Parmi les orateurs, Daniel Jacquet, du service technico-économique de l’Association wallonne de l’élevage (Awé), a étudié l’évolution du coût de revient par 100 l de lait entre 2007 et 2015.
Notons que les données présentées sont extraites des comptabilités de gestion des fermes spécialisées lait (c’est-à-dire possédant plus de 95 % de vaches traites).
Evolution constante des exploitations
Au regard de l’évolution du nombre d’hectares et du nombre de vaches par exploitation, il est évident que les fermes ont progressé de manière relativement conséquente entre 2007 et 2015.
Sur les 9 exercices étudiés, la superficie moyenne des exploitations est passée de 61 à 73 ha, soit une augmentation de 20 %.
Si la tendance est forte, elle l’est encore plus du point de vue du nombre de bêtes. « La densité de laitières/ha a augmenté de façon très constante. En moyenne, on est passé de 75 à 97 vaches par ferme, soit une augmentation de plus ou moins 30 % sur la période étudiée.
Beaucoup moins constante, l’évolution de la production laitière a été liée aux aléas climatiques, aux conditions économiques, ce qui a impliqué une évolution moins linéaire. « La tendance est évidemment à l’augmentation avec un pic en 2010-2011, suivi d’un gros creux en 2012. En cause ? Le mauvais prix du lait ! En 2015, on est à plus de 7.000l par vache, soit un gain moyen de près de 300 l par productrice en 9 ans.
La combinaison de l’augmentation du nombre de tête par ferme avec celle du rendement par vache fait croître la production par ferme. Et la croissance est nette. De 500.000 litres produits en moyenne en 2007, la production moyenne par ferme dépasse les 700.000 l en 2015.
Et la main-d’œuvre n’est pas en reste ! En effet, la production par unité de travail a augmenté de 80.000 l (de 320.000 l à 400.000 l) sur les 9 années étudiées. « Chaque unité de main-d’œuvre a donc produit 25 % de lait en plus alors qu’il n’y a pas eu de grandes nouveautés techniques. C’est donc un surcroît de travail dans le chef des exploitants », analyse Daniel Jacquet.
Et les coûts de production ?
Avant d’en venir aux coûts de production, l’orateur distingue deux types de charges : de structure, qui ne varient pas spécialement en fonction de la production, et les variables qui dépendent plus nettement du niveau de production, des intrants de l’exploitation pour assurer le niveau de production.
Afin de comprendre les figures ci-après, les charges de structures reprennent : les charges fixes de superficie fourragère (location, financement des terrains, amortissement du tracteur et du matériel), l’amortissement des bâtiments, l’amortissement des droits de production, les frais divers et l’intérêt sur le capital.
En ce qui concerne les charges variables, l’orateur distingue principalement les frais variables des superficies fourragères (engrais, phytos, semences.), l’alimentation du bétail et les frais de bétail. À noter que la rémunération du travail familial n’est pas incluse.
« Pour 2015, le prix de revient par 100 l de lait produit est de 30,88 euros/100 l. Celui-ci se répartit équitablement entre les charges variables et les charges fixes.
« Pour assumer les coûts de production, on a d’un côté la paie de la laiterie, de l’autre, les aides, directes et indirectes, et la viande
« Par 100 l de lait produit, le total des aides perçues atteint 4,58 €. Du côté de la viande produite (vaches de réforme, éventuellement des génisses d’élevage, des veaux croisés, des veaux laitiers…), la moyenne des recettes est de 3,78 €, soit un montant global de 8,36 €.
L’alimentation, cette charge !
La Figure 1 nous indique le détail des coûts par 100 litres. Les charges proportionnelles d’alimentation (frais d’alimentation achetés à l’extérieur, que ce soit du fourrage ou du concentré) constituent le plus gros poste (8,69 €) ; les charges de cheptel (vétérinaire, insémination…) s’élèvent à 2,82 €; les charges proportionnelles de superficie fourragère, à 4,14 €; les charges de structure matériel et bâtiment sont également importantes (5,50 €) mais moindre que celles liées aux superficies fourragères (6,17 €). Les frais divers sont quant à eux de 3,17€.
« Bien entendu, c’est l’alimentation qui pèse le plus lourd. En additionnant les frais de superficie et les frais d’achat d’aliments on arrive à un total de 19 euros par 100 l, soit à peu près 60 % des coûts de production, et ce, seulement pour nourrir les animaux ».
Un coût variable
En témoigne la Figure 2, les coûts de production peuvent être très variables. En 2015, ils s’élevaient à 30,88 euros/100 l, c’est moins que durant les trois années précédentes où les coûts étaient très importants et avoisinaient les 35 euros/100 l. Cette diminution s’explique donc par la réduction des intrants dans les exploitations et la bonne production par vache. Notons que la répartition des frais est quasi-identique.
Par rapport à 2007, les frais variables étaient moins élevés que les coûts de structure. La tendance s’est aujourd’hui inversée. Les charges de structure se sont tassées, tandis que les frais liés aux intrants ont eu tendance à augmenter. La courbe s’est donc inversée.
M. Jacquet : « Si on regarde en arrière, on s’aperçoit que la valeur 2015 pour les charges fixes est légèrement inférieure à la moyenne de concernant la période 2007-2015. Mais, elle est assez comparable à celle de la période 2000-2006. »
Et de poursuivre : « En ce qui co
