La réussite de la levée est déterminante pour la réussite de la culture. Elle dépend de la qualité des semences, de la préparation idéale du lit de semis et de la forme de la ligne de semis pour limiter les risques de battance et de la météo.
Choisir la variété…
Les catalogues nous proposent des lignées et des hybrides F1. Les variétés sont nombreuses et aucune n’est parfaite.
Lorsque la récolte est programmée à une date unique, la maturité est un critère de choix. Pour un maraîcher souhaitant étaler les récoltes, plusieurs dates de semis seront souhaitées, et il faudra tenir compte de l’évolution des variétés à surmaturité. Certaines tendent à produire un collet émergeant de terre et qui se colore de vert ou de rouge (touchonnage), d’autres se galbent en leur centre ou en leur extrémité, d’autres enfin tendent à éclater.
Les catalogues des semenciers nous apportent les dates idéales de culture dans nos conditions.
… Et les semences
Les semences peuvent être nues, pelliculées, mini-enrobées, enrobées. Elles peuvent aussi avoir subi des traitements destinés à hâter la levée et améliorer la germination. Ce sont le plus souvent des traitements thermiques réalisés chez le semencier.
En particulier pour les graines nues, chaque lot à des poids de 1.000 grains différents de celui d’autres lots. Vérifier avant de semer, refaire le réglage des semoirs volumétriques après chaque changement de lot.
Le zéro de germination est de 2,3 ºC, avec un maximum de 35 ºC. Les meilleures levées sont constatées entre 20 et 25 ºC. La germination (50 %) est constatée à 60 ºC.jours et l’émergence à 130 ºC.jours.
Rotation : 5 ans minimum
La texture du sol et son indice de drainage sont les facteurs limitants pour cultiver la carotte tôt et tard en saison. Mais le maraîcher ne peut pas vraiment choisir ses champs. Par contre, il peut choisir les cultures et les époques de production en fonction des conditions pédoclimatiques de ses parcelles.
Idéalement, la rotation pour la carotte sera d’au moins 5 années. Les rotations trop courtes font rapidement apparaître des dégâts de champignons du sol, comme les Rhizoctonia.
Le précédent cultural laissera une bonne structure de sol et de faibles à moyens reliquats azotés. Les excès d’azote sont défavorables aux qualités gustatives de la carotte et favorisent plus le feuillage que les racines.
Le feuillage de la carotte est très sensible aux brûlures par le vent. Les haies brise-vent (voir Le Sillon Belge du 15 janvier) et les voiles (voir Le Sillon Belge du 20 mars 2015) apportent une amélioration des résultats des cultures de carottes.
Préparer le sol
Le sol doit être ameubli sur au moins la profondeur correspondant à la longueur des racines. Plus que le choix des outils, c’est leur réglage et les conditions de portance et d’humidité du sol qui seront déterminantes.
La préparation du sol commence par les déchaumages après la culture précédente. Les façons superficielles répétées alors que la température du sol est encore supérieure à 12 ºC permettront de réduire les populations d’insectes ravageurs du sol. Le labour ou le non-labour peuvent convenir, pourvu que le sol soit décompacté.
Ensuite, le lit de semis doit être à la fois grumeleux pour résister aux pluies battantes et contenir de la terre fine en suffisance pour que l’élément semeur puisse mettre la semence en contact franc avec le sol.
Semer à la bonne densité
La semence sera déposée à une profondeur de 0,7 à 1 cm en sol battant, 1,0 à 1,3 cm en sol non battant, un peu plus pour les semences enrobées. Elle sera plombée au sol par la roue plombeuse dont le bon réglage est une des clés de la réussite. La pression au sol doit être réglable. Elle sera de l’ordre de 1 kg par cm de largeur de la roue plombeuse pour les sols limoneux légers (exemple, pression au sol de 3,5 kg pour une roue plombeuse de 3,5 cm de largeur).
La densité de semis influencera la population, elle-même à la base de la répartition calibraire des carottes à la récolte. Assez logiquement, les carottes d’une population excessive seront trop fines, et inversement.
En théorie, nous visons une population de 100 à 120 carottes par m² en culture de carottes hâtives et de 100 à 180 carottes par m² en carottes de garde. Pour y arriver, nous devons estimer le coefficient d’efficacité du semis. Celui-ci dépend des conditions de semis en pratique (température du sol, pluviosité avant et après le semis, qualité du lot de semences, nature du sol, qualité de la préparation du sol). Nous essayons de rester dans la fourchette de 65 à 80 %.
Lorsque les conditions de semis sont mauvaises, nous courrons le grand risque d’une forte hétérogénéité des populations de plantes effectivement en croissance et donc du résultat final. Notons que les sols sensibles à la battance peuvent voir le coefficient d’efficacité descendre rapidement à 50 %, avec de fortes hétérogénéités dans la parcelle.
Plusieurs facteurs de réussite
De manière assez généralisée, le semis s’effectue sur buttes étroites sur lesquelles les semences sont posées en semis éclaté. Mais rien n’empêche les maraîchers disposant d’un semoir d’un autre type de semer sur ados ou à plat, en lignes en cordon ou en lignes éclatées. C’est la densité de la population et son homogénéité qui comptent, donc la qualité des semences, la bonne préparation du sol et du lit de semis et le bon plombage de la ligne de semis. Les réglages sont fins, ils sont préparés à la ferme, sur une surface dure.
Quand tout est bien choisi, réglé et appliqué, la réussite dépendra finalement des conditions d’humidité du sol au niveau du lit de semis. En cas de vent séchant, tout peu basculer avec une population qui s’établit en deux ou plusieurs fois, des hétérogénéités de stades qui s’ajoutent aux hétérogénéités de sol.
Les voiles et bâches plastiques perforées sont des techniques de protection des semis intéressantes chez les maraîchers, mais leur coût en limite l’usage pour les carottes destinées à l’industrie.
Fertilisation et exportation
La fertilisation de la carotte est basée sur l’analyse de sol. Le profil azoté sur 0-60 cm, la teneur en humus et le pH servent de base pour l’estimation des apports azotés. L’analyse de base permet d’ajuster les apports en potassium et magnésium.
Les exportations se font par les racines seules pour les carottes de garde et par les racines et les feuilles pour la vente de carottes en bouquets pour le marché du frais.
Tenir la culture propre
Sous cahier de charge bio comme en conventionnel, les faux semis, le désherbage thermique peu avant la levée, les binages et le désherbage manuel permettent de tenir la culture propre.
En conventionnel, des produits à base de linuron, de chlomazone et de pendimethyaline peuvent être employés en préémergence. Linuron, metribuzine et prosulfocarbe seront les bases des produits utilisables en postémergence, à côté d’antigraminées spécifiques. Voir www.fytoweb.be.
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La semaine prochaine, la protection de la culture sera au centre de notre attention.
F.
