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La coopérative de conseils aux maraîchers Taco: «L’optimisation des cultures reste notre objectif!»

Optimiser les cultures légumières, tel est l’objectif que poursuit la coopérative de conseils aux maraîchers Taco depuis sa création, en 2009. Il est d’ailleurs tout à fait compréhensible qu’une telle structure soit présente en Flandre occidentale, au cœur de marché européen des légumes frais et surgelés, où elle distille des conseils personnalisés aux producteurs de légumes de plein air.

Temps de lecture : 6 min

La coopérative de conseils aux maraîchers Taco, active à 90 % en Flandre occidentale, a été créée en 2009 par Rudi Vandewiele et Luc De Reycke. Actif dans les cultures légumières depuis près de 30 ans, Rudi a travaillé une courte période en tant que représentant en produits phytosanitaires avant de rejoindre Syngenta pendant 17 ans. « On me demandait de plus en fréquemment d’assurer un suivi individualisé des cultures. Cependant, je ne disposais pas du temps nécessaire pour cela… Mon collègue, Luc, faisait face aux mêmes demandes des producteurs. » C’est donc ensemble qu’ils ont créé Taco.

En toute indépendance

Outre Rudi Vandewiele et Luc De Reycke, la structure compte deux autres experts que sont Tine Maes et David Fonteyne. Tous les quatre peuvent s’appuyer sur le soutien de REO Veiling (marché du frais) et Ingro (industrie) pour tout ce qui concerne le volet « commercialisation », et de deux centres de recherche (le centre pilote Inagro, à Roulers, et le Centre provincial d’expérimentation végétale de Kruishoutem) pour le volet « connaissances ».

« Nous travaillons en toute indépendance, mais nous faisons aussi le lien entre les producteurs et les chercheurs », poursuit Rudi. C’est ainsi que les quatre experts transmettent les résultats de certaines recherches aux cultivateurs et, inversement, remontent les problèmes rencontrés sur le terrain vers les centres de recherche. Les liens avec les sociétés commerciales ne sont pas réfutés. « Nous allons puiser l’information où elle se trouve et nous la mettons à profit, tout en conservant notre indépendance. »

David Fonteyne, qui est lui-même agriculteur, a rejoint Taco en juin 2019. Il abonde dans la même direction : « Nous délivrons nos informations et conseils de manière indépendante. Nous nous concentrons sur ce qu’il y a de mieux pour le client. Dans le cas des traitements phytosanitaires, peu importe que le produit conseillé provienne de la société X ou Y… Seule son efficacité importe ! ».

De la plantation à la récolte, voire au-delà

Optimiser les cultures légumières est la raison d’être de Taco, dès le choix de la culture et de la variété à implanter jusqu’à sa récolte, en passant par la plantation, la fertilisation, le suivi de la croissance… Tout en regardant ce qu’il se passe aussi sous le sol. « Certains producteurs se focalisent uniquement sur la partie aérienne de leurs cultures. Nous devons nous pencher davantage sur ce qui se trouve sous les plantes : le sol, les racines, la structure, la composition… », explique Rudi.

La courgette figure parmi les légumes auxquels s’intéresse Taco,  aux côtés des choux, du panais, du poireau, du céleri...
La courgette figure parmi les légumes auxquels s’intéresse Taco, aux côtés des choux, du panais, du poireau, du céleri... - LV

Ce n’est qu’une fois la récolte terminée que le travail des conseillers s’achève. Et encore… De par leurs connaissances et expériences professionnelles, ils disposent d’une bonne vision du secteur des légumes de plein air. « Outre les questions techniques, d’autres aspects sont également abordés, comme la commercialisation. En concertation avec nos clients, nous recherchons l’option qui est la meilleure, économiquement. Nous les conseillons en tenant compte de la rentabilité de la culture », détaille-t-il.

Se rapprocher du monde de la pomme de terre

Aujourd’hui, 230 producteurs font appel au service de Taco, contre une soixantaine seulement dans les premières années qui ont suivi sa création. La plupart des clients sont actifs en Flandre occidentale, et la structure ne compte pas se développer outre mesure dans d’autres régions du pays. « Il y a déjà suffisamment de travail dans notre province qui est un des berceaux européens de la culture légumière. »

Les experts souhaitent néanmoins ajouter une corde à leur arc. S’ils se concentrent aujourd’hui sur les légumes de plein air et les cultures intensives telles que la courgette, les choux, le panais, le poireau, le céleri, le fenouil…, ils souhaitent se rapprocher du monde de la pomme de terre. « Nous ne pouvons pas ignorer ce qu’il se passe sur le terrain. Il n’est donc pas impossible que nous empruntions cette direction et qu’une activité de conseil et soutien aux producteurs de pommes de terre soit développée », explique Rudi.

Taco guidera bientôt les producteurs  de pommes de terre, pour autant  qu’un conseiller motivé et talentueux rejoigne l’équipe actuelle.
Taco guidera bientôt les producteurs de pommes de terre, pour autant qu’un conseiller motivé et talentueux rejoigne l’équipe actuelle. - LV

Cette culture, comme toutes les autres d’ailleurs, fait face à des besoins et défis bien spécifiques, que ce soit en matière de produits de protection des plantes, de défanage et de stockage, mais aussi de fertilisation ou encore de résidus azotés pour n’en citer que quelques-uns. Or, les connaissances en la matière sont manquantes chez Taco. « Chacun est spécialiste dans son domaine, ce qui nous rend plus forts. A contrario, nous ne disposons pas de l’expertise nécessaire pour nous attarder sur cette culture. »

Aujourd’hui, la structure s’attelle à trouver un conseiller qui pourrait consacrer son temps à la pomme de terre. Cependant, il n’est pas facile de trouver la personne idéale. « Nous ne débuterons cette activité que lorsque nous aurons trouvé la bonne personne, qui soit à la fois motivée et talentueuse. »

Nutrition et sol sous surveillance

Rudi et David s’intéressent également à l’agriculture biologique. « La surface dédiée au bio est encore faible mais est loin d’être négligeable. On voit d’ailleurs que le conventionnel s’en inspire de plus en plus. Non pas que le conventionnel devienne bio, mais des pratiques culturales sont transposées d’un mode de production vers l’autre. » Ils émettent toutefois des réserves, notamment en raison de l’intensivité des cultures légumières qui est telle que la pression parasitaire qu’elles subissent est importante : « En agriculture biologique, les cultures souffriraient davantage encore ».

Mais, tout mode de culture confondu, quel est le paramètre le plus important à prendre en compte lorsque l’on est producteur de légume de plein air ? « Il faut assurer une bonne nutrition de la culture, sans excès, ni carence. L’apport d’éléments nutritifs est extrêmement important, comme pour les humains en somme. »

Les experts de Taco sont présents dès le choix de la culture et de la variété à implanter jusqu’à sa récolte, en passant par  la plantation,  la fertilisation,  le suivi de la  croissance...
Les experts de Taco sont présents dès le choix de la culture et de la variété à implanter jusqu’à sa récolte, en passant par la plantation, la fertilisation, le suivi de la croissance... - LV

En outre, il est important de prévenir les problèmes de sol, tout en conservant sa bonne structure. « Disposer d’un bon sol, c’est la base si l’on souhaite voir ses légumes se développer convenablement. D’autant qu’un développement correct est lui-même essentiel pour que la plante se défende contre les attaques, notamment fongiques. »

Reste encore à travailler deux autres sujets que sont les apports de matières organiques et les rotations. « Dans le passé, on ne s’est pas suffisamment soucié des rotations… Le bio nous a montré l’exemple en la matière. »

Un conseil ? « Faites ce que vous aimez faire »

Une chose encore : la gestion actuelle des entreprises prend en compte toute une série d’aspects : protection des cultures, fertilisation, irrigation… pour n’en citer que certains. « Mais par quelle culture dois-je commencer ? », pourrait-on s’interroger en tant que maraîcher.

Et les deux experts de répondre : « Privilégiez les légumes que vous avez envie de cultiver. Car ce n’est que si vous travaillez avec plaisir que vous tiendrez dans les périodes moins favorables. Faites ce que vous aimez faire ! »

D’après Lieven Vancoillie

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