La Fao signale notamment que de nombreux pays à faible revenu, principalement situés en Afrique subsaharienne mais aussi en Asie et qui dépendent de l’agriculture pour une grande partie de leurs recettes d’exportations, sont aujourd’hui particulièrement exposés aux chocs liés aux marchés agricoles mondiaux.
L’organisation indique à cet égard que « les premiers effets ont déjà été signalés dans les pays qui ont été exposés pour la première fois à l’épidémie de Covid-19. Par exemple, les exportations de fruits tropicaux en provenance d’Asie du Sud-Est ont été perturbées par les embouteillages dans les ports chinois de Shanghai et de Tianjin. Cela a entraîné des pertes importantes en raison de la périssabilité des produits. Les perturbations de la cargaison ont été amplifiées par une grave pénurie de conteneurs due à l’augmentation des importations de viande de porc en réponse à la peste porcine africaine ».
Toutefois, une forte dépendance à l’égard des importations pourrait également exposer les pays à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement internationales en raison d’un manque de main-d’œuvre et de capacités de transport fonctionnelles, ou de ports et d’installations de stockage encombrés, ou
Restrictions à l’exportation
Par ailleurs, une multiplication des restrictions à l’exportation pourrait aussi, entraîner une pénurie de l’offre mondiale et, à terme, une hausse des prix alimentaires internationaux. La Fao constate que « les producteurs argentins de soja et de maïs retenaient leurs récoltes du marché, même après la mise en place de mesures gouvernementales pour résoudre les problèmes liés aux coronavirus qui ont ralenti la livraison aux centres d’exportation du pays ». Et d’expliquer cette situation par l’incertitude entourant la pandémie de Covid-19, qui se propage rapidement, et les prévisions de hausse des prix des matières premières. Dans le même temps, la Russie et l’Ukraine, considérés comme les greniers à blé du monde, ont décidé de restreindre leurs exportations de céréales.
Pénurie de la main-d’œuvre et diminution des intrants
L’agence onusienne explique aussi que les pays à faible revenu qui dépendent fortement des facteurs de production sont particulièrement exposés aux chocs de l’épidémie. Elle souligne que « les pandémies peuvent entraîner une diminution de la disponibilité de la main-d’œuvre agricole via de multiples canaux tels que maladie réduisant la capacité physique, le comportement d’aversion ou encore les restrictions de quarantaine ».
Et, poursuit-elle, « les systèmes de production à forte intensité de main-d’œuvre tels que la récolte des fruits et légumes ou encore l’exploitation de systèmes de transformation de la viande, sont aujourd’hui affectés par la pandémie de coronavirus, en raison des effets directs sur la santé ou des effets indirects des arrêts de production ». Par exemple, en Chine, le manque de travailleurs dans les abattoirs a entraîné une pénurie de viande et une hausse sensible des prix sur les marchés locaux.
La Fao note aussi une moindre disponibilité des intrants, en particulier dans les pays qui les premiers touchés. En Chine, encore, la production de pesticides a diminué et ne reprend que progressivement après la fermeture des usines de production suite à l’épidémie. La faible disponibilité et/ou les prix élevés des pesticides pourraient peser sur les rendements et la production de cultures.
Par exemple, les coûts de transport des pesticides vers l’Afrique de l’Est ont été multipliés par trois et l’expédition est retardée en raison de la diminution du nombre de vols vers la région, ce qui a entravé la capacité à contenir l’invasion locale de criquets pèlerins et augmente la menace pour la sécurité alimentaire.
La demande mondiale également affectée
Par ailleurs, l’impact de l’épidémie de coronavirus ne présente pas seulement un risque pour le secteur agricole par le biais de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, de commerce et de transformation, il affecte également la demande finale. Sur ce point, la Fao explique que « le principal déclencheur d’une contraction de la demande serait un ralentissement prolongé de la croissance économique globale, qui réduirait le pouvoir d’achat des consommateurs et pourrait compromettre l’accès aux filets de sécurité ».
Elle note toutefois que « la demande devrait réagir avec un certain décalage, dont l’ampleur dépend de plusieurs facteurs, notamment la disponibilité de l’épargne des ménages ou l’accès aux filets de sécurité alimentaire et autres programmes de protection sociale ».