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Les chances pour l’élevage en Wallonie sont sérieuses mais gare à son industrialisation!

À la lecture de différents articles relatifs à l’élevage wallon parus dans la presse, je vous livre quelques réflexions compte tenu de l’importance de celui-ci pour notre agriculture wallonne.

Temps de lecture : 3 min

Suite aux allusions négatives qui sont de plus en plus souvent faites à l’égard de la consommation de viande, il est important de redonner une image positive de notre viande bovine mais aussi de tous nos autres élevages.

Pour donner toute sa chance à une revalorisation en profondeur de notre viande bovine, celle-ci devrait se faire dans le cadre d’une autonomie fourragère totale au niveau de la ferme, c’est-à-dire en grande partie à partir de l’herbe sous toutes ses formes (fraîche ou ensilée et foin). Cette herbe est issue de prairies permanentes mais aussi et de plus en plus de prairies temporaires renouvelées tous les 4 ou 5 ans.

Qu’elles soient temporaires ou permanentes, elles doivent faire l’objet de soins importants et être composées d’un maximum de légumineuses, luzerne, trèfle blanc, etc. susceptibles d’apporter un maximum de protéines en remplacement du soya américain et les tourteaux industriels. Comme dit le CRA-W, il faut « rendre ainsi à la prairie ses lettres de noblesses ». Plus question donc de retourner un are de prairie.

Entre deux rotations les prairies temporaires retournées devraient recevoir des mélanges variés de céréales, pois, triticale, avoine, épeautre, lupin… tous riches en protéine.

Ces différentes pratiques peuvent remplir 3 fonctions essentielles :

– Produire une viande de toute première saveur et qualité ;

– Se passer des interventions d’intrants chimiques tant engrais que phyto ;

– Jouer un rôle essentiel au niveau de la biodiversité et du captage du CO2.

Pour atteindre une telle qualité de viande avec exclusivement des productions fermières en autonomie fourragère totale, certaines races bovines donnent plus de possibilités. Elles peuvent arriver à une finition adéquate à la fin de l’engraissement uniquement avec les aliments de la ferme signalés plus haut.

Une valorisation

en circuit court

Autre condition pour garantir aux consommateurs la qualité mais aussi un maximum de traçabilité et un circuit le plus court possible, « l’éleveur doit intégrer une logique d’économie circulaire » vers des circuits courts où son produit sera mieux valorisé.

Pas mal de producteurs ont entrepris de réaliser cette valorisation par des boucheries à la ferme. Cela n’est pas toujours à la portée de tout le monde, mais des créations coopératives existent et permettent aux producteurs de conserver collégialement la valorisation de leurs produits. L’une ou l’autre existe depuis longtemps, pour n’en citer qu’une, Agrisain-Coprosain qui depuis 35 ans poursuit 4 objectifs :

– juste prix aux producteurs ;

– saveur et qualité de la viande ;

– relation entre producteurs et citoyens consommateurs ;

– autonomie des fermes et ainsi sauvegarde d’une agriculture fermière en Wallonie.

Vaches mais aussi

cochons, poules et moutons

L’élevage bovin n’est pas la seule branche de l’agriculture wallonne. Même si elles sont moins développées les productions porcines, avicoles, ovines existent. Et certaines se sont malheureusement quasi totalement industrialisées. Notamment, le secteur porcin où, dans beaucoup de cas l’industrialisation est totale, avec des conséquences parfois dramatiques pour les éleveurs. Rares sont les petits éleveurs avec quelques truies et quelques dizaines de porcs à l’engrais qui ont résisté notamment grâce à des structures coopératives. Très souvent d’ailleurs des producteurs de porcs familiaux ont abandonné face aux mesures administratives excessives imposées par l’Afsca.

Mais heureusement dans les 3 ou 4 secteurs que nous venons d’évoquer, des initiatives de coopératives et de boucheries à la ferme ou circuit court laissent entrevoir des pistes favorables pour la sauvegarde de notre agriculture paysanne Wallonne.

Jean Frison

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