
Diverses personnalités et non des moindres partout dans le monde, notamment le célébrissime Bill Gates, mais également des économistes, des épidémiologistes et d’autres éminents chercheurs, se sont montrées visionnaires au sujet de la pandémie qui nous envahit aujourd’hui. Ainsi, par exemple, dès 2009, l’économiste et ancien haut fonctionnaire français Jacques Attali, par ailleurs président de la Fondation Positive Planet, évoquait brièvement une pandémie incontrôlable dans un livre intitulé « La crise et après ». Il anticipait même de possibles pandémies beaucoup plus sévères encore que l’épidémie de grippe A H1N1 – qui sévissait à l’époque – avec des conséquences incommensurables. Comme toujours, ces annonceurs de lendemains potentiellement dévastateurs n’ont pas été écoutés.
Pour l’essayiste français, la présente catastrophe met en évidence les carences d’une société qui ne consacre pas assez de moyens à la santé, à la vie au sens large. Et d’estimer que lorsque l’on sera sorti de cette crise sanitaire mondiale, pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs, il faudra changer radicalement le cap du paquebot économique mondial pour le reconvertir massivement vers ce qu’il appelle les activités des secteurs de l’industrie de la vie : la santé, l’hygiène, l’agriculture, l’alimentation, l’énergie, la finance, la culture et l’information, le commerce et d’autres métiers qui sont en première ligne, devant d’autres moins « essentiels ».
Et il faudra se donner les moyens d’anticiper de prochaines pandémies qui seront d’autant plus inévitables que nous n’aurons pas renoncé à créer les foyers de contamination qui en favorisent l’émergence et le développement.
Notre confrère français La Croix titrait en une, la semaine dernière, « L’État, d’urgence », toute la signification de ce titre étant dans la virgule glissée entre les deux mots. Est-on en train de redécouvrir l’importance des services publics à l’occasion de cette crise ? Le professeur Éric Lambin (UCLouvain) partage cette opinion, à travers notre confrère La Libre Belgique, jugeant que lors d’une crise majeure et urgente qui affecte l’ensemble de la population, le capitalisme dérégulé se révèle bien démuni en comparaison avec la réponse orchestrée par l’État, basée sur la solidarité, l’imposition de mesures radicales et la mobilisation de ressources importantes.
