Accueil Equipements

Les clés de l’entretien de la presse à balles carrées, pour une saison sans accroc

La presse à balles carrées représente un investissement important pour son propriétaire. Il est donc important que sa saison de travail se déroule de manière pleine et sans encombre pour amortir au mieux les coûts consentis pour ce matériel. Dans cette optique, la préparation d’avant-saison de la presse se révèle cruciale.

Temps de lecture : 11 min

L’agriculteur ou l’entrepreneur est généralement apte à pratiquer lui-même les opérations d’entretien et de maintenance routinières de sa machine. Toutefois, il faut garder à l’esprit que certaines interventions sont du ressort des concessionnaires et de leur personnel qualifié. Il est à la fois hasardeux et dangereux de se lancer sur une presse dans des opérations dépassant son niveau de compétence, notamment du fait que nombre d’organes doivent être parfaitement synchronisés. Nous nous focaliserons donc, dans le présent article, aux gestes de révision courante.

Chaque matériel pouvant présenter des subtilités propres, il est nécessaire de se référer au manuel fourni par le constructeur afin de procéder à l’ensemble des opérations requises, et cela de manière sûre et efficace. Le recours à des pièces d’origine est, pour les mêmes raisons, vivement conseillé.

Assurer sa propre sécurité

En préambule, il est utile de rappeler des règles de sécurité élémentaires ; les accidents impliquant du matériel agricole surviennent malheureusement fréquemment, et leurs conséquences sont souvent graves. Il faut à ce titre prêter attention à l’espace de travail : il doit être propre, correctement éclairé et suffisamment dégagé avec un sol horizontal et dur.

Les vêtements de travail doivent être adaptés et ne pas présenter de parties ballantes afin d’éviter leur happement par des organes tournants, à l’instar des cardans de prise de force par exemple. Cette tenue se complète par des chaussures de sécurité mais aussi, si nécessaire en fonction des interventions prévues, d’accessoires de protection tels que des gants ou des lunettes de sécurité.

Préparer la presse pour l’entretien

Pour procéder aux opérations de maintenance, la presse est mise à l’arrêt et correctement calée pour éviter tout déplacement inopportun. Les fonctions de la machine sont toutes désactivées, le moteur du tracteur arrêté et la clé de contact retirée. Le frein du volant doit être engagé et le mécanisme de déclenchement du système de liage bloqué.

Les alimentations électriques et hydrauliques peuvent être débranchées pour éviter tout risque de dommages à l’opérateur ou à la machine mais aussi pour protéger les circuits et composants électriques et électroniques en cas de travaux de soudage.

Lors de ces derniers, les flexibles hydrauliques situés à proximité doivent être protégés de sorte que les projections émanant du soudage ne puissent les attaquer et provoquer des fuites. De plus, avant de souder, il est également préférable de dételer la presse du tracteur pour ne pas endommager l’alternateur et la batterie de celui-ci.

Il est également important de travailler sur une machine propre. Si cela n’a pas encore été fait, les résidus des travaux de récolte précédents sont à enlever et le nettoyage de la machine est à entreprendre. À ce propos, si un nettoyeur haute pression est utilisé, le jet doit être projeté à une distance raisonnable de la surface à nettoyer et ne doit en aucun cas être dirigé vers les organes électriques ou électroniques, les reniflards, les joints d’étanchéité…

Identifier avec minutie les éventuelles anomalies

En première intention, se remémorer les incidents et dysfonctionnements survenus lors de la saison précédente est chose utile, de façon à prévoir les réparations nécessaires s’il n’a pas encore été procédé à ces dernières.

Une mise en route de la machine à allure modérée dans un premier temps, puis à allure plus soutenue, permet de tenter de repérer l’une ou l’autre anomalie le cas échéant. Il en est de même en actionnant les différentes fonctions électriques ou hydrauliques de la machine. Les éventuels messages d’erreur s’affichant sur le moniteur de la presse sont également à prendre en considération. Durant ces tests, il convient bien entendu de se tenir à une distance de sécurité suffisante par rapport à la machine et aux organes en mouvement.

Les chaînes doivent être en bon état, correctement lubrifiées, tendues et alignées.
Les chaînes doivent être en bon état, correctement lubrifiées, tendues et alignées. - N.H.

La préparation d’avant-saison débute par une inspection visuelle de la presse et de ses organes. Le but de cette manœuvre est de détecter toute anomalie sur la machine, raison pour laquelle elle doit être opérée avec la plus grande minutie.

L’attention doit se porter notamment sur le bon état et la bonne intégrité des différents composants de la presse, la présence et le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité, les fuites de liquide, l’état général des câblages électriques et des flexibles hydrauliques, la présence et l’état des protections des arbres à cardans…

Hydraulique : prudence !

En cas de suspicion de fuite d’huile hydraulique, il ne faut jamais partir à la recherche de celle-ci en déplaçant sa main au-dessus des organes ou tuyauteries hydrauliques. L’huile sous pression peut en effet causer de très sérieuses blessures.

Il faut également veiller à ce que le circuit ne soit plus sous pression avant de déposer des tuyaux hydrauliques. Si des raccords hydrauliques sont sales, leur nettoyage est requis afin d’éviter l’intrusion de corps étrangers dans les circuits.

Vérifier chaînes, courroies et boulons

Le manuel de la presse renferme, généralement sous forme d’un tableau synthétique, les valeurs des couples de serrage des principaux points de fixation sur la presse. Ces couples de serrage sont à vérifier à l’aide d’une clé dynamométrique. À titre d’exemple, le bon serrage des boulons de roue ou de l’œillet d’attelage est à vérifier. Le degré d’usure du point d’attelage est également à inspecter.

L’entraînement des organes de la presse repose sur plusieurs chaînes dont la tension doit être correctement réglée. Il en est de même le cas échéant pour les courroies. L’alignement et l’état des pignons et poulies méritent aussi d’être examinés.

En cas de rupture, il faut toujours remplacer un boulon de sécurité  par un autre strictement identique.
En cas de rupture, il faut toujours remplacer un boulon de sécurité par un autre strictement identique. - N.H.

Si des boulons de sécurité se sont rompus, il y a lieu de les remplacer par d’autres strictement identiques. La cause de la rupture doit être étudiée. Celle-ci peut en effet être due à un problème sous-jacent au niveau de la presse, qu’il faut alors solutionner également. Pour la protéger contre les surcharges, différents boulons de sécurité peuvent être disposés en différents points de la presse comme, par exemple, sur le volant, la transmission du système de liage ou l’ameneur.

Uniquement avec les lubrifiants recommandés

L’étape suivante, et non des moindres, consiste en la lubrification de la presse. Pour ce faire, il ne faut utiliser que les lubrifiants recommandés par le constructeur, qu’il s’agisse d’huile ou de graisse.

L’ensemble des points de lubrification est renseigné sous forme de plans dans le manuel de la machine. La plus grande propreté est de mise pour réaliser cette opération. Ainsi des récipients et entonnoirs propres sont à utiliser. Les graisseurs et autres orifices de remplissage doivent être nettoyés soigneusement avant d’y introduire le lubrifiant. Dans le cas contraire, des poussières et autres éléments indésirables entreraient dans le système en même temps que le lubrifiant, ce qui se révélerait à terme préjudiciable.

Les niveaux d’huile dans les différents carters (transmission générale, transmission de l’ameneur, transmission du système de liage…) sont relevés. Si besoin, l’appoint est effectué. Si l’intervalle de temps imparti est échu, l’huile est vidangée et remplacée.

Si la machine en est dotée, il ne faut pas omettre de remplir de graisse le réservoir du système de graissage centralisé. Les doseurs de ce dernier doivent être graissés aux intervalles préconisés par le constructeur. Les filtres présents sur les systèmes de lubrification doivent être passés en revue et remplacés au besoin.

Affûter les couteaux, sans les dégrader

La suite de l’examen de la machine se déroule zone par zone.

Au niveau du pick-up de ramassage, une rapide inspection visuelle permet de s’assurer de la présence de toutes les dents. Si certaines d’entre elles sont déformées, il est important de les remplacer car elles pourraient se plier davantage et occasionner des dégâts matériels.

S’assurer du bon fonctionnement de la suspension du pick-up peut être un plus, ce système devant fonctionner parfaitement en saison vu les vitesses de travail souvent élevées et les profils de terrain variés. Enfin, il ne faut pas oublier de gonfler les pneus du ramasseur à la pression indiquée.

Un dispositif de coupe bien entretenu procure de meilleures performances de chantier.
Un dispositif de coupe bien entretenu procure de meilleures performances de chantier. - N.H.

Le bon entretien du dispositif de coupe conditionne les performances de la presse. En effet, des couteaux usés sont synonymes d’une mauvaise qualité de coupe et d’une alimentation moins fluide de la presse.

L’affûtage des couteaux est une opération technique sensible et potentiellement dangereuse. Le port de gants adaptés est requis lors de leur manipulation. De plus, des lunettes de protection ad hoc doivent être portées lors de l’affûtage, une opération au cours de laquelle il convient de ne pas trop échauffer les couteaux, au risque de les dégrader structurellement.

L’intervalle entre deux séances d’affûtage est variable en fonction de la nature et de l’état de la matière récoltée. C’est la raison pour laquelle il peut être utile de détenir un second jeu de couteaux pouvant prendre place sur la machine lorsque le premier jeu est immobilisé à l’atelier pour l’affûtage. Lors du remontage des couteaux, des constructeurs suggèrent d’en modifier la position sur le porte-couteaux pour régulariser leur surface d’usure.

Contrôler le fonctionnement de l’ameneur

Le fonctionnement de l’ameneur peut être observé : quand il se déplace, il doit le faire de façon constante et sans à-coups. Il doit ensuite rester en position de repos durablement.

Les dents de l’ameneur et le piston doivent être parfaitement synchronisés. Souvent, des repères permettent de s’assurer de ce calage. Si celui-ci n’est pas conforme, il est impératif de recaler correctement ces deux organes. Pour ce faire, le recours à du personnel professionnel qualifié est conseillé.

Après examen du pick-up, ne pas oublier d’en regonfler  les pneus à la pression recommandée.
Après examen du pick-up, ne pas oublier d’en regonfler les pneus à la pression recommandée. - N.H.

La chambre de compression, au cœur des préoccupations

Vient ensuite le tour de la chambre de compression et du piston. Le piston est guidé par des galets évoluant sur des surfaces de roulement, dont l’état doit être soumis à un contrôle strict. Il est en effet primordial que le piston soit guidé correctement et sans mouvements parasites.

À ce sujet, le jeu entre les couteaux du piston et les couteaux fixes peut être mesuré et doit correspondre à la valeur-cible préconisée par le constructeur ou, à tout le moins, se trouver dans les tolérances admissibles. Le non-respect de ce jeu peut découler d’une usure excessive de ces couteaux mais aussi de l’usure des rails de roulement ou des galets de guidage du piston. Lorsque ce jeu se retrouve significativement réduit, cela peut mener à des dégâts considérables sur la presse.

L’inspection de la chambre de compression, du piston et des organes connexes  est primordiale pour éviter des dommages matériels conséquents en saison.
L’inspection de la chambre de compression, du piston et des organes connexes est primordiale pour éviter des dommages matériels conséquents en saison. - N.H.

Pareillement, les jeux entre les racleurs (supérieurs et latéraux) du piston et la chambre de pressage doivent correspondre aux valeurs consignées dans le manuel de la machine.

Toujours dans la chambre de compression, le positionnement des reteneurs de paille doit susciter l’attention de l’opérateur : s’ils se positionnaient mal, ils pourraient se bloquer dans la chambre au travail, avec des dommages à la clé.

Dispositif de liage : contrôler fréquemment la tension de la ficelle

S’il est un mécanisme complexe sur une presse pouvant engendrer de nombreuses pertes de temps en cas d’avarie, c’est bien le dispositif de liage. Pour réduire au maximum le risque de déconvenue, il est important de s’attarder sur les opérations de contrôle et de réglage de ce système.

Avant d’intervenir sur le dispositif de liage proprement dit, il convient de s’assurer que le cheminement de la ficelle depuis le magasin est fluide et que la ficelle est correctement tendue à son arrivée dans le système de liage. Cette tension, à l’origine de nombreux dysfonctionnements lorsqu’elle est mal ajustée, se règle grâce aux tendeurs de ficelle. Sur une nouvelle machine ou après le remplacement de pièces, il faut être conscient que la tension de la ficelle peut se modifier suite au rodage des composants.

De même, différents types de ficelles, présentant des caractéristiques diverses, sont proposés sur le marché. Dès lors, il est conseillé de procéder au réglage de la tension à chaque changement de type de ficelle et, ensuite, de la contrôler régulièrement.

Le manuel d’utilisation et d’entretien de la presse renferme des procédures de contrôle et de réglage des différents organes du système de liage et du mécanisme de déclenchement de ce dernier. Celles-ci sont à appliquer avec rigueur le cas échéant. S’en référer à son concessionnaire est aussi un geste préconisé lorsque des opérations techniques précises et délicates doivent être entreprises, comme le calage des aiguilles et du piston, le réglage du frein des aiguilles…

Prêts pour la nouvelle campagne !

Le train roulant de la presse est également à examiner. Outre le serrage des boulons de roue déjà évoqué plus haut, l’usure, l’état et la pression des pneumatiques sont contrôlés.

D’autres paramètres tels que le jeu des paliers de moyeux des roues, les douilles de support d’essieu, l’état des conduites de frein ou encore l’épaisseur des garnitures de frein peuvent être passés en revue. Ici aussi, en cas de problème constaté, il est préférable de se rendre chez le concessionnaire, toute intervention sur le train roulant ou le système de freinage requérant du personnel qualifié.

Après avoir vérifié le bon état et testé le bon fonctionnement des équipements de signalisation et d’éclairage, il reste à faire un dernier tour de la machine pour s’assurer que les capots ont été correctement refermés et que les dispositifs de sécurité et de protection sont bien en place.

Enfin, il est également utile d’évaluer les quantités de lubrifiants et de ficelles qui seront a priori indispensables pour accomplir la prochaine saison. Cela permet d’en planifier l’achat et d’en constituer les stocks nécessaires.

Votre matériel et vous-même êtes maintenant prêts à entamer une nouvelle campagne de pressage !

N.H.

A lire aussi en Equipements

Voir plus d'articles