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Glyphosate: «Personne ne veut vendre des produits nocifs»

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Le débat fait rage en Europe et aux États-Unis autour du glyphosate, cet herbicide dont certaines études indiquent le caractère cancérigène. Des documents publiés par la justice américaine dévoilent les techniques mises en place par Monsanto (Roundup) pour discréditer ces études (intimidation de scientifiques…). C’est désastreux pour l’image de votre industrie non ?

Un des gros problèmes nés d’une fusion éventuelle entre Syngenta et Monsanto aurait été la différence de culture. Je n’en dirai pas plus (rires…). C’est sûr que notre industrie a besoin de communiquer de façon beaucoup plus positive. On doit mieux faire comprendre le risque que la planète court de ne plus pouvoir nourrir sa population dans les décennies prochaines. Quand j’ai commencé dans ce secteur, j’ai été surpris par la virulence des attaques. Nous sommes tous des pères et mères de famille. Personne ne veut vendre des produits nocifs pour la santé des gens. Nos 28.000 travailleurs sont passionnés par ce qu’ils font et convaincus qu’ils travaillent pour le bien de la planète. Lire sans arrêt ces critiques qui ne sont jamais fondées sur des faits concrets n’est pas toujours agréable. Mais il faut continuer à communiquer et ne pas agresser les gens. Il faut aussi leur laisser le choix. S’ils n’ont pas envie d’OGM, on a d’autres semences. C’est ce qui nous différencie de Monsanto. On pâtit de la polémique autour de cette société depuis des années. On est mis dans le même sac alors que nos politiques commerciales et de communication ont été extrêmement différentes.

Il y a tout de même des études sérieuses qui indiquent que le glyphosate est probablement cancérigène et vous en vendez…

Il n’y a aucune preuve scientifique de la dangerosité du produit. Le problème des études scientifiques, c’est qu’on peut toujours trouver des gens qui ont des interprétations différentes. De notre côté, nous n’avons jamais rien trouvé. Depuis trois ans nous avons décidé de diminuer nos ventes de glyphosate. Non pas à cause d’un danger présumé pour la santé mais parce que c’est un herbicide non sélectif. On pense que pour protéger l’environnement, il vaut mieux utiliser des herbicides plus ciblés qui nécessitent moins d’arrosage.

Que pèsent les ventes du glyphosate chez Syngenta ?

On était à un milliard de dollars il y a quelques années. Nous sommes aujourd’hui à 600 millions et ça continue de baisser.

Propos recueillis par J.-F. M.

Le Soir

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