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Les terres agricoles: «Espèces» menacées?

Après les bétons, asphaltes, bâtiments administratifs, voici que les panneaux photovoltaïques deviennent de nouveaux prédateurs de terres agricoles.

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« Verte campagne où je suis né » chantaient Les Compagnons de la chanson.

Ce paysage verdoyant, chatoyant de Wierde « va passer au bleu » : la couleur unie et sans vie de milliers de panneaux photovoltaïques. Pour installer ceux-ci, n’y aurait-il pas assez de friches industrielles, de talus d’autoroutes, de toits dans ces immenses zonings qui ont déjà couvert tant de surfaces agricoles ?

De moins en moins de terres sont disponibles, leur prix devient inaccessible pour les agriculteurs. À Wierde, près de Namur, ces panneaux couvriront la moitié d’une parcelle de 13 hectares.

Le projet ne sera pas soutenu par la région wallonne. Tenace, la ville de Namur proposera un second projet comportant 23.000 panneaux, on l’appellera d’un nouveau nom plus « sympa », à leurs yeux du moins : « agrivoltaïque » et le problème était réglé. Je suppose que les supports plantés dans le sol vont se mettre à pousser ! Voici le stratagème employé par la ville pour obtenir l’assentiment de tous ses mandataires : l’introduction d’un troupeau de moutons dans ce périmètre. Tout qui a lu « Le petit prince » d’Antoine de St Exupéry a gardé une image bien sympathique de ces petits moutons. Les bobos qui ont voulu éloigner de ce paysage les vaches produisant du méthane se sont-ils trompés car les moutons sont aussi des ruminants émettant le même gaz ?

Veillant à leur bien-être et à leur environnement, nous espérons qu’ils ne seront pas utilisés pour brouter l’herbe sous les panneaux. Cette végétation, manquant de luminosité et de photosynthèse ne pourra assurer ni son rôle de fixation de carbone ni être un bon fourrage.

Le deuxième stratagème sera le placement de 50 ruches. Les milliers de panneaux, les quatre cabines électriques, les quatre transformateurs… sont-ils le meilleur environnement pour les abeilles ? Vu une telle concentration de ruches, elles devront en parcourir des distances pour butiner. Ne serait-il pas plus simple de demander à cinq fermiers distants les uns des autres, quelques mètres carrés pour y placer 10 ruches près du colza ou de la phacélie en contrepartie d’un pot de miel ? Cette option est-elle trop simple et trop peu coûteuse pour certains ?

Une nouvelle demande de permis est faite à Barvaux sur 5 hectares et d’autres suivent…

Heureusement, le Ministre de l’agriculture a les pieds sur terre et veillera dorénavant au grain.

Nous devons déjà importer tant d’aliments moins contrôlés que les nôtres. Ne gaspillons pas nos surfaces agricoles pendant que d’autres déforestent sinon nous risquons un jour de manquer de bonne nourriture.

Bravo à ceux qui placent le maximum de panneaux aux bons endroits, à ceux qui prennent soin des abeilles. Les facultés agronomiques doivent aussi veiller à protéger notre patrimoine agricole.

André Jadin,

Meux.

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