Alimentation des poulets de chair et porcs: Quels peuvent être les effets d’une réduction des apports en protéines dans leur alimentation?
La réduction du taux de protéines en poulets de chair et en production porcine est une voie pour accroître l’autonomie protéique dans nos élevages. Nadia Everaert, professeur à Ulg Gembloux Agro-Bio Tech, a présenté les résultats de divers essais lors de la 19e journée d’étude des productions porcines et avicoles à Namur.
Des essais de réduction du taux de protéines chez des (grands) parentaux et poulets de chair ont été menés conjointement par la KU Leuven et Ulg Gembloux Agro-Bio Tech. Nadia Everaert en présente les principaux enseignements.
Paradoxe entre croissance et reproduction
Les poulets de chair sont sélectionnés pour avoir une croissance élevée. Les parentaux de ces poulets de chair doivent avoir un potentiel génétique permettant une croissance rapide de leur descendance tout en conservant de bonnes performances de ponte. Mais il existe un paradoxe entre la croissance élevée et la reproduction. En effet, s’ils sont nourris à volonté, les parentaux des poulets de chair voient leur poids augmenter mais leurs performances de reproduction et leur bien-être diminuent et la mortalité augmente. Une solution a été trouvée : contrôler l’alimentation des reproducteurs pour prévenir les excès de poids tout en maintenant leur aptitude à la reproduction et leur potentiel génétique pour une croissance rapide. Pour ne pas stresser les animaux en réduisant la ration, les chercheurs ont choisi d’augmenter la ration alimentaire des volailles tout en diluant les apports de protéines. Les volailles ont ainsi reçu une ration réduite de 25 % en protéines brutes et acides aminés. Mais quels sont les impacts de cette réduction du taux de protéines alimentaires sur les performances et le bien-être des grands parentaux (génération F0), des parentaux (génération F1) et des poulets de chair ? Et quel est l’impact sur l’azote excrété par les poulets de chair. C’est ce qu’ont étudié les chercheurs dans cet essai multigénérationnel.
Réduction de la teneur en protéines
Impacts sur les trois générations
Chez les truies et les porcelets
Des chercheurs de Gembloux, de l’Université de Gand et de l’ILVO, en Flandre, se sont associés pour déterminer l’impact d’une réduction du taux de protéines dans l’aliment des truies et des porcs en post-sevrages sur leurs performances, sur la diarrhée en post-sevrage et sur l’azote excrété. En effet des faibles taux de protéines dans l’alimentation des porcelets en post-sevrage sont associés à un risque plus faible de diarrhée et ont un impact positif sur la santé intestinale des porcelets. Ce serait dû à une amélioration de la capacité tampon de l’estomac et à une réduction de la fermentation au niveau du colon. Des études ont aussi montré qu’un jeune animal confronté avant la naissance ou au début de sa vie à certaines situations, comme un régime pauvre en protéine, adapte son métabolisme à cette situation. C’est donc dans ce contexte que les chercheurs ont étudié l’effet de deux niveaux de protéine brute dans le régime de la mère. Un groupe a reçu un aliment contenant 188 g/kg de protéine brute, l’autre 135 g/kg. Nadia Everaet livre les premiers résultats de ces essais conjoints.
Résultats en reproduction
Par contre, la réduction du taux de protéines dans l’aliment des truies semble avoir un effet sur la consistance des matières fécales des porcelets, qui sont plus solides. L’ingestion et l’indice de consommation des porcs en engraissement issus de mères nourries avec une ration
faible en protéines et ayant reçu une ration à faible teneur en protéines au post-sevrage semblent affectés négativement, tout comme le rendement carcasse. « Des répétitions supplémentaires sont cependant nécessaires pour confirmer ces résultats », conclut Nadia Everaert. Les analyses sont toujours en cours en ce qui concerne l’azote excrété.