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La boue séchée,

un avantage pour l’épurateur et l’agriculteur

En 2013, suite à des travaux de rénovation et modernisation, une nouvelle filière de traitement des boues a été mise en service au sein de la station d’épuration de la vallée de la Dyle, à Basse-Wavre. Cela fait déjà deux campagnes que plus de 1.000 tonnes de boues séchées sous forme de pellets sont valorisées en champs, avec les avantages agronomiques, de stockage et de transport qu’elles offrent au producteur comme aux utilisateurs.

Temps de lecture : 5 min

Avec sa capacité d’assainissement des eaux usées de 201.000 équivalents habitants, la station d’épuration de la Vallée de la Dyle exploitée par l’Intercommunale du Brabant wallon (IBW) est l’une des plus grandes stations de la province.

Modernisation

Elle a été mise en service en 1985 pour assainir les eaux usées de 165.000 équivalents habitants, mais, début du siècle, ses capacités sont devenues limitantes et la station n’était plus en conformité par rapport aux normes européennes actuelles de rejet en phosphore et azote. C’est pourquoi des travaux de rénovation et de modernisation ont été entrepris de 2009 et 2013 avec, dans la foulée, la mise en service d’une nouvelle filière de traitement des boues et l’investissement dans un système de séchage thermique, de pelletisation et de stockage des boues.

Valorisation des boues en agriculture

En 1985, l’IBW a été pionnière en matière de valorisation agricole des boues issues de l’épuration des eaux usées urbaines. Elle est la première à effectuer des essais de traitements de prairies et de champs avec cette matière et privilégie rapidement cette filière plutôt que la mise en Centre d’Enfouissement Technique (interdite depuis 2007) ou la valorisation énergétique par brûlage des boues. La quasi-totalité des boues est valorisée en agriculture dès 1987. « Depuis, nous avons toujours défendu cette filière, et ce, avec plus ou moins de facilité, je pense notamment aux modifications du contexte légal, aux crises alimentaires, aux crises économiques, à la méfiance du secteur agricole ou la concurrence d’autres secteurs tels que les drèches de brasseries ou déchets de sucrerie… », explique Pierre Boucher, président de l’IBW.

D’après lui, il s’agit de « la » solution écologique et économique, tant pour les épurateurs que pour les agriculteurs car elle permet de diminuer le recours aux engrais minéraux, de réduire les prélèvements miniers, elle engendre moins d’émissions de CO2 par rapport à l’incinération et stimule la biomasse des sols. « C’est d’autant plus vrai en Brabant wallon car les exploitations agricoles sont déficitaires en matières organiques et amendements », ajoute-t-il.

Aujourd’hui, l’IBW est la seule intercommunale capable de gérer de manière indépendante l’ensemble du flux de matière. Plus de 97 % de la production de boue est valorisée en agriculture. « Les agriculteurs ont la garantie d’obtenir un service et un produit de qualité et cela gratuitement », dit Pierre Boucher.

Techniquement

En pratique, les boues mixtes, composées de boues primaires et secondaires (voir encadré), sont épaissies et leur concentration est multipliée par trois. Ces boues, ainsi que les boues externes, provenant de petites installations non équipées, et les boues tertiaires sont digérées. « Toute la ligne est pensée afin de réduire au maximum la quantité de boues. La digestion permet de la réduire de 30 % ». Les produits de cette digestion sont les boues, l’eau et le biogaz.

Le biogaz est converti, d’une part en énergie thermique réinsérée dans le processus de digestion, et d’autre part, en énergie électrique par l’alimentation d’un moteur de cogénération d’une puissance de 366 KWh.

Les boues sont ensuite chaulées et séchées, pour finalement être conditionnées sous forme de pellets et stockées sur place.

Le choix du système de séchage thermique et pelletisation s’est fait avec pour objectifs de disposer d’un produit mieux conditionné et stable dans le temps.

Cette filière présente également l’avantage non négligeable de diminuer les coûts de stockage, de manutention et de transport des boues. En effet, en passant de 3 % à 90 % de teneur en matières sèches, la boue divise par 10 sa masse d’eau. « Il s’agit d’un produit sec, moins volumineux, pouvant être stocké sur une longue durée sans altération. Il est transporté au moment de son utilisation et non de sa production comme c’est le cas pour les boues déshydratées traditionnelles stockées au bord des champs » explique François d’Ursel, responsable de la Cellule « valorisation des boues ».

Il continue : « Pour l’agriculteur, il s’agit d’un amendement complet qui apporte à la fois de la matière organique et de la chaux et qui améliore la structure du sol en agissant positivement sur le pH, le taux d’humus, l’azote et le phosphore nécessaire à la plante. Les périodes d’épandage sont également plus nombreuses et son application se fait à l’aide de matériel traditionnel. Enfin, d’un point de vue visuel et olfactif, les pellets peuvent également représenter un atout et limiter les nuisances auprès de la population ».

Traçabilité assurée

François d’Ursel garanti la traçabilité totale de la filière : « L’utilisation de ces matières est régie par une législation pointue, soumettant le producteur comme le valorisateur à de nombreuses contraintes et impliquant de ce fait une qualité de produit comme de service irréprochable ». « Avant toute utilisation, les boues font l’objet d’une analyse et d’une certification par Gembloux Agro-Bio Tech (Ulg). De même, l’ensemble des parcelles de réception subissent des analyses de sol, réalisées par le centre agronomique de la province du Brabant wallon ».

4t/ha

En moyenne, l’IBW écoule 20.000 tonnes de boues déshydratées fraîches stockées au champ et 2.000 tonnes de boues séchées au départ de la station, auprès de 150 des 900 agriculteurs du Brabant wallon.

Avec un avis favorable, les boues peuvent être appliquées tous les trois ans sur une parcelle, à environ 20 tonnes/ha pour les boues déshydratées classiques et 4-5 tonnes pour les pellets. Les vergers et terres destinées au maraîchage et à la pomme de terre font l’objet du principe de précaution et l’épandage de boues y est interdit.

D.J.

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