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Tournée minérale

02-02-2020 : la date du jour se lit dans les deux sens, et je termine mon texte à précisément 20 heures 20 ! Il existe ainsi des instants particuliers dans la vie, où les chiffres des calendriers et des horloges se conjuguent ; ils nous font des clins d’œil complices, pour nous inciter à ne pas prendre les actualités trop au sérieux. Celles-ci ne manquent pourtant pas de piquant, en ce début février ! Fin janvier nous a amené un fort contingent de nouvelles d’ici et d’ailleurs, de quoi s’étonner ou se réjouir, s’inquiéter ou se moquer. Pourtant, quelque part, certains événements récents risquent peut-être de changer notre destin…

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Tout d’abord, comme l’an dernier et l’année d’avant, février nous ressert sa tournée minérale, ses 29 jours de régime sans alcool. L’eau ne manque pas ces temps-ci, il est vrai, pour remplacer les « petites » bières, les apéros et autres « petites » gouttes ; la pluie du ciel a bien marqué le coup, en abondance, pour inciter le bon peuple à davantage de sobriété. Les grosses « draches » nationales de ces deux premiers jours de février rappellent également à nos politiciens belges qu’ils feraient bien de mettre de l’eau dans leur vin, s’ils veulent s’entendre pour former un gouvernement fédéral. Je dis bien « s’ils veulent s’entendre »  ! Au train où vont les discussions entre partis wallons et flamands, nous resterons sans gouvernement ad vitam aeternam. Drôles de personnes de mauvaise volonté ! Dire que nous avons voté pour ces gens, qui ne sont pas fichus de faire leur travail, et font passer les intérêts de leur parti avant celui de leurs électeurs !

Mine de rien, toute la vie du pays en est impactée, même -et peut-être surtout !- notre agriculture, faute de représentant agricole fédéral clairement intronisé pour défendre la position de la Belgique au niveau européen. De l’Europe, parlons-en, justement ! Outre-Manche, les partisans de Boris Johnson se payent des tournées générales, en ce début février : bière et whisky coulent à flot pour fêter la sortie du Royaume-Uni hors de l’UE. Le Brexit excite les Britanniques. Il est devenu officiel, ce 1er février 2020, et ses conséquences vont peser -un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ?- sur les marchés agricoles, et surtout sur le budget de la PAC. Le feuilleton n’est pas terminé, et nous ménage des épisodes qui risquent de nous surprendre lors des mois à venir…

Les rouages des machines politiques, belge et européenne, semblent bien grippés ! En fait, en ce début février, beaucoup de choses sont grippées, à commencer par la vaste et puissante Chine. L’Empire du Milieu, irrésistible dans son ascension économique, tremble sur ses bases devant un ennemi minuscule, un « bête » virus d’influenza, extrêmement redoutable ! Décidément, l’Histoire repasse les plats ! La grippe dite « espagnole » est partie de Chine en 1918, un banal H1N1 passé du canard au porc puis à l’homme ; le virus a muté aux États-Unis et est arrivé en Europe avec les soldats américains venus à notre secours lors de la Grande Guerre, avant d’entamer une tournée infernale dans le monde entier. Il aurait provoqué plus de 100 millions de décès en trois années ! Le coronavirus chinois d’aujourd’hui fait peur, à juste tire. Une simple mutation, et hop, on serait reparti comme en ’18, malgré les multiples précautions prises pour le contenir. L’actualité de ce début février en est toute contaminée, tournée virale en spirale !

Les médias en oublient de répandre des nouvelles bien plus gaies à apprendre, rassurantes et bienveillantes ! Par exemple, la Banque NewB, banque citoyenne coopérative à finalité éthique, 100 % transparente, a reçu ce 31-1-2020 son agrément de la Banque Centrale Européenne ! Cette nouvelle a l’air de pas grand-chose et ne vous dit peut-être absolument rien, mais elle apporte un peu de douceur dans ce monde de brutes, quelques bulles d’air pur soufflées dans nos bas-fonds capitalistes, où prospèrent ces pieuvres financières que sont les banques classiques.

Par ailleurs, autre actualité particulièrement réjouissante, ce vendredi 31 janvier 2020, le Parlement français a voté une nouvelle loi pour reconnaître les odeurs et les sons typiques des zones rurales comme patrimoine national. La France veut ainsi mettre un terme au flot de plaintes concernant les coqs qui chantent, les tracteurs qui ronronnent la nuit, les chats en chaleur, les bovins qui mugissent et les insectes chanteurs. Le coq Maurice d’Oléron et la vache Marguerite de Normandie peuvent désormais pousser leurs vocalises, meugler tout leur saoul ou accomplir leurs besoins naturels, sans risquer d’offenser des oreilles trop délicates ou d’indisposer des narines trop sensibles. Ils ne risquent plus la mise au secret en cas de plaintes de néo-ruraux. Chaque région de France va dresser la liste des sons et odeurs typiques de son patrimoine sensoriel ! La Wallonie en fera-t-elle autant ?

20 heures 20, 02-02-2020 ! Février commence en force sa tournée minérale, et nous propose en apéro quelques nouvelles de choix. À vous de choisir celle qui vous plaît…

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