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Fan(e)s de carotte: de la coopérative citoyenne à la coopérative maraîchère

À Braine-le-Comte, trois maraîchers impliqués et convaincus proposent aux consommateurs une large gamme de légumes bio en paniers ou au détail. Initialement coopérative citoyenne, Fan(e)s de Carotte à évoluer, en 2017, en coopérative de maraîchers. Ces derniers nous en expliquent les raisons.

Temps de lecture : 5 min

Fan(e)s de Carotte, c’est d’abord l’histoire de maraîchers et de citoyens qui souhaitaient œuvrer ensemble à la production et la vente de légumes bio. À cette fin, une coopérative citoyenne avait été créée. Chacun était libre d’y prendre des parts donnant droit à participer à la prise de décision au sein de la coopérative. « Il s’agissait d’un très beau projet sur le papier, avec des valeurs louables que nous partageons toujours. Mais, au point de vue gestion cela s’est avéré assez complexe », expliquent les jeunes maraîchers.

C’est à l’usage qu’on apprend

Au commencement, Manu, Lucia et Patrice intervenaient au sein de la coopérative en tant que maraîchers indépendants. « Quand nous avons pris part au projet, il existait déjà depuis quelque temps. Mais, ses limites commençaient à se faire sentir et, certains fondateurs quittaient la coopérative car sa gestion devenait lourde et complexe. En effet, nous avons eu le temps de nous rendre compte qu’il était parfois compliqué d’exercer le métier de maraîcher tout animant des assemblées générales constituées de citoyens consommateurs et clients. Au sein de ces réunions, des décisions devaient être prises mais, les participants n’avaient pas toujours l’information nécessaire pour les prendre. Dans l’idéal, les maraîchers auraient dû faire le nécessaire pour la mettre à leur disposition mais cultiver la terre tout en animant une assemblée, ça devient vite un casse-tête », explique Manu.

Il continue, « On invite démocratiquement les citoyens à participer à une assemblée mais ils ne sont pas toujours au courant des nécessités et de la réalité du terrain. Ça demande aussi du temps… des réunions en soirée auxquelles tout le monde n’est pas toujours capable d’assister car chacun à un boulot et une famille à gérer. Il y a aussi beaucoup de romantisme autour du métier de maraîcher. Tous ces aspects amenaient de la lenteur et des petits soucis dans le processus d’action. L’idée de base était très bonne mais c’est à l’usage que l’on se rend compte des choses qui ne fonctionnent pas ».

Nouveau cap

Les trois jeunes maraîchers ont ainsi proposé aux coopérateurs de reprendre le projet à trois. « Chacun était libre de reprendre ses parts ou nous les laisser sous forme d’obligation ».

Depuis 2017, Fan(e)s de carotte est une coopérative de trois maraîchers. « On a profité de cette expérience pour réduire les objectifs de base de la coopérative. On croit aux autres objectifs mais, dans un premier temps, on ne peut pas se permettre de s’essouffler dans tout cela. Il y a beaucoup d'attentes derrière un projet comme le nôtre mais on ne va pas sauver le monde à trois. Ce que nous voulons avant tout, c’est que notre job s’inscrive dans le temps, avec une rémunération et un temps de travail pseudo-corrects ainsi que des valeurs de production dans le respect de la terre et du consommateur. La sensibilisation, c’est une belle idée, mais faire vivre une coopérative en produisant et vendant, ce n’est déjà pas si mal. Nous sommes toujours ravis d’accueillir les curieux et des stagiaires et leur faire découvrir notre métier, mais il n’y a rien d’institutionnalisé ».

Seuls face aux risques

Les jeunes gens reconnaissent néanmoins avoir perdu le caractère soutenant de la coopérative citoyenne. « En coopérative citoyenne, les clients comprenaient davantage les éventuels manquements ou soucis de production. Aujourd’hui, on se sent parfois un peu seul car les clients n’acceptent pas toujours qu’un produit ne soit pas disponible et que son apparence ne soit pas parfaite. Les gens veulent de la nourriture de qualité mais ils ne sont pas toujours prêts à la financer et accepter les choses qui ne fonctionnent pas parce que nous sommes en bio. On prend tous les risques, comme n’importe quel autre agriculteur, et on les assume seul ».

Le panier : produit phare

Fan(e)s de Carotte cultive une cinquantaine de légumes certifiés bio sur environ 2,5 hectares. Ceux-ci sont proposés aux clients sous forme de panier ou au détail, en ligne ou dans le magasin sur le champ.

« L’abonnement au panier est notre produit phare, il est la base de notre modèle économique et agronomique. Le client y trouve une grande diversité de légumes, favorisant la biodiversité et l’équilibre de notre champ. Il nous permet de mieux planifier nos cultures et nous assure l’écoulement de notre production au fil des saisons en limitant le gaspillage. C’est une sécurité incontournable pour assurer la viabilité de notre coopérative. L’abonnement au panier est un acte solidaire pour nous et une formule souple pour le client car il peut reporter son panier sur simple demande. De juin à décembre, les paniers sont 100 % « maison ». Les autres mois, nous complétons l’offre avec des légumes venus d’ailleurs mais toujours belges et bio. Nous avons fait ce choix pour différentes raisons : notre capacité de stockage limitée, le besoin de diversité dans les paniers d’hiver et le maintien de l’activité économique de la coopérative tout au long de l’année ».

Et de conclure, « Si les clients préfèrent choisir leurs légumes en fonction de leurs goûts ou par eux-mêmes, ils peuvent également passer par l’achat en ligne ou venir les acheter sur le champ. Le magasin y est ouvert trois fois par semaine et nous apprécions beaucoup prendre le temps d’échanger, discuter et rire avec nos clients ».

Propos recueillis par DJ

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