit d’accord ou pas. Notre profession a été prise en main, -d’une poigne autoritaire et vigoureuse –, par la Politique Agricole Commune, et les paysans de 1960 jusqu’à nos jours se sont posés trop peu de questions. Ils avaient beaucoup trop de respect pour tout ce qui représentait l’Autorité, trop de confiance envers leurs « supérieurs », et n’appréhendaient en aucune façon le sort qui les attendait, le sort que nous subissons. La trop stricte éducation religieuse et leur atavisme inoxydable les rendaient aveugles et sourds, la plupart bien trop bons pour se poser les bonnes questions.

Pourquoi le monde paysan s’est-il effondré en l’espace de deux générations et a perdu 90 % de ses effectifs en moins de 50 ans ? Pourquoi les instances agricoles d’aujourd’hui prônent-elles hypocritement l’agriculture familiale à taille humaine, après l’avoir détruit avec application durant des décennies ? Pourquoi nos ministres belge et wallon de l’agriculture affirment-ils vouloir nous aider, une main sur le cœur, et de l’autre main, pourquoi laissent-ils des agences comme l’Arsia, l’Afsca, Protect’eau, etc, nous ensevelir sous des tonnes de paperasse et nous torturer par des règlements toujours davantage contraignants ?

Pourquoi Veviba sera-t-il sans doute repris par Verbist ? Pourquoi le marché de la viande est-il cadenassé par quelques rares opérateurs omnipotents ? Pourquoi nos prix de vente sont-ils si bas, et nos prix de revient sans cesse plus élevés ? Pourquoi se fiche-t-on de nous aussi ouvertement ? Sommes-nous condamnés à rester l’éternelle « variable d’ajustement » des marchés agro-alimentaires ? Et tous ceux qui profitent de nous, auront-ils un jour assez de franchise pour reconnaître leur peu de considération envers nous ?

Aurons-nous un jour le droit légitime de gagner notre vie, d’être payés au juste prix pour les efforts excessifs consentis tout au long de notre vie professionnelle ? Pourquoi la Foire de Libramont, année après année, sans trop s’en émouvoir, parle-t-elle d’une « agriculture en crise » comme s’il s’agissait d’un fait bien établi, dans l’ordre des choses et tout à fait normal ? Pourquoi sommes-nous sans cesse morigénés, sermonnés, infantilisés comme des gosses débiles auxquels il faut tout expliquer, et que l’on récompense avec des bonbons ?

Pourquoi l’agriculture est-elle folklorisée et sert-elle ici de produit d’appel ? Sommes-nous devenus à ce point anecdotiques, marginaux, drôles à observer ? Nous aime-t-on vraiment, comme on le lit partout ? Pourquoi laisse-t-on mourir la paysannerie sans lever guère plus que le petit doigt ???????

Je vous souhaite de tout cœur une agréable visite à Libramont, pour notre grande et formidable Foire aux Questions !! Belle moisson de non-réponses, comme chaque année !

Le direct

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