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La température,

facteur essentiel de vie.... et de production

La température est le facteur-clé de la vie des végétaux fruitiers des régions tempérées, végétaux à feuillage caduque qui ont chaque année une période de vie plus ou moins active de 8 à 9 mois et un arrêt ou quasi-arrêt de végétation de 3 à 4 mois. La température du sol ou de l’air va influencer les différents processus qui se déroulent principalement pendant la période de vie active, mais aussi pendant la période de vie peu ou non visiblement active. Nous passerons ici en revue ceux qui paraissent les plus importants.

Temps de lecture : 6 min

Même si tous les végétaux subissent l’influence des différents facteurs du climat, l’épisode de gel tardif qui est survenu le 20 avril dernier a rappelé que les arbres fruitiers y sont particulièrement sensibles. En Belgique, en quelques heures, une température de l’ordre de -5 à -6 ºC a détruit 80 % de la production potentielle de pommes et de cerises, ainsi que deux tiers de la production de poires. Même dans les vergers où de coûteuses mesures de protection avaient été prises, on peut compter une perte de récolte de 50 % en pommes et en cerises, et d’un tiers en poires.

Le phénomène a été aggravé par la sécheresse du sol et l’avance de végétation d’environ deux semaines par rapport à la moyenne. Certes, les gelées tardives ne sont pas rares en Belgique, mais des dégâts aussi graves n’avaient plus été observés depuis 1991.

Cet épisode nous rappelle à quel point la température influence de diverses manières – et à tout moment de l’année ! – le développement des végétaux.

La croissance…

En début d’année, la croissance des racines commence avant celle des pousses aériennes, et en fin d’année, elle se poursuit plus tard. On cite pour les espèces à pépins une température minimum de 4 à 5ºC, et pour les espèces à noyau une température de 5 à 8 ºC dans le sol.

La température optimale serait de l’ordre de 20 ºC. À des températures plus élevées, la croissance des racines est souvent inhibée par l’absence d’eau, de sorte qu’il est malaisé de déterminer une température maximum.

… et l’activité des racines

L’absorption de l’eau et des éléments minéraux contenus dans le sol est assurée par l’extrémité des racines : la zone pilifère dont les cellules épidermiques comportent un prolongement, le poil absorbant. Chez le pommier, on en a compté jusqu’à 500 par millimètre de racine ! Ils se renouvellent constamment lorsque la racine s’allonge. L’absorption d’eau et des ions minéraux, qu’elle soit active ou passive, est stimulée par la température du sol.

Tiges, feuilles et bourgeons : dès 5 ºC

Après la levée de la dormance par le froid hivernal, on considère généralement que la végétation des espèces fruitières des régions tempérées commence lorsque la température de l’air atteint 5 ºC, et qu’elle est optimale à 20 ºC. Des températures de l’ordre de 35 à 40 ºC persistant pendant plusieurs jours ralentissent et arrêtent la croissance des tiges.

Après le démarrage de la croissance, une température diurne inférieure à 5 ºC arrête celle-ci. En effet, une telle température freine à la fois la photosynthèse et le transport de l’eau et des éléments minéraux.

Dans un article antérieur, nous avions évoqué le caractère cyclique de la croissance des végétaux fruitiers ; celle-ci comporte trois phases successives : la pousse printanière est généralement la plus active ; elle est suivie de la pousse de la Saint-Jean, puis de la pousse d’août, de moins en moins actives. Mais la température influence leur intensité et leur durée.

La croissance des feuilles est également influencée par la température ambiante. Les feuilles de pommier atteignent leur surface maximale en 2 à 3 semaines selon le cas, dont la moitié ou deux tiers pendant la première semaine.

Forte influence sur la fécondation

La date et la durée de floraison des variétés fruitières dépendent de leur identité. On les exprime habituellement en calculant une moyenne des observations faites sur un grand nombre d’années. Mais la température peut générer des différences qui peuvent être très grandes, tant en ce qui concerne la date que la durée.

En général, les années où la floraison est précoce, sa durée est plus longue que lorsqu’elle est tardive. Ainsi par exemple, en Zélande, la variété de pomme ‘Elstar’ a, en moyenne sur 23 années, une floraison qui débute le 27 avril et se termine le 22 mai, soit une durée totale de 26 jours. Lors d’une année très précoce, elle a duré du 31 mars au 6 mai, soit 37 jours ; lors d’une année très tardive, elle a eu lieu du 13 au 26 mai, soit pendant 14 jours.

Le processus de fécondation des fleurs est influencé au plus haut point par la température de l’air. C’est le cas aussi bien pour la germination du pollen sur le stigmate, que pour la croissance du tube pollinique dans le style. La plupart des études ont été réalisées in vitro, c’est-à-dire dans des conditions artificielles différentes de celles de la nature.

Au sein d’une même espèce, les comportements peuvent différer d’une variété à l’autre. Ainsi chez la prune ‘Opal’, la fécondation est aussi bonne à 6 ºC qu’à 18 ºC, tandis que pour la variété ‘Queen Victoria’ elle augmente graduellement entre 4 ºC et 18 ºC.

La longueur finale du tube pollinique peut représenter 100 fois le diamètre du grain de pollen initial, et il faut qu’il ait atteint le sac embryonnaire tant que l’ovule est encore réceptif. Comme la température ambiante influence fortement sa croissance, une température élevée sera l’une des conditions d’une bonne fécondation. Il existe entre variétés fruitières donneuses des différences importantes de vitesse de croissance des tubes polliniques, selon la variété receveuse. Ceci explique l’importance du choix des variétés que l’on associe.

De manière générale, on considère une température de 5 ºC comme le minimum nécessaire à la croissance des tubes polliniques. Chez la pomme ‘Golden delicious’, elle demande 5 jours à 15 ºC, 8 jours à 10 ºC et 14 jours à 5 ºC. Chez la prune ‘Queen Victoria’, elle prend 3 à 4 jours à 15 ºC, 5 à 7 jours à 10 ºC et 16 à 20 jours à 5 ºC. Chez les cerises, la croissance des tubes polliniques est nettement plus rapide que chez les prunes.

Fruits : calibre et témperature sont liés

Après fécondation du ou des ovules, le développement du fruit commence par une phase d’intense division des cellules de l’ovaire, qui est suivie d’une phase d’agrandissement des cellules, puis de la phase de maturation.

La division cellulaire dure de trois à quatre semaines selon l’espèce et la variété. Son intensité dépend très étroitement de la température qui prévaut à ce moment. Le nombre total de cellules d’un fruit, et par conséquent son calibre final, sera important si la température est suffisamment élevée, et plus faible si la température est généralement basse.

Pour la suite du processus, le rôle direct de la température est moins évident, car d’autres facteurs, comme la luminosité et la disponibilité en eau, prédominent. Ainsi, des études réalisées sur la pomme ‘Golden Delicious’ et la poire ‘Bon Chrétien Williams’, que l’on cultive dans différentes régions du Monde, ont permis de constater que quel que soit le climat local, le nombre de jours entre la floraison et la maturité des fruits est relativement constant (différences maximales de 10 %) alors que le nombre total d’unités de chaleur peut différer de 30 %.

À suivre.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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