Une technique de radioguidage localisant leurs nids
Le frelon asiatique peut causer d’importants dégâts dans les ruches. La mesure la plus efficace pour lutter contre ces prédateurs est de détruire les nids de frelons mais, il est difficile de les localiser. Une technique de radioguidage vient d’être mise au point par des chercheurs de l’Inra et de l’Université anglaise d’Exeter pour localiser rapidement les nids. Une piste prometteuse dans la lutte contre cette espèce invasive.
Le frelon asiatique est présent en Wallonie et en Flandre depuis 2016 et a été aperçu dans 2 communes bruxelloises en 2018. Cela laisse présager une invasion. Cet insecte originaire d’Asie est arrivé en 2004 dans la région de Bordeaux, en France, dans une cargaison de poteries importées de Chine. Depuis, il étend son aire géographique à une vitesse de l’ordre de 80 km par an. C’est ainsi qu’on le retrouve aujourd’hui en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni, en Belgique et au Luxembourg. Les facteurs limitant son extension sont l’altitude et l’absence d’eau, nécessaire à la construction de nids. La ressource alimentaire n’est pas limitante car, outre la prédation des insectes, les frelons peuvent aussi alimenter leur progéniture avec d’autres sources protéiques comme des cadavres d’animaux, de la viande ou des poissons sur des étals de marché, des résidus de pêche… Le seul moyen crédible pour lutter contre cette espèce invasive est de contrôler la population. Deux techniques sont utilisables actuellement : la destruction des nids, une méthode efficace et, le piégeage des reines qui vont fonder de nouvelles colonies (une méthode beaucoup moins efficace).
Traquer le retour au nid
Pour faciliter le repérage des nids, des chercheurs de l’Inra en France et de l’Université d’Exeter au Royaume-Uni ont développé une technique originale de radioguidage. Ils ont capturé des frelons et des ouvrières chasseuses en poste devant les ruches. Ils les ont ensuite équipés d’une balise émettrice miniature, suspendue à leur abdomen dans une petite nacelle. Pratiquement, ils ont sélectionné des ouvrières de plus de 0,35 gr pour une balise de 0,28 gr offrant un rayon d’action de 800 m. Ils avaient en effet observé précédemment que 80 % des ouvrières pouvaient porter jusqu’à 80 % de leur poids. Les ouvrières ainsi équipées ont été relâchées après un entraînement au vol dans une cage de vol. Grâce à la balise, les chercheurs ont pu les suivre à distance jusqu’à leur nid. Des nids ont pu être localisés jusqu’à 1,33 km du point de départ de l’ouvrière.
Des applications prometteuses
Cette technique permet de localiser les nids avant l’automne et d’organiser leur destruction précoce. Elle pourrait aussi être utilisée avec les fondatrices de printemps au moment où elles fabriquent leur premier nid et sortent en cours de journée pour trouver de la nourriture pour leurs filles.
Les chercheurs de l’Inra mènent aussi d’autres travaux pour lutter contre le frelon asiatique. Ils ont notamment découvert des souches de champignons entomopathogènes pouvant infecter et tuer les frelons. Cette piste pourrait être complémentaire de la localisation des nids où seraient injectés ces agents de biocontrôle non nuisibles à l’environnement.
D’après l’Inra
