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Travailler ensemble et communiquer… ensemble !

Quel rôle la science joue-t-elle encore pour permettre à la technologie d’entrer sur le marché européen ? Comment les recherches réglementaire et académique s’articulent-elles l’une par rapport à l’autre et quel impact ont-elles sur la confiance du grand public envers la « science » ?

Temps de lecture : 4 min

Décliné en de nombreuses questions, le crédit de la science aux yeux de la société était au cœur des débats, le 14 mai dernier, à l’occasion de l’assemblée générale de Phytofar, l’association belge de l’industrie des produits de protection des plantes.

Recherche et réglementation sont liées

Pour Francesca Tencalla, de ToxMinds, une société de conseil spécialisée en écotoxicologie, la recherche fondamentale et appliquée et la recherche réglementaire se complètent. « Ces deux pôles présentent des avantages et des inconvénients, mais ils doivent continuer à se nourrir mutuellement. Juxtaposer la recherche réglementaire et la recherche académique est un faux débat. »

Stop à l’opposition stérile !

Dans le débat qui a suivi, les différences et les similitudes entre la science académique et la science réglementaire ont été examinées. Philippe Baret, doyen de la Faculté des bioingénieurs de l’Ucl, juge que le vrai défi est d’arrêter la polarisation. « Tous les agriculteurs ne peuvent pas cultiver selon le mode strictement biologique. L’agriculture intégrée (IPM) et l’agriculture biologique peuvent coexister. De même que le grand public et l’industrie doivent apprendre l’un de l’autre. »

Philippe Baret défend également l’importance du rôle des experts dans l’évaluation d’un dossier d’admission en matière de production des plantes. « Les experts et le cadre d’évaluation dans lequel ils travaillent sont plus importants que toutes les données fournies par les études. C’est dans cette expertise qu’il faut investir. »

Une transparence à double tranchant !

Conseiller chez Phytofar, Kevin Heylen relève les atouts et les faiblesses de la transparence. L’industrie devient de plus en plus transparente, mais la confiance du public n’augmente pas. « Des concepts tels que le danger, le risque, l’exposition et une marge d’erreur acceptable sont importants et ont une signification précise. Les politiciens, les médias généralistes et nos concitoyens ne comprennent pas toujours ces concepts et éprouvent ainsi des difficultés à percevoir la situation dans son ensemble. »

Kevin Heylen souligne aussi l’importance du « poids de la preuve » dans lequel les résultats de différentes études, académiques ou autres, sont en quelque sorte évalués et au sujet desquels des articles scientifiques, qui sont parfois en désaccord les uns avec les autres, ont néanmoins leur importance dans le processus d’évaluation des substances actives.

Une évaluation objective

Annie Demeyere, conseillère au Département flamand de l’Agriculture et de la Pêche, souligne que les produits de protection des plantes ne sont autorisés qu’après un examen, par des experts indépendants, de toutes les études disponibles, tant de l’industrie que des universités. « Les fonctionnaires qui évaluent les études le font en toute conscience. Tout le monde cherche la vérité ; toutes les procédures sont connues sur www.fytoweb.be ; pour certains dossiers il y a une consultation publique ; tout est donc accessible et transparent. »

De la difficulté de communiquer pour les médias…

Les personnalités invitées à éclairer les débats animés dans le cadre de cette assemblée générale ont également cherché à comprendre pourquoi il semble si difficile pour les médias de communiquer à propos d’études souvent complexes.

Pour Greet Riebbels, responsable de la communication au sein de l’Institut flamand de recherche agronomique, le relais vers les médias, de résultats scientifiques dans le domaine agricole pertinents pour la société, demeure difficile.

« La bonne nouvelle, c’est que la presse généraliste s’intéresse à notre secteur. La mauvaise nouvelle, c’est que bien souvent, les journalistes manquent de connaissances préalables. Rares sont celles et ceux qui maîtrisent les sujets qu’ils traitent dans le secteur d’activité qui nous concerne. Ce n’est pas le cas de la presse agricole qui, grâce à son expertise et sa proximité avec le terrain, est beaucoup plus apte et mieux armée pour traduire un message scientifique auprès de son lectorat. »

… mais aussi pour les scientifiques

Enfin, Piet Vanthemsche, qui présida aux destinées du Boerenbond et l’Agence fédérale pour la sécurité alimentaire, et pour qui le secteur agricole, le monde syndical et la scène politique n’ont plus de secret, comprend la réticence de nombreux scientifiques à communiquer. Mais cela ne veut pas dire que le monde de la recherche, de la science doit cesser de communiquer. « Certes, le scientifique « indépendant » n’existe pas, de même que « la vérité » n’existe pas. Il faut pourtant continuer à chercher des moyens d’informer la société. Et cela doit se faire collectivement. Les secteurs doivent continuer de se soutenir mutuellement et ne peuvent abandonner ! »

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