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Philippe Grogna, directeur de Biowallonie: «Créer des liens et de la coopération entre les filières»

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Nous vivons une période instable à bien des égards. Le secteur agricole n’échappe pas à ce constat. Il y est même directement lié ou en dépend. Il est dès lors bien délicat de se prononcer sur ce que sera globalement l’agriculture wallonne en 2030. Tout au plus est-il permis d’imaginer quelques possibles pour le futur.

L’agriculture devra inévitablement proposer des réponses à divers enjeux dont certains sont déjà identifiés à ce jour : changements climatiques, enjeux environnementaux, souveraineté alimentaire, accès à la terre, coûts des matières premières et des énergies…

À ces égards, j’imagine – et j’espère – une agriculture avec une approche plus systémique qu’actuellement, avec des liens plus importants entre les différentes filières en termes de flux de matières, notamment. Cette approche peut permettre à l’ensemble du tissu agricole de se développer globalement plus équitablement tout en optimisant les ressources locales.

L’agriculture est toujours plus sollicitée en tant qu’acteur environnemental afin de répondre à l’amélioration de la qualité des eaux, de l’air, de la biodiversité… Cela commence par une agriculture dont la production est en phase avec son contexte pédoclimatique et donc où le type et la quantité de production est adaptée à la zone considérée. Cela peut permettre, par exemple, de réconcilier une frange de la population avec la production viandeuse, de réduire certaines pressions environnementales…

On parle beaucoup de relocalisation de la production et de la valorisation. Celle-ci ne sera pleinement possible que si une véritable structuration des filières a lieu et implique fortement la production. Ceci est particulièrement vrai pour le secteur bio. Je souhaite que dans les dix prochaines années, cette structuration soit bien avancée, car elle permet de garantir sur le long terme la valorisation des productions. Cette structuration conditionne la pérennisation des différents modèles agricoles.

Plus impliqué dans le secteur bio, je suis convaincu que ce celui-ci en particulier peut répondre à une grande partie des préoccupations sociétales actuelles. Le plan wallon de développement du secteur bio à l’horizon 2030 ambitionne 30 % de la surface agricole utile en bio. L’Europe fixe cet objectif à 25 % de la surface agricole utile. La Flandre sera certainement en retard par rapport à cet objectif. Elle peut toutefois jouer un rôle dans la valorisation d’une partie de ces productions, en termes de transformation et de commercialisation notamment.

Avec tous ces objectifs affichés et les enjeux majeurs énoncés plus haut, il apparaît de plus en plus clairement que la clé de voûte sera la coopération. L’alignement des valeurs, missions et rôles des différents acteurs permettra de créer les synergies les plus productives et efficaces possibles.

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