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À 30 ans, la Foire de Battice

est en quête de pérennité

À 30 ans, la Foire de Battice a encore prouvé qu’elle n’a pas pris une ride. En témoignent les 22.000 visiteurs venus faire le plein d’animations et de saveurs locales. Si des doutes planent encore sur les prochaines éditions, les pouvoirs politiques ont tenu

à afficher leur plein soutien à l’événement.

Temps de lecture : 6 min

C’est une édition un peu particulière qu’a vécu la Foire de Battice puisqu’elle fêtait ses trente ans. « Si le chemin ne fut pas toujours facile, cette foire s’est façonnée année après année, grâce aux liens qui se sont tissés entre tous les bénévoles qui donnent de leur énergie pour la bonne tenue de l’événement », témoigne d’emblée le président Didier Gustin.

Et qui dit anniversaire, dit fête. Pour accentuer le côté festif de ce week-end, les organisateurs ont mis le paquet sur les animations pour enfants, les cooking shows, l’introduction du concept Zéro déchet et les saveurs locales… « Et que dire de l’École des jeunes éleveurs ? S’y inscrire est devenu un sport international puisque les Australiens y ont débarqué pour une semaine de formation. »

« Si, cette année, les contraintes liées à la vente de terrains ont pu être contournées – le village gourmand a déménagé de l’autre côté de la rue de Charneux –, la pérennité de l’événement reste incertaine et les craintes pour l’avenir sont toujours présentes », regrette M. Gustin

« Être à l’écoute de notre métier »

Marc Drouguet, bourgmestre de la ville de Herve, a souligné le travail du comité organisateur ainsi que des bénévoles pour promouvoir l’agriculture. Si la ville de Herve veut promouvoir cette agriculture et cette ruralité, elle a mis en place, avec le Gal du Pays de Herve, une charte « Un brin de convivialité, ça vous botte ? » qui sera remis aux communes pour permettre aux agriculteurs d’expliquer leur métier, mais aussi de leur faire comprendre les besoins des néoruraux.

Outre ce point, le bourgmestre a voulu interpeller les élus communaux sur la législation relative au bien-être animal. « Le mandataire communal doit être vigilant car cette nouvelle réglementation confère un certain pouvoir au collège échevinal. Au-delà d’un règlement qui pourrait être perçu par certains comme pathétique, mieux vaut un règlement pragmatique qui permet aux gens du métier d’être entendus, qu’ils puissent expliquer leur réalité de terrain. » Et de rappeler « Pour qu’un animal puisse rendre une viande, un lait de qualité, il doit être en bonne santé et donc bien traité. Les agriculteurs en sont, pour la plupart, convaincus ! »

Pérenniser la Foire, c’est la professionnaliser

Pour Pierre-Yves Jeholet, ministre wallon de l’Economie, la Foire de Battice est nécessaire pour fédérer le secteur mais aussi pour sensibiliser le citoyen. Et cette entreprise ne peut réussir que s’il y a un soutien fort et massif du monde politique, que ce soit au niveau fédéral, régional provincial et communal. Avec l’aide du gouvernement Wallon, il a voulu pérenniser cette organisation en triplant sa subvention pour les trois prochaines années. Cette convention pluriannuelle a permis aux organisateurs d’engager une personne à temps plein sur la foire : Pascale Larondelle. Elle succède au secrétaire historique Raymond Esser.

Des revendications

Qui dit rentrée politique, dit revendications de la part des représentants des différentes organisations agricoles.

« Développement durable… ces termes sont sur toutes les lèvres et représentent l’alliance entre écologie, le social et l’économie. Ces piliers nous préoccupent tout autant que le citoyen car s’inscrivent dans les valeurs de tout agriculteur… Pourtant elles sont mises à mal au sein des exploitations agricoles familiales. C’est la raison pour laquelle nous voulons réagir et faire réagir tout en profitant de la foire comme occasion unique pour faire découvrir aux visiteurs tous les paramètres positifs de l’agriculture. »

Et d’interroger les politiques, notamment sur leur position face aux négociations Ceta et Mercosur ou encore sur la future Pac 2021. L’occasion de les interpeller sur la lenteur administrative lors des demandes d’aides, de permis… et sur l’intransigeance parfois extrême de l’administration.

Le Mercosur sur toutes les lèvres

« Quand on veut promouvoir une agriculture locale au niveau communal, nous ne pouvons laisser sous silence l’alliance avec le Mercosur. Il faut que nous, mandataires communaux, puissions dire non à un tel traité, tel qu’il est présenté pour l’instant », s’est ainsi insurgé d’emblée M. Drouguet.

Le ministre wallon de l’Agriculture, René Collin : « Il ne peut y avoir de débats sur le Mercosur mais qu’une seule réponse : non et dans toutes les langues. Parce que c’est la pire des choses au niveau de l’enjeu climatique, de l’économie circulaire, de l’alimentation, du respect des consommateurs, et des conditions de production totalement déloyale vis-à-vis des producteurs, qu’ils soient wallons, belges ou européens. »

Pour Denis Ducarme, « c’est une évidence que le traité ne passera pas la rampe des parlements… Il n’y a pas assez d’assurance sur le plan sanitaire, de garanties sur le respect des normes environnementales… » Il affirme d’ailleurs avoir pris contact avec les Français, les Irlandais et les Luxembourgeois pour tenir une position commune dans le cadre du prochain Conseil européen.

Un besoin de réglementations et de simplifications

Pour répondre aux précédentes revendications, Réné Collin a fait part de nécessité d’avoir d’une législation fédérale mais surtout européenne qui vise à empêcher le monde agricole de vendre à perte. Quant au besoin de simplification administrative, il réagit : « Si l’Europe est extrêmement contraignante. l’effort de simplification est affiché comme une priorité », tant au niveau de la Commission européenne que de la Région wallonne. « Si on a déjà fait des efforts de simplification, nous nous devons d’aller bien au-delà ».

Quant à M. Ducarme, il a tenu à rappeler que le meilleur élève sur le plan de la sécurité sanitaire et alimentaire n’est autre que le secteur primaire. « Pourtant il subit un certain nombre de contrôles qui ne sont pas coordonnés. Dans le cadre des accords de gouvernements, il faudra veiller à simplifier la vie des agriculteurs, à concentrer les différents contrôles en une même période. »

Et le prix du mérite agricole…

Pour conclure la cérémonie inaugurale, le prix du mérite agricole du Pays de Herve est revenu à Hugues et Kelly Havelange, exploitants laitiers dans le hameau « Les Fosses » (Olne). Avec leurs 65 montbéliardes, ils produisent un lait de foin destiné à la filière Marguerite Happy Cow. Ils approvisionnent également la nouvelle fromagerie, qui produit un nouveau venu sur le marché des fromages « La Meule du Plateau ». Quant au prix « Coup de cœur » est revenu aux Services de remplacement agricole de la Région Herbagère.

Notons qu’un hommage a été rendu, non sans émotion, à Nathan Jérôme, un jeune bénévole de 13 ans, décédé vendredi, dans un accident à Grand-Rechain.

P-Y L.

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