Pas facile, dit l’Inra qui indique des pistes

L’Institut national de la recherche agronomique vient de remettre au gouvernement français un rapport qui souligne les changements profonds qu’imposera l’arrêt programmé de cet herbicide d’ici trois ans outre-Quiévrain.

Les scientifiques identifient différentes alternatives techniques pour remplacer le glyphosate : la destruction physique par le désherbage mécanique et le travail superficiel du sol ; le labour ; l’évitement partiel via le gel hivernal des cultures intermédiaires ; la culture sous mulchs vivants ; l’utilisation ciblée d’autres herbicides homologués. Mais l’Inra met aussi le doigt sur « des freins majeurs » qui concernent l’impact économique et le temps de travail, les évolutions du parc de matériels de la motorisation et des automatismes, les modalités d’installation des cultures pérennes. « La réflexion sur la transition vers la sortie du glyphosate doit donc se faire sur une échelle de temps qui prend en compte la mise en œuvre de ces techniques alternatives. »

Impasses techniques

L’Inra souligne que, dans certains cas, il reste des impasses au regard des connaissances actuelles. Aucune alternative efficace n’existe pour l’agriculture de conservation des sols, qui couvre environ 4 % des surfaces de grandes cultures. Des « situations difficiles » sont identifiées en cas d’arrêt du glyphosate. C’est le cas pour les agricultures menées dans des conditions à handicap sans bénéficier d’une forte valeur ajoutée : terrasses, zones très caillouteuses ou très fragiles vis-à-vis du risque d’érosion. L’Inra cite des situations de niche comme la récolte des fruits à coques ou le rouissage du lin fibre. Autre exemple, les cultures pour des marchés spécifiques avec fortes contraintes techniques : la production de semences d’espèces fourragères, potagères et florales très délicates à conduire, celle de légumes frais et de conserve cultivés en plein champ, avec un risque de présence de fragments d’adventices toxiques.

L’adaptation à un arrêt du glyphosate implique des « changements profonds », souligne le rapport. Et de préconiser une conduite intraparcellaire pour « cibler l’intervention chimique ou mécanique là où elle est essentielle ». L’Inra conseille d’aller vers l’agriculture de précision afin de « rendre compte des situations propices aux interventions chimiques ou mécaniques pour garantir leur efficacité. Une robotisation plus poussée est aussi souhaitable tout particulièrement en maraîchage. »

Il s’agit par ailleurs de mettre au point une gamme élargie d’espèces et couverts végétaux d’interculture faciles à gérer (installation aisée, destruction mécanique facile), poursuit l’Inra. Autres pistes : une extension de la conduite sarclée ; un élargissement de la gamme d’outils de désherbage mécanique pour une meilleure efficacité à moindre coût et un assouplissement de la réglementation pour faciliter son usage en période d’interculture...

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