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Bienvenue Madame ou Monsieur le ministre !

Temps de lecture : 4 min

Dès que vous serez en place, nous voudrions vous accueillir dans l’environnement que sont nos fermes, nos champs, nos prairies, nos bosquets.

Vous allez avoir un sacré boulot pour rendre espoir aux agriculteurs et surtout aux jeunes qui abandonnent la ferme familiale au profit des grosses entités. Même ces grandes exploitations, grâce aux économies d’échelle, devront bien gérer pour joindre les deux bouts. Ce n’est pas étonnant car il y a plus de cinquante ans, le froment était 15 fois plus cher qu’aujourd’hui. Un simple exemple va vous prouver cela. En 1962, mon père achetait une belle remorque full options pour 68.000 francs belges. En vendant son contenu soit 8 tonnes de blé au prix de 8,5 francs le kg, il pouvait payer sa benne. Un jour, j’ai bien dû la remplacer et, après un petit calcul, j’ai été effrayé de constater qu’il me faudrait vendre 15 fois son contenu pour la payer !

« Primum vivere » n’est plus d’actualité car aujourd’hui, le budget des ménages consacré aux vacances ou à l’habillement peut parfois dépasser celui de leur alimentation. Tout ce monde désinformé, oubliant qu’il mange à sa faim de bons produits à des prix dérisoires, se permet encore de critiquer les fermiers. Cela est intolérable.

Nous comptons vraiment sur vous, Madame ou Monsieur le ministre, pour que vous ne répétiez pas les erreurs qui ont sévèrement sanctionné votre prédécesseur.

Premièrement, le « regretté » ministre a voulu se passer du dialogue avec les agriculteurs. Ces derniers pouvaient être snobés pensait-il, car ils ne représentent que deux pourcents de la population, c’était oublier qu’ils avaient souvent des familles nombreuses et aussi beaucoup d’amis qui étaient venus passer des moments inoubliables dans les fermes.

Voici sa deuxième erreur : Il a sous-estimé l’importance de l’agriculture compte tenu des activités en aval et en amont (recherche, semenciers, vétérinaires, transformation, boucheries…) En France, le chiffre d’affaires de notre secteur est supérieur à celui de Renault, Peugeot et Citroën !

Sa troisième erreur : étant adepte des fake news, il a fait sienne cette citation « un mensonge dit 10 fois, reste un mensonge mais répété 1.000 fois, il devient une vérité ». Il savait aussi que 80 % des fake news sont propagées par des gens de bonne foi (Dauphiné Libéré).

Voulez-vous des exemples de fake news : la production d’un kg de viande nécessiterait 15.000 litres d’eau, ce qui voudrait dire qu’un engraisseur de 320 bovins produisant 1,250 kg de viande par jour aurait besoin journellement d’un approvisionnement de 300 camions-citernes de 20.000 litres ! Voici une façon de promouvoir les soi-disant steaks sans viande bidouillés à base de soja ogm en circuit court (outre atlantique) ! Un autre exemple : Il déclarait que 60 % de la Wallonie était bio, ce qui sous-entend que les 40 autres % pourraient faire de même. En réalité, en 2018, il y en avait 11 % ; si on déduit les prairies, c’est 3 % des terres de grande culture qui étaient cultivées en mode bio. Il est souhaitable que ces surfaces augmentent encore mais pas de trop afin que ces courageux agriculteurs, optant pour cette filière, n’aient pas trop de concurrence et obtiennent des prix en rapport avec leurs efforts. Si les 3 % devenaient 100 %, la faillite de ce bon créneau serait inéluctable. Attention à l’avenir et aux enseignes qui voudraient déjà proposer le bio le moins cher. Il est vrai qu’il y a 75 ans, tout était sans produits phyto ; cinq millions de personnes, le dos courbé, plantaient, sarclaient… avant d’aller faire la file devant la boulangerie ou la boucherie avec leurs tickets de rationnement.

Aujourd’hui, ce n’est pas la promotion du travail à la rasette qui incitera des jeunes à cultiver. La terre continuera à se couvrir de béton, de zonings, de parcs d’attractions… Sans se rendre compte qu’ils fragilisent notre autonomie alimentaire, les bobos manifesteront dans quelques années pour dénoncer la pollution causée par les avions nous apportant n’importe quoi à manger de n’importe où.

Les différents modes d’agriculture ne sont pas concurrents mais complémentaires.

En agriculture raisonnée, les agriculteurs sont aussi arrivés à produire en améliorant la vie et la fertilité du sol. Ils ont réduit au maximum les intrants grâce entre autres à la technique des mini doses. Nous entretenons le paysage que nous aimons tant et dans lequel nous vivons 24 h/24. Cet environnement n’est pas uniquement réservé aux bourgeois bohèmes en week-end qui, de plus, voudraient nous dicter la façon de cultiver.

À l’heure où certains « mystiques environnementaux » pensent que les plantes sont des êtres vivants communiquant entre elles, pourquoi devrions-nous les laisser être détruites par des limaces ou étouffées par des mauvaises herbes ? Nous étions heureux et fiers de pouvoir soigner nos plantes dans le but d’assurer à la population toujours plus importante une alimentation équilibrée et exempte de toxines.

Merci, Madame ou Monsieur le ministre de bien vouloir nous entendre et nous rendre espoir en aidant les différents types d’agriculture. Nous en tiendrons compte lors du prochain scrutin.

A. Jadin

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à Meux

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