Libramont ? Une belle vitrine pour les éleveurs !
Christophe Mayerus est l’homme derrière l’élevage de chevaux de saut d’obstacle du Haut du Roy, situé à Habay. Son élevage se distingue par la qualité de ses croisements dits « instinctifs », avec des géniteurs établis aussi bien dans l’élevage que dans le circuit sportif. C’est donc au Haut du Roy que les prétendants pour le jumping de haut niveau voient le jour.
Les produits issus de l’élevage de Christophe Mayerus se sont fait remarquer lors des concours d’élevage pour chevaux de sport à Libramont l’année passée.
Coco Chanel du Haut du Roy Z (Corico Z x Chellano Z) se classa deuxième dans la série des foals femelles, tandis que sa voisine d’écurie Little Queen du Haut du Roy (Gauguin de Bellerose x Corrado I) se classa troisième ex aequo dans la même série. Les deux pouliches disposaient d’un excellent modèle. La seconde place chez les 2 ans à Libramont revint à Jack du Haut du Roy. Ce merveilleux fils de Vigo d’Arsouilles x Chellano Z dispose de toutes les qualités pour devenir un incontournable dans les pistes de saut d’obstacles, tandis que chez les 3 ans, Am du Haut du Roy (Silver Deux de Virton x Chellano Z) fit partie des meilleurs sauteurs du lot.
Libramont, c’est bosser et stresser
« J’ai effectivement participé aux concours d’élevage pour chevaux de sport avec 4 chevaux l’année passée », confirme Christophe Mayerus. « Comme nous avons également des chevaux qui participent au Jumping de Libramont, la Foire commence déjà le mercredi pour nous, avec l’installation sur le terrain des chevaux qui participent au jumping ».
« Avec Unenative de Virton (Natif de Virton x Whitney de l’Otain), montée par notre cavalier Bertrand Genin, nous y avons gagné le 1m40 en 2016. Pour les chevaux, je pense que le village du cheval aurait besoin d’un certain agrandissement et changement, afin de mettre le cheval un peu plus en avant. Il faut admettre que depuis la construction du hall, la piste et les installations sont très bien. Le lundi, nous ne sommes que de simples visiteurs, histoire de décompresser, car la Foire n’est pas une partie de plaisir pour nous. Les allées et venues avec les chevaux et leur présentation en public sont stressantes. Mais on le fait, car la Foire de Libramont est une belle vitrine pour les éleveurs », nous apprend Christophe, qui ajoute que, le concours d’élevage pour poneys de sport du Studbook SBS est une excellente initiative.
Des préparatifs minutieux
Préparer un jeune cheval pour qu’il se présente sur son 31 est un travail minutieux.
Christophe : « Pour les 2 et 3 ans nous démarrons les préparatifs un bon mois avant le concours. À ce moment-là, ils reviennent de prairie pour un « pré-debourage », on les travaille à la longe et nous les faisons sauter deux ou trois fois en liberté, comme ils devront le faire dans le rond d’Havrincourt.
Quant aux foals de l’année, ils ne rentrent au box que deux jours avant le concours, pour des séances de toilettage ».
Les chevaux du Haut du Roy restent d’ailleurs tout l’été en mode travail, car quelques semaines seulement après Libramont, le Championnat de Belgique de Gesves est au rendez-vous. L’année passée, Coco Chanel du Haut du Roy Z sy distingua en tant que première pouliche et 4e du classement général mâles et femelles confondus. Une belle confirmation donc après sa deuxième place à Libramont !
Spécialité saut d’obstacles
Christophe Mayerus dispose actuellement de 6 poulinières et ce sont principalement des grands géniteurs tels que Vigo d’Arsouilles, Kashmir van Schuttershof, Ogano Sitte et Chellano Z, qui ont signé pour leur paternité. Une des juments, Unenative de Virton (voir également en début de texte) a 10 ans actuellement et saute en CSI 2 et 3* sous la selle du cavalier international Bertrant Genin. Cette jument est également active dans l’élevage moyennant le transfert d’embryons.
L’éleveur a-t-il certaines préférences en matière de croisements ? « Je fais souvent des croisements à l’instinct, car l’élevage n’est jamais une science exacte malheureusement, ou plutôt heureusement. C’est bien cela les joies de l’élevage pour moi… pouvoir dire que j’ai fait un bon croisement », dit-il le sourire aux lèvres. « Pour ce qui est des étalons, j’aime bien Vigo d’Arsouilles (Champion du monde avec Philippe Le Jeune), mais également Chellano Z, Trésor de Virton, Natif de Virton et bien sûr mon propre étalon admis au Studbook SBS, Flex du Haut du Roy (Cosinhus x Vigo d’Arsouilles). Pour ce qui est des juments, j’essaye d’avoir des juments avec de bonnes souches, qui ont tourné dans les belles épreuves, comme par exemple Quenia du Jaolas, qui est la propre soeur d’Olympie de Villas (1m60 en Coupe des Nations avec Grégory Wathelet). Je pense d’ailleurs qu’un élevage doit se spécialiser dans une seule discipline, car c’est déjà assez compliqué de sortir avec de bons chevaux », estime l’éleveur.
Une histoire d’étalons et de juments
Chaque éleveur a sa belle histoire à raconter, au sujet de telle jument et/ou de tel étalon qui ont influencé son élevage. C’est également le cas pour notre homme. « J’ai commencé mon élevage avec une jument achetée en 1992 chez Philippe Jadot de l’Élevage des Bergeries, sur laquelle j’ai mis l’année suivante Grignoteur de la Fontaine (SBS – Quat’Sous (SF) x Candidat (BWP)), de Robert Bragard d’Heusy. J’ai directement eu un coup de foudre pour cet étalon. En 1994 c fut ma première Foire de Libramont et une belle 3e place avec Kisling de la Comtesse – mon ancien suffixe ».
Le concours d’élevage pour chevaux de sport de Libramont est à chaque reprise un vivier de nouveaux talents. Talents que nous retrouvons régulièrement quelques années plus tard, dans les concours nationaux et/ou les expertises pour étalons.
Quant à savoir déterminer si un étalon a un bon avenir devant lui, c’est toujours compliqué de répondre au vu du nombre d’étalons présents actuellement. « Cette année, j’ai fait confiance à une jeune Selle Français, Dollar du Rouet (5 ans – Chacco Blue x Quaprice du Bois Margot) et au BWP Lector Van de Bisschop (7 ans – Bamako de Muze x For Pleasure). Ils ont pour moi les qualités qui conviennent à certaines de mes juments. J’essaye le plus souvent de mettre des étalons que les autres mettent moins pour essayer de sortir du lot », confie Christophe.
Des pères d’exception
Nous savons que Christophe Mayerus aime bien Vigo d’Arsouilles : « J’aime effectivement cet étalon car il a déjà tout prouvé aussi bien dans le sport que dans l’élevage. Il y a 11 ans, je l’avais mis sur une de mes juments alors qu’il n’était pas encore connu. J’ai eu une jument très prometteuse, puisqu’à 4 ans nous l’avons vendue directement au marchand international Gilbert De Roock, qui l’a emmené à la finale des Championnats des 7 ans à Lummen sur 1m40. Vigo transmet un bon mental et de la force à ses produits. »
On continue sur l’élan de l’éleveur avec Silver Deux de Virton, le père de I Am du Haut du Roy, classé chez les 3 ans à Libramont en 2017 et qui se fit remarquer pas son excellente attitude à l’obstacle.
Christophe : « Silver Deux de Virton est un cheval hors du commun et je pense qu’il ne faut plus le présenter, vu l’année excellente qu’il vient de réaliser avec Kevin Staut en GP 5*. Pour ce qui est de I Am, sa technique vient tout de même de sa mère Chanelle Z (p. Chellano Z). Silver Deux lui a transmis sa bonne tête et sa force. »
Une préférence pour les lignées performantes
Ceux qui ont assisté au concours de Libramont l’année passée, se souviendront certainement de Jack du Haut du Roy, 2e des deux ans et un cheval avec une très bonne locomotion. « Jack est un peu mon chouchou aujourd’hui et il est actuellement au débourrage à la maison. Nous allons le mettre en condition afin qu’il soit prêt à débuter sa carrière sportive et si ceci est le cas à 6 ans, il partira chez Bertrand Genin ».
Un autre cheval bourré de sang performant est la jument Chanelle Z (mère de Coco Chanel, I Am et Jack du Haut du Roy. Pour ces trois produits, Christophe l’a croisée avec respectivement Corico Z, Silver Deux et Vigo d’Arsouilles).
« Oui, Chanelle Z est la mère de ces trois très bons poulains. Chanelle est une jument qui dispose d’une très bonne technique à l’obstacle et d’un très joli modèle mais qui manque de taille. Je l’avais acheté à 4 ans pour ma fille Sidney et nous avons été en finale des 4 ans au Championnat de Belgique. Ensuite, ma fille ne montant plus, je l’ai mise à l’élevage, ce qui ne me déplaît pas aujourd’hui. Si j’ai utilisé ces étalons pour elle, c’est pour ramener de la taille et de la force », précise Christophe.
L’année passée à Libramont, Coco Chanel du Haut du Roy Z et I Am du Haut du Roy étaient à vendre… Christophe Mayerus : « Coco grandit très bien et restera à mon élevage étant la seule femelle de ma production pour l’instant. I Am a été vendu directement après sa belle prestation à Libramont l’année passée. Il est parti chez la jeune cavalière nationale Laurie Léonard, avec qui il fait son apprentissage ».
L’avenir s’annonce donc bien pour ces deux participants du concours d’élevage pour chevaux de sport de Libramont 2017. Et c’est également le cas pour l’Élevage du Haut du Roy !
Patricia Parrein