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De l’agriculture

à l’entreprise de précision

L’agriculture, ou plutôt l’entreprise, de précision, c’est la voie qu’a choisi Corry Broekx, à Bree. Le Limbourgeois, qui a aujourd’hui 70 ans, a fondé une entreprise de travaux agricoles dont il a systématiquement amélioré le matériel. Si ses fils continuent dans la même lignée, Corry utilise volontiers le GPS et les autres techniques de précision en agriculture.

Temps de lecture : 7 min

C’est en 1970, que Corry Broekx a démarré l’entrepreneuriat agricole, à partir de l’exploitation familiale, qui utilisait jusqu’alors le cheval et le tombereau.

L’homme se rappelle de ses débuts : « À la fin des années ’60, j’ai commencé à aider des personnes qui allaient travailler à l’extérieur et qui conservaient des terres et du bétail. C’est alors que j’ai acheté un tracteur, une faucheuse à disques, une petite presse et un tonneau à purin de 2.000 l. Après avoir travaillé avec une faucheuse à cheval… Quelle différence ! »

L’acquisition de la petite presse représenta aussi un sérieux allégement de travail et de fatigue par rapport au chargement manuel du foin.

Valorisation de la technique

Depuis lors, beaucoup de choses ont changé dans son entreprise, et notamment l’arrivée de la direction automatique du tracteur par la technique du gps et les techniques de précision. La septantaine sonnée, Corry Broekx apprécie cette évolution, tout en avouant que, de temps à autre, ses fils Steven et Geert viennent « le mettre en route ».

Corry souligne qu’il est toujours prêt à donner un coup de main lors des pics de travail. C’est notamment le cas au printemps où il faut épandre les lisiers, ensiler l’herbe, semer le maïs et traiter les cultures. Au printemps, il préfère épandre les engrais et traiter les cultures, où il apprécie particulièrement l’emploi des machines guidées par gps. C’est toujours avec plaisir qu’il voit les sections de rampe qui s’arrêtent toutes seules, sans son intervention : « Comme je dois moins me préoccuper de la direction, je m’intéresse plus au travail de la machine. »

Il reconnaît qu’il s’est toujours intéressé à la technique, en se posant la question de savoir s’il pourrait toujours continuer à apprendre. Et de constater qu’en peu de temps, il maîtrise la technique. Il est vrai que l’évolution a été progressive : d’abord avec un appareil signalant où aller, puis avec une machine qui prenait son relais au volant du tracteur : « Finalement, c’est devenu tellement simple qu’il suffit de pousser sur un bouton pour que le gps prenne les commandes. »

Les premières expériences liées au gps sont jeunes de 10 ans. Le premier appareil n’avait pas la précision RTK (précision de l’ordre de 2 cm). « Il n’était pas assez précis. En outre, lorsqu’on revenait sur la même parcelle, les lignes de travail avaient disparu. On n’y était pas encore, mais la porte avait été ouverte. »

Système uniforme et intégré

La technique du gps est vraiment devenue réalité, il y a 2 ans, lors de l’achat d’un nouveau pulvérisateur. Le concessionnaire leur conseilla d’acheter un système indépendant des marques de tracteurs et de machines. Un conseil que l’entreprise a suivi. Aucun regret jusqu’à présent, bien au contraire. Un seul système assure une uniformité dans les commandes des différentes machines et les applications. C’est plus facile de s’y retrouver pour les entrepreneurs, et chacun peut rouler avec tous les engins.

Corry avoue qu’il était un peu sceptique au départ à propos de la technique gps, il se demandait si l’on n’était pas en train d’aller trop loin, de compliquer, mais il ajoute : « Quand on s’est habitué à laisser le volant à la technologie, on ne veut plus revenir en arrière, vu tous les avantages qu’il apporte. » Il ne faut plus calculer les traces de passage, tourner en fourrière est plus facile et plus rapide, et on travaille de façon plus précise. En outre, il y a moins de redoublages. Au final, on économise du temps, mais en plus, on épargne des semences et des phyto. Si on sème de l’herbe, on veut de belles lignes, un écartement identique et régulier. Sans gps, on peut très rapidement faire un écart de 20 cm. Avec le gps, on est à 2 cm. La conclusion est vite tirée.

L’évolution ne s’arrête jamais

Après les essais avec le pulvérisateur équipé de la technologie gps, c’est l’épandeur d’engrais qui a été remis en question. L’entraînement à la prise de force est « rigide ». Ce n’est pas le cas d’un entraînement par un moteur hydraulique. Le gps peut réaliser avec précision l’entraînement de l’épandeur via la commande Isobus. Celui-ci fait des coupures par section pour éviter les redoublages. Et M. Broekx est vraiment impressionné des performances de la technologie actuelle : « C’est un épandeur centrifuge, et pourtant il travaille par section. La technique permet même d’épandre uniquement sur les 3 mètres extérieurs. C’est incroyable ! »

L’homme trouve surtout qu’il y a un énorme avantage à voir la technique remplacer le conducteur, c’est vraiment profitable pour le suivi et le réglage de l’appareil.

Au départ, l’entreprise avait acheté un système gps « simple » qui indiquait visuellement où il fallait rouler, et le chauffeur devait toujours conduire.

Ensuite, le second modèle du système Trimble est arrivé. Les deux systèmes sont montés sur les tracteurs moins puissants, principalement utilisés pour les pulvérisations, les épandages d’engrais et les semis de maïs. « Un système plus évolué, qui assure la direction, c’est difficilement rentable avec ce type de tracteurs », estime l’entrepreneur.

Ce n’est pas le cas avec des tracteurs de moyenne à haute puissance comme ses Fendt Vario 724 et 820. Ces tracteurs ont des capacités supérieures : fertilisations organiques, préparation du sol combinée avec le semis, faucher… On peut donc leur prévoir un système plus cher. C’est ainsi que deux appareils Trimble ont été fournis, ceux-ci peuvent conduire le tracteur. Un cinquième appareil a été livré pour l’automoteur Vervaet qui effectue l’injection des lisiers.

Geert Broekx : « On peut facilement changer d’idée. Après l’achat des deux premiers systèmes, nous avions l’impression d’arriver à une fin qu’on ne saurait faire mieux. Mais le cinquième vient d’être installé, et maintenant, on se dit qu’il y aura encore du nouveau dans le futur. »

Que peut apporter l’avenir ?

Qu’est-ce que la technologie future peut apporter ? Geert pense d’abord à la détermination du rendement. Selon lui, les machines de récolte devraient en être équipées afin de pouvoir réaliser des cartes de rendements, à partir desquelles on pourra déduire des cartes de fertilisation. C’est à cette évolution que l’entreprise se prépare.

Et de signaler qu’avec trois autres entrepreneurs, dans d’autres régions de Flandre, et en collaboration avec Vervaet, son entreprise s’est engagée dans un projet pilote sur l’injection de lisier et l’analyse infrarouge. Le tout est suivi par les scientifiques de la banque de lisier (Mestbank) et le cabinet de la ministre flamande de l’Agriculture.

Le nouvel injecteur de lisier Vervaet est pourvu de la technique d’analyse dans le proche infrarouge (NIR). L’appareil dispose d’une rampe de 8,40m, divisée en 5 sections. De cette façon, on peut éviter les redoublages, et donc les surfertilisations. Grâce à cette technique, on ne pense plus en m3 de lisier par ha, mais en kg ou unités d’azote, de phosphore et de potasse par ha. L’analyse se fait en direct lors de l’injection de manière à adapter la dose aux besoins du sol, ou encore pour respecter les restrictions…

Il faut savoir qu’en Flandre, il peut y avoir restriction sur les épandages d’azote organique, mais également sur ceux de phosphore. Le phosphore est un élément peu mobile. Un excès de phosphore dans les sols peut à terme bloquer le développement de certains élevages. C’est déjà le cas aujourd’hui. Dès lors, si la technique se révèle probante, le ministère pourrait la rendre obligatoire, au moins dans les régions les plus sensibles.

Adapter les coûts

La précision ne se limite pas à l’aspect technique. La famille Broeckx va plus loin dans l’analyse du travail grâce à un programme informatique développé par une PME familiale voisine. Le programme « administratif » enregistre tous les achats de l’entreprise, les entretiens des machines, les salaires du personnel et même les déclarations à la banque de lisier (Mestbank).

Une de ses applications pratiques est l’enregistrement des consommations de fuel selon les activités. Les entrepreneurs y voient un reflet assez fidèle de leurs frais. Ils peuvent ainsi mieux recalculer les coûts de chaque activité et adapter les tarifs. On n’est plus ici dans de l’agriculture de précision, mais dans de l’entreprise de précision.

D’après un texte de T.D.

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