Les scientifiques identifient différentes alternatives techniques pour remplacer le glyphosate : la destruction physique par le désherbage mécanique et le travail superficiel du sol ; le labour ; l’évitement partiel via le gel hivernal des cultures intermédiaires ; la culture sous mulchs vivants ; l’utilisation ciblée d’autres herbicides homologués. Mais l’Inra met aussi le doigt sur « des freins majeurs » qui concernent l’impact économique et le temps de travail, les évolutions du parc de matériels de la motorisation et des automatismes, les modalités d’installation des cultures pérennes. « La réflexion sur la transition vers la sortie du glyphosate doit donc se faire sur une échelle de temps qui prend en compte la mise en œuvre de ces techniques alternatives. »
Impasses techniques
L’Inra souligne que, dans certains cas, il reste des impasses au regard des connaissances actuelles. Aucune alternative efficace n’existe pour l’agriculture de conservation des sols, qui couvre environ 4 % des surfaces de grandes cultures. Des « situations difficiles » sont identifiées en cas d’arrêt du glyphosate. C’est le cas pour les agricultures menées dans des conditions à handicap sans bénéficier d’une forte valeur ajoutée : terrasses, zones très caillouteuses ou très fragiles vis-à-vis du risque d’érosion. L’Inra cite des situations de niche comme la récolte des fruits à coques ou le rouissage du lin fibre. Autre exemple, les cultures pour des marchés spécifiques avec fortes contraintes techniques : la production de semences d’espèces fourragères, potagères et florales très délicates à conduire, celle de légumes frais et de conserve cultivés en plein champ, avec un risque de présence de fragments d’adventices toxiques.
L’adaptation à un arrêt du glyphosate implique des « changements profonds », souligne le rapport. Et de préconiser une conduite intraparcellaire pour « cibler l’intervention chimique ou mécanique là où elle est essentielle ». L’Inra conseille d’aller vers l’agriculture de précision afin de « rendre compte des situations propices aux interventions chimiques ou mécaniques pour garantir leur efficacité. Une robotisation plus poussée est aussi souhaitable tout particulièrement en maraîchage. »
Il s’agit par ailleurs de mettre au point une gamme élargie d’espèces et couverts végétaux d’interculture faciles à gérer (installation aisée, destruction mécanique facile), poursuit l’Inra. Autres pistes : une extension de la conduite sarclée ; un élargissement de la gamme d’outils de désherbage mécanique pour une meilleure efficacité à moindre coût et un assouplissement de la réglementation pour faciliter son usage en période d’interculture...