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Les drones s’aventurent en agriculture

Malgré la faiblesse des prix agricoles, l’intérêt pour l’agriculture de précision ne cesse de s’affirmer. De nouvelles applications offrent des perspectives, notamment en matière de moyens et de temps. D’autre part, de nouveaux métiers peuvent émerger.

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À l’automne 2016, une journée de démonstrations de drones agricoles a été organisée dans la commune néerlandaise de Westmaas, à environ 80 km au nord d’Anvers, par Mechaman, porte-parole de la mécanisation aux Pays-Bas. On a ainsi pu avoir un aperçu des différents drones agricoles et de leurs spécificités.

Des drones très différents

Un drone très particulier a été présenté par Atmos Uav. Ce drone mélange les concepts du multirotor (hélicoptère) et de l’aile fixe (avion). Caractéristiques de l’hélicoptère : l’engin s’élève très facilement, mais il atterrit aussi dans un espace limité. En outre, l’appareil peut également faire du surplace sur des endroits à fort intérêt. Caractéristiques de l’avion : les ailes fixes lui permettent de se déplacer plus rapidement et de rester plus longtemps dans le ciel. Il peut dès lors couvrir un espace plus vaste.

« À l’avenir, les champs seront plus grands », estime Ruud Knoops, cofondateur de cette société. « Soit il faudra des personnes supplémentaires pour inspecter les champs, soit on songera à une solution faisant appel au drone, par exemple. » Cependant, à un agriculteur qui lui pose la question de l’intérêt de cette solution, pour une superficie moyenne des champs de l’ordre de 12 ha, le responsable fait la moue et estime que c’est encore trop juste pour être vraiment rentable.

Un autre drone qui attire immédiatement l’attention, c’est celui de Clear Flight Solutions, ressemblant à un rapace. Dans l’air, il se comporte comme tel, en faisant des cercles, en se laissant « planer »… Faire circuler un tel oiseau robot au-dessus d’un champ revient à chasser tous les oiseaux qui sont les proies naturelles des rapaces. Des oiseaux, comme les pigeons, peuvent causer des dégâts. Selon l’espèce problématique, il faudra faire intervenir le drone plus ou moins fréquemment. On pourrait également combiner l’effet de « l’outil volant » avec d’autres techniques, comme des cris ou des lumières lasers, pour créer une sorte d’effet Pavlov dans le but d’effaroucher les oiseaux.

Ces drones ne sont pas encore commercialisés. Les collaborateurs de Clear Flight Solutions viennent sur place avec leur matériel afin de solutionner les problèmes.

Sur le stand de Dronexpert.nl, était présenté un drone relié à un câble. À première vue, ce choix paraît farfelu. Roger Borre, l’exposant, souligne que « c’est là un moyen d’utiliser un drone tout en respectant les prescriptions légales ». Son alimentation est posée sur un tracteur, de sorte qu’il puisse volet très longtemps devant le tracteur. La hauteur maximale de vol est de 50 m. L’information recueillie est transmise directement sur un écran, dans la cabine du tracteur, et éventuellement au pulvérisateur attelé afin de réaliser un traitement sélectif.

Traitement de l’information

Des caméras installées sous les drones peuvent rassembler beaucoup d’informations. Celles-ci doivent être traitées et interprétées correctement, ce qui exige énormément de connaissances de base.

À titre d’exemple, la Czav, une coopérative agricole du sud des Pays-Bas comptant de nombreux entrepreneurs de travaux agricoles. Depuis 2016, elle travaille avec la société française Airinov afin de réaliser des cartes précises pour l’épandage des engrais. Un avis pratique est alors délivré aux agriculteurs.

Dans son pays d’origine, Airin ov a déjà quelques années d’expérience dans les cultures de froment, d’orge et de colza. Elle fournit le service, ainsi que les drones et les capteurs. Un tel service n’est cependant possible que pour de grandes surfaces. C’est pourquoi la société s’adresse, entre autres, aux coopératives agricoles. Les informations reçues peuvent immédiatement être utilisées. Les photos prises peuvent, par exemple, servir à l’évaluation des dégâts de sangliers. Airinov souhaiterait, dans un futur plus ou moins proche, étendre ses activités sur la Belgique.

À Westmaas, DroneWerkers, une association de pilotes diplômés, était également présente. Ses membres font voler un drone sur les parcelles de leurs clients, à partir d’un plan de vol. La parcelle est alors scannée grâce à une caméra multispectrale (vision dans le visible, l’infrarouge, l’ultraviolet…). Les données sont analysées et interprétées pour donner une carte de tâches à réaliser. L’association fondée en 2016 compte actuellement 8 membres et 4 entreprises.

De multiples avantages

Sur les différents stands, c’est un peu la pensée unique : le défi pour l’agriculteur, c’est investir un minimum de moyens pour obtenir un maximum de rendements. Un défi auquel l’agriculture de précision veut répondre. En survolant des parcelles, quantité d’informations peuvent être récoltées : croissance de la culture, carences en azote et autres fertilisants et départs de maladie.

Chez Dronexpert.nl, on estime que l’information livrée peut être utilisée directement pour déterminer, par exemple, la fertilisation.

Les diagnostics rapides sont aussi un des sujets de recherche du HLB, un centre de recherches et de diagnostics, basé à Drenthe. On essaie d’y reconnaître les maladies via la réflexion des diverses longueurs d’ondes. Les photos prises par le drone déterminent où il faut prélever un échantillon de feuille. Celui-ci est traité puis photographié. Un logiciel analyse la photo et fournit le diagnostic. La phase de validation doit donc encore passer par un contrôle en laboratoire. À terme, les chercheurs espèrent court-circuiter ce passage et fournir immédiatement le diagnostic.

Ce diagnostic sera-t-il rentable pour l’agriculteur ? Comme signalé plus haut, la question de la taille de la parcelle ou des parcelles doit être prise en compte. Le nombre d’utilisateurs pour un seul vol peut également intervenir dans le coût de celui-ci et de l’interprétation des résultats.

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