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La fertilisation foliaire a le vent en poupe

Il n’a aucune minute à perdre pour l’usine de fabrication d’engrais foliaires de Yara à Pocklington, près de York, au Royaume-Uni. En prévision de la mise en route d’une usine similaire au Brésil, en 2018, l’entité anglaise fonctionne à pleine capacité. Un engouement que Brecht Stock, sale manager pour Yara Benelux, explique par le succès de la fertilisation foliaire. Un investissement qui, il en est convaincu, a un coût relativement faible et une bonne rentabilité.

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Yara produit des engrais et des produits chimiques azotés. La société cotée en bourse a été créée en 2004 après le fractionnement de Norsk Hydro. Elle est aujourd’hui un des leaders mondiaux dans les engrais et emploie environ 13.000 travailleurs. En 2015, elle a enregistré un chiffre d’affaires de près de 12 milliards d’euros.

Yara possède également une grande unité de production d’engrais à Sluiskil, en Flandre zélandaise, le long du canal Gand-Terneuzen. C’est là qu’est également produit l’AdBlue Air 1, une solution d’urée utilisée pour réduire les gaz d’échappement des véhicules diesel, notamment les tracteurs.

Spécifique à la culture

Mais attardons-nous plus particulièrement sur le site de production d’engrais de Pocklington. Les produits de cette fabrique sont surtout connus chez nous sous le nom YaraVita. La firme possède une gamme de produits simples dans lesquels on trouve, par exemple, uniquement du bore ou du cuivre.

À côté de cela, elle propose également un certain nombre d’engrais foliaires spécifiques tels que Yara Vita Gramitrel (pour les céréales), Solatrel (pour le maïs et la pomme de terre) et Brassitrel (pour les betteraves et le chou).

En 2006, le site de Pocklington a été totalement repris par Yara. Auparavant, l’usine était connue sous le nom de Phosyn. Aujourd’hui, elle emploie environ 100 ouvriers qui produisent 32 millions de litres ou de kilos de produits liquides ou en poudre. En plus des produits de fertilisation foliaire, l’entreprise conçoit également de la matière pour l’enrobage de semences ou d’engrais.

La perte de récolte comme symptôme

« L’acquisition de Phosyn par Yara a donné une nouvelle impulsion. La société a investi massivement dans de nouvelles installations. », estime Mike Beesley, Business Development Manager chez Yara. « Nous ne sommes pas la plus grande division au sein de Yara, mais on observe chez nous une des plus fortes croissances ». Selon Mike Beesley cela s’explique par la popularité croissante des engrais foliaires. Une popularité qui résulte d’une plus grande sensibilisation des agriculteurs au rôle des micronutriments. En effet, quand ceux-ci ne sont pas suffisamment présents, ils peuvent avoir un effet inhibiteur sur la plante.

Tout le monde connaît la nécessité de l’azote, du phosphore et du potassium pour la plante. Mais le calcium, le magnésium, le soufre, le bore, le cuivre, le fer, le manganèse, le molybdène et le zinc ont également un rôle à jouer. Ces éléments n’interviennent qu’à hauteur de quelques grammes par hectare. « Ce qui signifie que l’investissement est relativement faible », déclare Mike Beesley. En pratique, il n’y a aucun cas ou un oligo-élément est totalement absent mais des déficits existent.

Selon Brecht Stock, des échantillons de Spurway analyse Altic ont mis en évidence des déficits en manganèse et cuivre disponibles pour les plantes. « Ces manques sont peu visibles sur le terrain, le premier symptôme observable est la perte de récolte ». Ce sont les analyses de sol qui fournissent la réponse la plus claire à la présence de tels déficits mais Yara a également développé une application « CheckIt » basée sur des photos pour aider les agriculteurs à diagnostiquer des déficits importants.

Brésil

Les produits de fertilisation foliaire sont vendus dans 72 pays. Ils ne sont pas seulement populaires en Europe : « Le marché brésilien est aussi important que l’européen », explique Mike Beesley. Le soja ogm roundup ready y est pour beaucoup puisque Yara propose un engrais foliaire pouvant être mélangé au roundup.

Ironiquement, les monocultures, assez répandues en Amérique latine, offrent également des possibilités supplémentaires à l’amélioration de l’alimentation foliaire. « Les conséquences de la monoculture sont l’extraction de certains micronutriments et une protection des cultures plus difficile qui nécessite davantage d’interventions », dit Mike Beesley.

En mélange

Cette situation met en évidence une considération pratique pour l’application ou non d’engrais foliaire. En effet, pour les agriculteurs, il est important que l’engrais foliaire puisse être mélangé aux autres produits afin que cela ne les oblige pas à se rendre une nouvelle fois sur le terrain. « Notre objectif est de rendre nos produits « mélangeables » autant que possible », dit-il. Yara a donc développé une application « TankmixIT », également accessible via le site Web. Celle-ci permet d’obtenir des informations sur les milliers de combinaisons possibles entre les produits pesticides et les engrais foliaires. Yara s’engage également directement dans la réponse à des questions spécifiques sur des combinaisons non présentes dans la base de données. « Nous agissons au niveau des feuilles, nous ne pouvons nous permettre aucune erreur », assure Mike Beesley.

Sécurité maximale

Lors de la visite de l’entreprise, l’accent a également été mis sur la sécurité et la traçabilité. « Nous pouvons retracer tous nos produits depuis les matières premières jusqu’aux personnes ayant participé à leur élaboration », explique Mike Beesley. Le site de production respecte des normes de sécurité très strictes. Ainsi, la pureté des matières premières est sévèrement contrôlée. Tous les produits sont testés deux à trois fois en serres d’essais, sur radis. « En effet, le radis présente l’avantage de se développer rapidement mais est également très sensible », explique-t-il. La société travaille également avec des centres de recherches locaux.

Recherche et stratégie

Un certain nombre d’expérimentations sont également menées dans ces serres et, notamment des tests de régime de fertilisation en (micro)nutriments complet. Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les plantes privées d’azote, de phosphore ou de potassium qui souffrent le plus. Mais les autres micronutriments sont également nécessaires. Ainsi, sans bore, le tournesol ne fleurit pas.

Yara a développé quelque 120 formulations, qui ont chacune été testées. Ainsi, la gamme de produits simples, contenant souvent un seul élément, a nécessité beaucoup de recherches au préalable. « Un produit peut contenir jusqu’à 12 adjuvants. Il peut s’agir d’agents mouillants augmentant la surface de contact, d’agents épaississants empêchant la sédimentation, d’agents prolongeant la durée de vie du produit, ou encore d’un stabilisateur ou d’un antigel. « L’amélioration continuelle des produits existants est notre objectif principal », conclut Mike Beesley.

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