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Produire davantage, mieux et plus « proprement »

modifiera le profil des blés cultivés

La nécessité de produire plus, mieux et avec moins de pesticides et d’émissions de gaz à effet de serre modifiera le profil des blés cultivés ainsi que les méthodes de culture.

Temps de lecture : 4 min

Les enjeux planétaires vont modifier la physionomie de nos blés. Un atelier organisé par le Groupement français interprofessionnel des semences et plants, le 1er février, sur le thème « Quelles plantes demain pour notre alimentation et notre environnement ? », a donné un aperçu de ce à quoi pourraient ressembler les blés de demain.

Pour remplacer les herbicides, il faudra moins laisser de lumière aux mauvaises herbes. « Par exemple avec des variétés plus hautes », a indiqué Pascal Giraudeau, sélectionneur de blé chez le semencier français Secobra. Plus hautes ou mieux, avec des feuilles plus étalées, qui ne croissent pas au détriment du grain, car elles s’effacent avant la moisson, selon Philippe Gate, directeur scientifique de l’institut du végétal Arvalis.

Des blés capables d’absorber plus d’azote

Autre défi du blé du futur : il faudra qu’il soit plus riche en protéines, pour participer à l’alimentation de neuf à onze milliards d’habitants en 2050 et nécessiter moins d’engrais azotés, émetteurs de puissants gaz à effet de serre, les protoxydes d’azote.

Comment répondre à des exigences aussi contradictoires ? « Il faudra, pour une même dose d’azote dans le sol, que les plantes en absorbent d’avantage, pour synthétiser plus de protéines », avance Pascal Giraudeau. En moyenne, plus le rendement est élevé, moins le taux de protéine d’un blé est élevé, mais les sélectionneurs travaillent sur l’écart à la moyenne. Pour un même rendement, certaines variétés dévient de cette moyenne, détaille Philippe Gate. Ce phénomène, appelé « grain protein deviation », est conduit par des gènes d’absorption d’azote, qui sont en cours d’identification. Quand l’absorption se fait tôt en saison, l’azote profite aux feuilles et à la tige, mais quand elle est tardive, elle participe davantage au développement du grain. La recherche s’attache donc à identifier les gènes d’absorption tardive.

Par ailleurs, une science de pointe, l’écologie microbienne, explore la capacité des racines à s’associer à des champignons et des bactéries, pour mieux capter les éléments nutritifs du sol ou pour apporter à la plante des résistances à des maladies. Champignons et bactéries deviennent des accompagnateurs de la plante. Là encore, cette faculté des céréales à « fraterniser » avec les champignons et les bactéries est régie par des gènes.

Toujours afin de réduire les quantités d’engrais azotés tout en élevant le taux de protéines des blés, une méthode consiste à cultiver en même temps du blé et des légumineuses. Christian Huygue, directeur scientifique de l’Inra juge celle-ci très efficace, car les légumineuses accélèrent leur synthèse de l’azote atmosphérique quand le blé prélève l’azote du sol. « Cette méthode a été mise en valeur par André Pochon, agriculteur breton, injustement ostracisé » dans le passé, relève Christian Huygue. Les progrès technologiques lui donnent raison, car avec les trieurs optiques, la récolte des mélanges de culture n’est plus un problème. »

Pas de progrès génétique sans diversité

« Notre métier de sélectionneur consiste à aller chercher de la variabilité génétique dans la nature. Nous sommes les alliés de cette diversité, car il n’y a pas de progrès génétique possible sans celle-ci », témoigne Pascal Giraudeau. Si la diversité génétique est utile, la diversité des sélectionneurs et des amateurs de la conservation de gènes l’est aussi, ajoute Christian Huygue. Et de relever que le secteur du maraîchage et de l’arboriculture a davantage bénéficié que les grandes cultures de la multitude des amateurs de la biodiversité.

On découvre l’ampleur des bienfaits de la biodiversité avec la nécessaire réduction de l’usage des pesticides, affirme Christian Huygue. « Une plante saine n’est pas un végétal dépourvu de parasites dans son environnement, c’est une plante entourée d’une communauté bactérienne en état d’équilibre ». C’est ainsi que « l’intensification nous a donné une représentation fausse de ce qu’est une plante saine ». « La nature n’est pas faite pour produire, mais pour survivre », conclut-il.

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