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Un virus… mais pas celui que l’on attendait !

En cette sortie d’hiver, les escourgeons affichent une belle couleur verte que quelques zones et parcelles jaunes viennent perturber. Le virus de la mosaïque jaune de l’orge est bien présent dans nos régions. Discret ces dernières années, les conditions de 2017 semblent lui être particulièrement favorables. Le moment est venu de répertorier les zones infestées en visitant les parcelles d’escourgeon au plus tôt.

Temps de lecture : 5 min

Chacun garde un souvenir particulier de la saison céréalière 2016. Les rendements décevants sont attribuables à de nombreux paramètres, dont les attaques causées par des pathogènes, et notamment le virus de la jaunisse nanisante de l’Orge (JNO), transmis par les pucerons.

Un autre virus et un autre vecteur !

En ce début de saison 2017, c’est un autre virus qui sévit : celui de la mosaïque jaune de l’orge (BaYMV, pour Barley Yellow Mosaic Virus). Son vecteur n’est pas un puceron… mais un micro-organisme du sol (Polymyxa graminis Led.). À l’inverse des pucerons, ce petit champignon unicellulaire et le virus qu’il véhicule n’ont pas été affectés par le froid de cet hiver. Au contraire, sans que l’on ne sache réellement pourquoi, la mosaïque de l’orge s’exprime bien mieux après un automne poussant suivi d’un hiver froid.

Une 2e souche dans la nature

Au début des années ‘80, de fortes infestations de mosaïque jaune de l’orge avaient défrayé la chronique agricole en Belgique. La découverte de résistances génétiques et l’intégration de celles-ci dans de nouvelles variétés avaient progressivement mis fin à cette problématique. La grande majorité des variétés actuelles sont résistantes à la mosaïque de cette époque, appelée mosaïque de type 1 (BaYMV-1).

Cependant, à la fin des années quatre-vingt, une seconde souche du virus (BaYMV-2) capable de contourner la majorité des résistances variétales mises en place a été détectée en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans les années nonante, d’autres pays européens dont la Belgique ont signalé à leur tour ce même contournement, laissant supposer une dispersion rapide du virus à partir des foyers initiaux par le déplacement de terres contaminées.

Un frein… et des symptômes « en pointillés »

Les plantes atteintes par ce virus se caractérisent par un ralentissement de leur développement tant au niveau racinaire que foliaire. Les nouvelles feuilles sont fines, les anciennes jaunissent mais les symptômes typiques permettant d’identifier la mosaïque jaune sont des tirets chlorotiques (traits blancs) répartis parallèlement aux nervures (voir photo) et provoquant une sorte de marbrure sur les feuilles. Les symptômes se marquent à la fin du stade tallage soit principalement en février et mars, et disparaissent progressivement avec la montaison.

Observable à cette période de l’année, les symptômes peuvent être impressionnants mais selon la littérature, l’impact de ce virus sur le rendement reste limité car les plantes finissent par reprendre un développement normal quoique différé.

Des études françaises rapportent cependant des pertes allant jusqu’à 10 pourcent pour la forme de type 2 du virus de la mosaïque de l’orge. Néanmoins, peu de données quantitatives sont disponibles pour les variétés actuellement cultivées dans nos régions si bien qu’il est difficile d’estimer précisément la perte économique engendrée par le virus.

La répartition des plantes atteintes dans le champ peut également renforcer le diagnostic et constitue une bonne indication de la présence de la maladie. On observe généralement des zones de forme irrégulière dans lesquelles presque toutes les plantes sont atteintes. Ces zones ne s’expliquent pas par la topographie et peuvent s’étendre sur presque l’ensemble de la parcelle. D’année en année, les zones infestées s’étendent dans le sens du travail du sol. Le vecteur P. graminis est en effet plus rapidement déplacé par les outils que ce qu’il est capable de se mouvoir par lui-même.

Et la lutte ? Variétale !

Les méthodes de lutte contre ce pathogène ne sont pas légion. Jusqu’à peu, il n’y avait d’autres possibilités que de ne plus cultiver d’orge dans les terres infestées. Sous forme de spores de survie, Polymyxa graminis est en effet capable de subsister jusqu’à 20 ans dans le sol ce qui réduit l’intérêt de la rotation comme méthode de lutte. Rappelons qu’aucun produit phytopharmaceutique n’a d’efficacité contre les virus, et pas plus contre les spores de survie de P. graminis.

La méthode de lutte la plus efficace réside dans l’utilisation de variétés résistantes. Il en existe désormais, capables de résister aux deux formes du virus (type 1 et 2). Ces dernières arrivent peu à peu sur le marché belge. On connaît déjà, au moins trois variétés disposant de la résistance à la souche de type 2. Il s’agit des variétés KWS Keeper (Ets Rigaux), Joker (Jorion-Philip-Seeds) et Hedwig (Limagrain).

Les variétés résistantes ont jusqu’à présent présenté un potentiel de rendement légèrement plus faible que les variétés classiques mais avec ces nouvelles variétés, l’écart se réduit et dans les zones fortement infestées par P. graminis et le virus BaYMV-2, l’avantage est clairement aux variétés résistantes. Dans ces situations, le choix variétal doit prendre en compte ce nouveau facteur de résistance.

Contacts : Guillaume

Jacquemin, g.jacquemin@cra.wallonie.be,

Stephan Steyer, s.steyer@cra.wallonie.be

et Thibaut Olivier,

t.olivier@cra.wallonie.be

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