Mes arbres fruitiers ne produisent pas… Pourquoi? Comment y remédier?
Quoi de plus décevant que de prendre soin d’un arbre, saison après saison, sans que celui ne produise le moindre fruit ? Heureusement, une fois la cause de cette non-production identifiée, des solutions permettent d’y remédier.

À la recherche des causes…
Identifier la ou les causes possibles d’une non-fructification d’arbres et d’arbustes fruitiers se fait en formulant en cascade une série de questions dont les réponses permettront de cerner peu à peu l’origine du problème.
1. Informations générales : l’espèce, la ou les variétés, l’emplacement, l’âge, le comportement antérieur de l’arbre… et tous les autres renseignements qui pourront être utiles.
2. L’arbre/arbuste porte-t-il des fleurs ? NON ou OUI : une question fondamentale.
3. 1. Si la réponse est « NON » :
– destruction des fleurs par les gelées printanières ;
– chute des très jeunes fruits en juin-juillet (= « chute de juin ») due soit à une pollinisation insuffisante (absence d’un bon pollinisateur – conditions climatiques défavorables et faible activité des butineurs pendant la floraison : froid, vent, pluie…), soit à une vigueur trop forte (arbres jeunes, taille de rajeunissement trop sévère…) ;
– chute des fruits en fin d’été, un mois avant la maturité normale : sécheresse du sol, attaque de ravageur (carpocapse des pommes – poires – prunes), ou éclaircissage insuffisant (les fruits d’un même bouquet se gênent et l’un d’eux s’arrache) ;
– de manière générale, le grossissement des fruits est lent et s’arrête, peu ou pas de chute de fruits ; la croissance des arbres est faible : dégâts de grand campagnol, sécheresse du sol ;
– sur pommiers, de manière éparse, certains fruits ne grossissent pas et restent accrochés à l’arbre jusqu’en fin de saison ; ils sont difformes et de teinte vert-rougeâtre ; les rameaux sont déformés, portant des feuilles petites et recroquevillées : conséquence d’attaques de puceron cendré (
– 3.2.5.fruits très ou trop nombreux ne grossissant pas ; croissance faible ou nulle : si c’est un arbre âgé non taillé ou élagué depuis plusieurs années, faire une taille de rajeunissement en deux ou trois ans ; si après plusieurs années la situation ne s’améliore pas, considérer que l’arbre est arrivé au stade sénile.
Les remèdes à appliquer : obtenir des fleurs…
La plupart des espèces fruitières portent des fleurs hermaphrodites, c’est-à-dire munies des organes des deux sexes : un ovaire contenant un ou plusieurs ovules, qui évoluera en un fruit, et plusieurs étamines qui fourniront le pollen fécondateur. Quelques espèces portent des fleurs unisexuées sur la même plante : noisetier – noyer – châtaignier ; les Actinidias portent, sauf exception, des fleurs unisexuées sur des plantes distinctes.
Selon les espèces, les fleurs contenues dans un bouton ou un chaton apparaissent sur des rameaux d’âge différent : rameau de l’année même chez la vigne, rameau de l’année précédente chez les espèces à noyau, rameaux de différents âges chez les espèces à pépins.
… et assurer leur fécondation
La fructification va dépendre de plusieurs facteurs : la simultanéité des floraisons mâle et femelle, la qualité et la compatibilité du pollen, et le transfert de celui-ci vers les stigmates, ainsi que les conditions climatiques. Les deux premiers points sont à prendre en compte dans le choix des variétés lors de la création d’un verger ou d’un réaménagement. Les pépiniéristes disposent de tableaux qui permettent de choisir en connaissance de cause (voir les sites Biodimestica et/ou Certifruit où sont envisagées une trentaine de pommes, et de poires, une vingtaine de prunes et une quinzaine de cerises).
Les conditions climatiques vont influencer à la fois le transfert du pollen et le processus de fécondation proprement dit : germination du pollen – croissance du tube pollinique – double fécondation. La formation du fruit ne commencera qu’une fois que la fécondation de la fleur est réussie.
Favoriser le transfert du pollen
La distance que doit parcourir le pollen entre les anthères et les stigmates est très variable. Chez les espèces à fleurs hermaphrodites auto-fertiles, elle peut n’être que de quelques millimètres seulement par exemple chez la vigne et les pêchers, griottiers, certains cerisiers à fruits doux et certains pruniers. Elle sera de quelques mètres chez les espèces à fleurs hermaphrodites autostériles (espèces à pépins) et chez les espèces monoïques ou dioïques.
Le transfert du pollen est assuré par le vent dans quelques cas (vignes, noisetiers, noyers, châtaigniers), et plus généralement par les abeilles domestiques et par les insectes butineurs sauvages. La présence de ces derniers est donc un facteur important de réussite de la fécondation et de la fructification de nos fruitiers. Dans le cadre d’un jardin, elle peut être favorisée par différents dispositifs que l’on a baptisé « hôtels à insectes ».
L’activité de ces auxiliaires est moins dépendante des conditions climatiques (vent, pluie et froid) que celle des abeilles domestiques. Mais il a
Garantir la fécondation des fleurs
Les grains de pollen qui ont été déposés sur le ou les stigmates des fleurs doivent germer puis développer leur tube pollinique dans le canal du style. Ensuite interviendra la double fécondation dont résulte la formation de l’embryon et de l’albumen de la graine.
Ce processus complexe est régi par une série de facteurs internes : une pression osmotique correcte qui permet l’absorption d’eau par le grain de pollen, la présence d’hormones et de substances nutritives qui stimulent la croissance du tube pollinique, etc. Dans un même style, la vitesse de croissance du tube de différents pollens peut être très variable : on assiste en quelque sorte à une course de vitesse où le premier arrivé au but assurera la fécondation. On assiste aussi dans cette course de vitesse à des abandons : la croissance du tube de certains pollens incompatibles s’arrête faut de trouver des conditions qui leur sont favorables.
La température ambiante joue aussi un rôle important puisqu’elle influence la vitesse de croissance des tubes polliniques. Or ils doivent atteindre les ovules alors que ceux-ci sont encore réceptifs. La température favorise aussi la fécondation proprement dite.
Contrôler le développement des fruits jusqu’à maturité
À la fin de la floraison, l’ovaire des fleurs non fécondées jaunit et se dessèche, puis en général il tombe ; c’est la « chute post-florale ». Il peut arriver qu’il noircisse et reste accroché à l’arbre pendant toute la saison.
Après la fécondation du ou des ovules, l’ovaire de la fleur va prendre une teinte verte plus foncée. Il se divise intensément pendant une période qui dure approximativement quatre semaines. Ce processus demande une bonne alimentation des tissus en éléments minéraux présents dans la plante et puisés dans le sol, en hormones endogènes produites dans les feuilles, mais aussi une température ambiante élevée. Après quoi le grossissement des fruits résultera de l’agrandissement des cellules formées. L’arboriculteur devra veiller à une bonne alimentation des arbres en eau et en éléments minéraux, ainsi qu’à un bon état sanitaire du feuillage tout au long de la belle saison.
Chez certaines variétés de poiriers, il
En comparaison avec des fruits issus de fécondation, les poires parthénocarpiques ont une forme différente, plus allongée ; elles sont aussi dépourvues de pépins. En cas de doute quant à la fécondation naturelle des fleurs, cette technique garantit la fructification, par exemple chez ‘Conférence’ ou ‘Durondeau’. Elle a moins ou peu d’effet sur ’Doyenné du Comice’, ‘Beurré A.Lucas’,’Beurré Hardy’, ‘Louise Bonne d’Avranches’ ; elle n’a pas d’effet sur ‘Triomphe de Vienne’.
De la mi-juin à la mi-juillet, un certain nombre de jeunes fruits mal fécondés ou en surnombre vont cesser de croître puis se détacher et tomber : c’est la « chute de juin ». Si elle n’est pas suffisante, elle devra être complétée par un éclaircissage manuel ; on laissera chez les espèces à pépins un seul fruit par 8 à 10 cm de rameau, en veillant à ne laisser qu’un (ou deux ?) fruits par bouquet, chez les pruniers, un seul fruit par 4 à 5 cm de rameau, et chez les pêchers, un seul fruit par 8 à 10 cm de rameau.
Peu avant la date normale de maturité des fruits, on peut encore observer une chute. Chez les pommiers et les pruniers, il peut s’agir de fruits attaqués par des carpocapses (= « vers de fruits ») ; chez les pommiers dont le pédoncule des fruits est court, elle peut aussi être due sur des fruits intacts aux tensions mécaniques entre fruits d’un même bouquet lors de leur grossissement. À cette époque, la sécheresse du sol peut aussi être cause d’une chute prématurée.
Paradoxalement, si l’influence de l’identité du pollen sur le nombre de fleurs fécondées chez une variété a été souvent évaluée, son influence sur le calibre final des fruits charnu est rarement évoquée probablement parce que l’information génétique apportée par le pollen se localise dans l’embryon et l’albumen des graines. Mais la question de l’existence ou non d’une « métaxénie » (= influence du mâle fécondateur sur des parties femelles d’une plante) reste posée.
Wépion