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Césarienne chez les ovins: intervenir rapidement et correctementen cas de difficultés pour la mise bas

La période des agnelages est le moment le plus important de l’année dans la plupart des exploitations ovines. La gestion pré- et post-partum est importante, mais des problèmes peuvent également survenir pendant la mise bas elle-même. Dans le cas de dystocies (naissances difficiles), une intervention correcte est nécessaire pour minimiser les risques pour la brebis et sa suite.

Temps de lecture : 7 min

L a dystocie (naissance difficile) chez les petits ruminants touche généralement entre 2,5 à 4,8 % des femelles en gestation. Le pourcentage de césarienne chez les ovins varie, quant à lui, généralement de 0,5 à 2,5 %. Dans les grandes races, comme le Suffolk, par exemple , ce ratio est 5 fois plus élevé que dans les autres(0,5 %). Notons que les brebis ayant un prolapsus vaginal ont jusqu’à 10 fois plus de chances de subir une césarienne.

Une cause multifactorielle

Au cours d’un agnelage, il est important d’intervenir au bon moment, ni trop tôt, ni trop tard ! Les éleveurs expérimentés peuvent généralement apporter leur aide lorsque la mise bas ne se déroule pas correctement. Dans le cas d’un agnelage pour lequel on exerce une force de traction modérée, le travail ne doit pas durer plus de 15 minutes. Passé ce délai, il est préférable de procéder à une césarienne.

Avant toute manipulation, une bonne lubrification est indispensable. La dystocie est l’une des raisons les plus courantes de mortalité chez les agneaux pendant ou peu après la naissance. Par définition, elle ne se produit que lorsqu’il n’y a pas d’expulsion du fœtus après 2 heures, ou si l’intervalle entre 2 agneaux est supérieur à une heure. En résumé, il en existe 2 types : les problèmes de naissance causés par la mère (maternelle) et par les agneaux (fœtus), voir figure 1.

La dystocie foetale

Dans 95 % des cas, l’agneau se présentera en position eutocique, soit antérieure, soit postérieure. Si la première est classique avec les deux pattes avant suivies de la tête, la seconde est plus à risque dans le sens où l’agneau se présente par ses deux pattes arrières. Il faudra alors aborder ce cas différemment. En effet, le risque de compression du cordon ombilical, de sa rupture prématurée ou de fractures des côtes – pouvant conduire à une asphyxie –, est plus élevé.

Avec une présentation aussi anormale, certains éleveurs préféreront ne pas prendre de risque et opter pour la césarienne. Celle-ci est également conseillée lorsque deux agneaux s’engagent simultanément, ou que l’agneau soit trop gros pour le bassin de la brebis.

Les mères qui sont porteuses de fœtus présentant des anomalies graves rendant souvent impossible la vie de l’agneau (on les appelle monstres), peuvent également bénéficier de l’opération.

Outre les facteurs susmentionnés, le sexe et la gémellité (deux agneaux ou plus) ont également une influence sur la facilité d’agneler. Les mâles sont plus susceptibles de causer des problèmes que les femelles, tout comme les agneaux uniques par rapport aux naissances multiples.

La dystocie maternelle

Des causes d’origine maternelle peuvent également entrer en ligne de compte. Celles-ci regroupent les bassins trop étroits, la mauvaise préparation de la mère (mauvaise dilatation du col, du vagin, de la vulve) et les déplacements d’organes comme les torsions utérines. En cas de prolapsus vaginal (qui peut ou non être repositionné), une césarienne est une solution tant la manipulation est plus difficile.

En plus des problèmes de tissus mous, le canal pelvien peut être trop étroit. La traction de l’agneau par les pattes (avec une force très modérée) risque de poser problème. Il est important que la tête repose sur les pattes tendues et qu’il y ait suffisamment d’espace entre les épaules de l’agneau et le bassin de la brebis. Si ces critères ne sont pas remplis, aucune traction ne doit être appliquée au nouveau-né.

Protocole de la césarienne

La césarienne peut être effectuée sur un animal couché ou debout. Ce dernier n’est possible que lorsque la brebis est dans une cage de contention qui peut être sur-élevée, afin que le vétérinaire puisse travailler à hauteur des yeux. Pour l’animal couché, la césarienne peut être pratiquée sur une table ou une botte de paille. Il est important que les jambes et la tête soient bien maintenues.

Lorsque les agneaux sont vivants, il est indiqué de pratiquer l’incision sur le flanc gauche. Le risque de faire sauter les points de suture sera moindre lorsque les agneaux iront au pis. Lorsque l’on suspecte des agneaux morts ou pourris, il est conseillé de faire l’incision dans l’aine. Ainsi, le liquide amniotique contaminé ne s’écoulera pas dans la cavité abdominale.

Pour la césarienne, le Planipart peut être administré par intraveineuse. L’utérus se détend alors, ce qui permet de mieux insérer sa main dans l’incision pour en retirer l’agneau. Le flanc gauche sera rasé de la dernière côte jusqu’à l’os de la hanche. En général, il faut un seau d’eau tiède pour laver la brebis et un seau d’eau et de l’Ecutan (chlorhexidine) avec lequel le vétérinaire peut se laver les mains.

Le site de l’incision est anesthésié avec un mélange d’un anesthésique local et d’une solution physiologique. La peau est ensuite désinfectée. Avant le début de la procédure, une solution de povidone et d’alcool est versée à l’endroit de l’incision. Celle-ci ne doit pas être grande.

En tant qu’éleveur, vous pouvez assister à la césarienne. Tout d’abord, il est important que la brebis soit maintenue immobile. En outre, il peut être nécessaire, par exemple, de maintenir les forceps sur l’utérus : cela permettra au vétérinaire de suturer facilement. Eponger l’excès de sang aide à ne pas gêner la visibilité. Habituellement, 5 ml de pénicilline sont injectés dans la cavité abdominale. Le péritoine et les muscles sont soigneusement scellés avec entre ceux-ci de la pénicilline ou du chlortétra spray. La peau peut être cousue avec un fil absorbant ou non. Dans ce dernier cas, le fil doit être retiré au bout de 10 à 14 jours.

Une fois la l’incision recousue, la suture est recouverte d’un spray d’aluminium. Ensuite, la brebis reçoit de l’ocytocine en intramusculaire (1 ml par animal). Cette dernière est nécessaire afin de permettre au placenta de se détacher et de permettre la descente du lait.

Les agneaux nés par césarienne ont souvent plus de mucus dans le nez, la bouche et les voies respiratoires. Cela est dû au fait qu’elles ne sont pas passées par le canal pelvigénital, où une pression est exercée par les contractions de la brebis. Il est important d’éliminer cet excès de mucus en gardant l’agneau à l’envers, par exemple. Le fait de verser de l’eau froide dans l’oreille les aide car elle leur fait secouer la tête. Presser doucement le museau ou mettre un morceau de paille dans les naseaux stimule également la respiration.

Suivi et complications

Après la césarienne, il est important que la brebis continue d’avoir une bonne apparence clinique. Si elle est faible, l’administration unique de cortisone peut aider. Celle-ci permet, notamment, de maintenir le taux de sucre et de donner à l’animal un coup de boost. L’arrière-faix doit être expulsé dans les 6 heures suivant la césarienne. Avec une incision sur le flanc, il est facile de garder un œil sur la blessure. La peau ne doit pas être ni gonflée, ni douloureuse, ou encore rouge. La plaie ne doit pas saigner.

Des recherches ont montré qu’il n’y a pas de risque accru de rétention d’arrière-faix, d’infection de l’utérus ou de baisse de fertilité après une césarienne. Toutefois, une péritonite aiguë et fatale sera plus fréquente après une césarienne qu’après un agnelage normal, surtout avec des avortons. L’administration d’antibiotiques réduit le risque de complications. Pendant la césarienne elle-même, le vétérinaire injectera une quantité d’antibiotiques dans la cavité abdominale. Ensuite, la brebis recevra 5 ml de pénicilline en intramusculaire pendant 2 jours.

Il est important que les agneaux reçoivent suffisamment de colostrum dans les 12 heures suivant la naissance. Environ 10 % du poids du corps sera nécessaire, ce qui correspond généralement à 300-400 ml. Si la brebis ne donne pas assez de colostrum, celui de bovin sera un bon substitut, mais il faut en donner davantage. Les agneaux sont sensibles à une carence en sucre, il est donc important qu’ils continuent à boire du lait après la prise de colostrum. Une lampe chauffante dans le box de mise bas (le premier jour) empêchera les agneaux de souffrir d’hypothermie.

D’après Marjolein Brack

UGent

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