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Vers une nouvelle « pénurie » de beurre ?

Le rebond des cours de la matière grasse se poursuit et tire les cours des fromages et des poudres grasses. Forts de disponibilités en hausse, l’UE et les Etats-Unis profitent du manque d’offre océanienne pour regagner des parts de marché. La baisse des fabrications de beurre durant l’été pourrait conduire à une nouvelle « pénurie ».

Temps de lecture : 4 min

Après avoir chuté de 2.740 €/t au 4e trimestre 2017, la cotation Atla du beurre sur le marché spot européen rebondit vivement depuis janvier 2018. Remontée à 5.900 €/t début mai, elle se situe 28% au-dessus de son niveau d’un an plus tôt. La cotation des ventes sous contrat a quant à elle gagné 100 €/t début mai à 4.800 €/t (+15% par rapport à 2017).

Le cours à l’export au départ de l’Europe de l’Ouest se redresse également : +340 € en 3 mois, à 4.340 €/t en moyenne en avril. Malgré la tension sur le marché européen, il est dorénavant sensiblement inférieur au cours départ Océanie qui s’établit à 4.550 €/t pour le même mois.

Les fabrications de beurre (et poudre maigre) ont certes été relancées dans l’UE cet hiver, mais la hausse des disponibilités au printemps est plutôt moins vive qu’anticipée.

Par ailleurs, l’offre est en net retrait en Nouvelle-Zélande, 1er exportateur mondial, d’autant plus que les fabricants privilégient actuellement les poudres grasses. Il faut dire que si la valorisation en beurre et poudre maigre s’est légèrement redressée, elle reste peu attractive à seulement 255 €/t en avril sur le marché mondial.

Enfin, la demande internationale demeure vive. La Chine, l’Australie, l’Iran et Singapour ont fortement accru leurs achats début 2018. L’Union européenne a ainsi relancé ses exportations (34.000 t sur 2 mois, +35% par rapport à 2017), au détriment de la reconstitution des stocks commerciaux, au plus bas fin 2017. Cela pourrait conduire à une nouvelle flambée des prix du beurre durant l’été, période de moindres fabrications.

Redressement des cours des fromages et de la poudre grasse

Tirés notamment par la demande en matière grasse, les cours des fromages ingrédients ont également rebondi à partir de mars malgré des fabrications toujours dynamiques (+2,7% vis-à-vis de 2017 sur 2 mois dans l’UE et +2,9% sur 3 mois aux États-Unis). Après avoir décroché de 1.000 €/t entre septembre 2017 et février 2018, la cotation du gouda en Allemagne a regagné 240 €, à 2.800 €/t en avril, mais reste 9% en deçà de son niveau d’avril 2017. Le cours du cheddar s’est également redressé, aux États-Unis (3.360 €/t, -8% par rapport à 2017) comme au départ d’Océanie (3.086 €/t, -4% par rapport à 2017).

Les échanges mondiaux de fromages n’ont que légèrement progressé début 2018 : +1% vis-à-vis de 2017 au départ des 5 principaux exportateurs sur 2 mois. L’Union européenne et les États-Unis ont accru leurs envois de respectivement 3% et 12% par rapport à 2017 au détriment de la Nouvelle-Zélande (-10%) et de l’Australie (-7%) en manque de disponibilités.

Les cours de la poudre grasse se sont aussi redressés : la cotation européenne a regagné 140 € depuis le creux de janvier. A 2.650 €/t en avril, elle n’est plus que 5% sous son niveau 2017. Le prix des poudres océaniennes a lui aussi rebondi (+280 € en 4 mois à 2.700 en avril) et se situe également 5% sous son niveau 2017. Sur les deux premiers mois de 2018, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont accru de 14% (par rapport à l’an dernier) leurs exportations sur le marché mondial, alors que l’UE a réduit les siennes de 6%, privilégiant d’autres ingrédients laitiers.

Les prix des protéines laitières demeurent déprimés

Le marché mondial de la poudre maigre s’est sensiblement animé début 2018 avec des envois cumulés des 5 principaux exportateurs en hausse de 6% par rapport à l’an passé sur 2 mois. Les échanges de poudre de lactosérum poursuivent leur tendance haussière, à un rythme accéléré début 2018 (+12%). Ceci au profit des États-Unis et de l’UE qui a accru ses envois de 12% en poudre maigre et 14% en poudre de lactosérum.

Mais cela n’a pas suffi à redresser significativement les cours des protéines laitières qui restent très bas, même si on note un frémissement en avril. La cotation Atla de la poudre maigre, tombée à 1.270 €/t début avril, a regagné 290 € en 5 semaines. A 1.560 €/t début mai, elle demeure plus de 100 € sous le prix de l’intervention, actuellement inactivée par l’abaissement à 0 du volume des achats automatiques, et 11% sous son niveau d’un an plus tôt.

Les cours de la poudre de lactosérum pour l’alimentation animale se sont également légèrement redressés à 630 €/t en France et 480 €/t aux États-Unis, mais ils demeurent respectivement 53% et 27% en deçà de leur niveau d’un an plus tôt.

Les cours des protéines restent plombés par les stocks abondants et en premier lieu les 348.000 t de poudre maigre toujours stockées à l’intervention dans l’UE. Les mises en ventes, extrêmement poussives en début d'année, semblent trouver plus facilement preneur depuis avril : 24.000 t on été vendues au prix minimum fixé de 1.050 €/t en avril et 42.000 t auraient été vendues au prix minimum de 1.150 €/t en mai. Parallèlement, les stocks ont aussi légèrement reflué début 2018 aux États-Unis grâce aux bonnes performances à l’export mais, à 298.000 t fin mars, ils demeurent 20% supérieurs à ceux de 2017.

D’après Tendances

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