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La technique en plus… ou en moins ?

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Deux siècles après la séparation de l’église et de l’état, la France envisage la séparation du conseil et de la vente en phytopharmacie. Les coopératives et négoces doivent se positionner sur le mode : « choisir, c’est renoncer ». Certains optent pour le conseil, d’autres pour la distribution. Il ne peut y avoir de lien entre les deux. Théoriquement ! Pour la distribution des produits, ce sera un prix figé pour l’année. Point barre. Exit les trois R : Ristourne, Remise, Rabais.

L’objectif est clair : faire chuter la consommation des PPP. Pour mémoire, PPP signifie Produit de Protection des Plantes. Ce terme remplace le vilain mot de « pesticide », devenu un chiffon rouge honni du grand public.

Apparemment, les distributeurs ont difficile à conseiller d’un bon cœur la réduction des intrants qu’ils commercialisent. C’est un peu comme si on demandait au gouvernement de réduire la pression des taxes qu’il prélève.

Qu’en est-il chez nous ?

Pour les humains, c’est ainsi : Il y a les médecins d’un côté, les pharmaciens de l’autre. Cela n’empêche pas le grand public d’en vouloir toujours plus. Les techniques progressent certes, mais la consommation en visites et en médicaments encore plus.

Chez les animaux, c’est le vétérinaire qui a la main. Quoique de l’autre, il distribue aussi des remèdes. Et là encore, le grand public en veut toujours plus. Les cliniques pour chiens et chats se démultiplient, sans avoir besoin de la sécurité sociale. Ouf !

Concernant les plantes, pour le grand public, les médias et les politiques, c’est simple : YNIAKA faire « zéro phyto ». Nous savons que c’est beaucoup plus compliqué. Les instituts techniques orientent vers des solutions raisonnables, responsables et pragmatiques. L’information est largement diffusée. La presse agricole et aujourd’hui, les formations phytolicence y participent.

Sur le terrain, à la parcelle, ce sont souvent les fournisseurs qui affinent les recommandations. C’est gratuit ou, plus exactement compris dans le prix. Le bon conseiller et le bon conseil sont laissés au libre arbitre de l‘agriculteur.

Une exception structurée : le CETA de Thudinie. Cent trente agriculteurs, cultivant 4 % de la surface sous labour en Wallonie, se sont donné les moyens pour bénéficier du service d’un conseil indépendant depuis 1987. Le budget : moins de 50 kg de froment par hectare et par an. Une paille. Apparemment, les Français, sans le dire ouvertement, veulent s’inspirer de cette formule et l’étendre à l’ensemble de leur territoire. Rappelons qu’elle s’est construite sans subsides ni contraintes. Il aurait fallu déposer le brevet car si demain, la distribution doit jouer la transparence, il y aura sans doute un gisement pour le conseil en agriculture.

Les défis sont les mêmes pour le CETA que pour l’ensemble des agriculteurs : assurer le transfert de génération et contaminer les esprits sur un fait : le meilleur traitement PPP est celui que l’on ne fait pas, sans préjudice pour le résultat économique de la culture.

Ce qui est sûr, c’est que la pression à la réduction des PPP prend sa revanche sur ce que fut l’âge d’or de l’intensification à outrance dans les années 80, il y a… 40 ans. En clair, le lobby écologiste est devenu bien plus puissant que celui de leur meilleur ennemi : les multinationales de l’agro-industrie.

Tant mieux si on peut faire mieux avec moins, s’inspirer du Bio et de l’agroécologie mais sans pour autant opposer les différents modes de production. Les agriculteurs triples CON (agriculture CONventionnelle, de CONservation et CONtributive) en ont un peu marre du « Green Washing » actuel.

Reste un détail à ne pas perdre de vue : sur le terrain, le risque de parasitisme est lié à une multitude de facteurs, dont le climat. Vouloir tout assurer préventivement, c’est antiéconomique et anti-environnemental. Il y a toujours une part de risques mais jusqu’où ne pas aller trop loin ? Comme on dit : « On est toujours plus malin après ». Sauf qu’au final, quand on se plante, ce ne sont ni les conseilleurs, ni les consommateurs qui prennent l’ardoise.

JMP

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