La mâche,un légume frais récolté au fur et à mesure des besoins
La mâche est une culture classique des fermes maraîchères diversifiées. Elle permet d’offrir un légume frais récolté au fur et à mesure des besoins. La culture s’adapte bien à nos conditions climatiques locales. C’est l’objet des propos de cet article.

Dans le marché saturé en permanence de produits frais de très haute qualité, les exigences commerciales de la mâche se sont adaptées. Une des grandes modifications fut le recours presque généralisé à la plantation de plantules sur mottes au lieu du semis direct. Enfin, les critères qualitatifs élevés ont amené l’abandon progressif de culture de plein air et sous chenilles, au profit des cultures protégées sont tunnels maraîchers et cultures sous ombrages pour l’été.
La mâche agrémente la 4e gamme de septembre à juin de manière traditionnelle, mais aussi aujourd’hui en période estivale avec ombrage partiel et concerne des exploitations hautement spécialisées. La récolte y est mécanisée.
La cultiver
Sur un sol ferme et appuyé
Dans les fermes maraîchères diversifiées, la rotation de trois ans est respectée facilement, vu les surfaces en jeu. Le maintien de fraîcheur du sol sans asphyxie est le principal critère pour la mâche. Lors de la préparation du lit de semis ou de plantation, il n’est pas souhaitable de travailler le sol en profondeur. Un sol bien ferme et appuyé et tout cas non foisonné convient le mieux.
Notons que la réalisation de faux semis permet de réduire les populations d’adventices à cycle court comme le mouron blanc, les galinsoges et le pâturin annuel, par exemple.
À grosses ou petites graines
Valerianella locusta regroupe des variétés à grosses graines (300 à 500 graines /gramme) et des variétés à petites graines (700 à 1000 graines /g). Les variétés à grosses graines donnent un feuillage plus ample, plus précocement, mais qui tient moins bien après récolte. Les variétés à petites graines sont le standard pour le marché du frais avec leur bonne tenue dans le rayon de présentation, la
La semence ne germe pas bien la première année après sa récolte, la période de dormance est assez longue. Par contre, elle conserve bien sa faculté germinative lors des 4 à 5 années suivantes.
Les sélectionneurs nous proposent maintenant des variétés adaptées à chaque période de l’année. Les qualités attendues sont la résistance aux maladies, la couleur du feuillage, la précocité.
Le plant en motte se généralise plus ou moins partout, même s’il revient plus cher. Chaque motte contient environ 5 plantules. Les lignes sont généralement distantes de 15 cm pour permettre une certaine aération des plantes.
Le semis en place est encore utilisé en plein air et sous tunnel dans les fermes non spécialisées. Pour les semis directs, les graines sont enfouies de 1 cm et bien plombée (roue plombeuse derrière le soc semeur ou roulage de la surface).
L’implantation en planches de 1,35 à 1,5 m d’axe en axe est commode pour l’entretien et les récoltes. La densité de plantation espérée sera de l’ordre de 180 à 200 plantes/m² de serre occupée ou 200 à 240 sur la sole nette (sans tenir compte des sentiers) pour les variétés à grosses graines. Elle sera du double pour les variétés à petites graines. Lors de plantation en mottes, les essais récents permettent de tendre vers une augmentation de la population finale, les risques de pertes par jaunissement des feuilles de la base étant moins importants.
La mâche est de plus en plus semée en mottes pressées et plantées au stade d’environ 4 feuilles pour les grosses mottes ou, plus fréquemment maintenant, au stade apparition de la première vraie feuille pour les mini-mottes.
Ce n’est pas l’objet de cet article, mais notons que pour la 4e gamme, la récolte se fait plus précocement et nous plantons deux fois plus densément pour s’y adapter.
La germination se passe au mieux dans la fourchette de température du sol de 12 à 16ºC. Au-delà de 20ºC, la germination est capricieuse ; en culture estivale, les bassinages et l’ombrage permettent d’améliorer la situation. Début avril, dès que les températures remontent, la mâche tend à monter à graines.
La résistance de la plante au froid est un facteur variétal et est meilleure encore pour les plantes qui ne sont pas encore à maturité.
L
De plein air
I
Conduite de la culture
Un compromis taille-jaunissement des feuilles pour la récolte
La date de récolte est choisie en tenant compte du compromis entre la taille et donc le poids de rosettes par m² et le jaunissement des feuilles de la base. Les barquettes de 100 g sont groupées en colis de 2 kg par exemple. La mâche est vendue lavée et parée, mais en vente directe, le lavage n’est pas systématique.
La récolte est de l’ordre de 0,8 à 1,0 kg/m² en frais et en culture sous abris. En culture de plein air, la récolte est de l’ordre de 0,5 kg/m². Lorsque la production est destinée à la 4e gamme, les exigences d’absence de feuille jaunie amène à récolte plus tôt et donc avec moins de production par m² : 0,5 kg/m² environ.
Lutter contre
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La mâche est sensible à la salinité, c’est un facteur fréquent d’échec dans les tunnels maraîchers lorsque la culture d’été a été trop peu irriguée. Cette culture est souvent la première à indiquer ce problème, avant les laitues ou d’autres plantes cultivées chez nous. Elle est, en quelque sorte, une plante indicatrice pour la salinité.
Oïdium (Erysiphe polygoni) : des taches rondes blanches apparaissent sur les feuilles sur lesquelles apparaît ensuite le duvet blanc du champignon. Les conditions sèches et chaudes favorisent l’apparition de la maladie. Plusieurs produits sont homologués.
Phoma (Phoma valerianellae) : Des taches noires évoluant en pourriture apparaissent sur la tige et les feuilles. C’est souvent le signe d’un problème de rotation mais aussi de qualité des semences et d’aération sous l’abri. Un sol gorgé d’eau favorise la maladie.
Pourriture grise (Botrytis cinerea) : des taches mycéliennes grises apparaissent sur la tige et les feuilles et provoquent leur pourriture. Cette maladie apparaît quand les conditions de croissance ne sont pas idéales. Plusieurs types de produits sont homologués en conventionnel.
Sclérotiniose (Sclerotinia scerotiorum et S. minor) : un duvet blanc dense envahit la base des plantes et s’étend rapidement dans la population voisine. Ce champignon polyphage est présent en pas mal de sites maraîchers. Plusieurs produits sont homologués, en préventif surtout.
Pourriture noire (Rhizoctonia solani) : les feuilles qui touchent le sol brunissent et pourrissent. Eviter la stagnation d’eau en surface du sol.
La mouche des semis : les larves de Delia platuraes rongent l’intérieur de la tige et la plante flétrit. L’hygiène d’exploitation (éliminer les débris de culture, rotation) et les filets anti-insectes sont des méthodes de lutte.
La mouche mineuse : Liriomyza huidobrensis et spp., pique les feuilles et les larves creusent des galeries dans le parenchyme des feuilles. La lutte consiste à détruire les déchets de récolte et à surveiller les vols avec des panneaux englués jaunes dès la levée. Plusieurs produits sont homologués.
Aleurodes : lutte difficile.
Chenilles défoliatrices : surtout en fin d’été. Plusieurs produits sont homologués.
Bactériose : Acidovorax valerianellae provoque l‘apparition de taches huileuses en bordure des feuilles. La maladie est surtout crainte lors de cultures répétées sur la même sole.
Pucerons : En cas de pullulation, les feuilles de mâche se crispent. Les auxiliaires peinent à réduire les populations en fin d’hiver et début de printemps.