la viande dans le sillage
de la voie lactée !
Le moment est venu d’y atteler le wagon Fairebel Viande.
Nous avons rencontré Yves-Marie Desbruyères et Thibaut Desmet.
Ils nous éclairent sur cet ambitieux projet ouvert à tous les éleveurs dans une dynamique solidaire pour l’avenir du secteur !
Cette nouvelle étape, initiée par le conseil d’administration de Faircoop, consiste en une ouverture de Fairebel à d’autres secteurs majeurs fragilisés de notre agriculture, à savoir ceux de la viande bovine (et aussi des fruits), avec une commercialisation directe dans la grande distribution.
« Pour les éleveurs de bétail viandeux, cette main tendue est une vraie opportunité. Elle permet de s’appuyer d’emblée sur une marque qui a essuyé tous les plâtres et jouit après 10 ans d’une notoriété forte et s’est imposée dans la grande distribution. Pour Faircoop, l’ouverture à la viande et aux fruits de qualité produits localement constitue aussi un atout, car elle permet d’imprimer davantage encore la marque équitable des agriculteurs sur l’étal des grandes surfaces et sous les yeux des consommateurs », assure Yves-Marie Desbruyères, éleveur de BBB à Melles.
Thibaut Desmet, éleveur à Thorembais-St-Trond, renchérit : « Fairebel est une locomotive qui à force de ténacité a mis les produits laitiers sur de bons rails. La viande est un nouveau wagon qui reçoit la chance de venir s’y atteler. Cette synergie va donner pour la première fois à la viande, toutes races bovines confondues, une marque Fairebel Viande (pas un label !) que le consommateur pourra identifier comme celle qui garantit une rémunération équitable à l’éleveur belge. »
Une vraie source d’espoir !
L’initiative dont il est question ici résulte d’un constat alarmant. Yves-Marie Desbruyères s’est penché sur l’évolution des prix de vente de la viande au cours des 30 dernières années : « Si la monnaie a changé, les prix de vente de la viande n’ont pas évolué : 210 Fb/kg de carcasse en 1990 pour les taureaux, contre 5,40 € par kg de carcasse en 2020, cherchez la différence ! Par contre, nos coûts de production ont augmenté de 30 %. »
Et encore, poursuit Yves-Marie, « les prix de vente ont souvent été beaucoup plus bas pendant toute cette période en raison des multiples crises qu’à traversées le secteur (hormones, dioxine, ESB…). À l’origine de chaque crise, on retrouve l’industrie et ce sont les éleveurs qui subissent ! »
Outre les prix, les effectifs humains et le cheptel de l’élevage en Belgique sont en mode « amaigrissement » depuis 1990 : le nombre d’éleveurs s’est écroulé de 70 % pour ne plus compter que 18.000 unités en 2019 et le cheptel bovin total a régressé de quelque 30 % à 2,37 millions de têtes. Par ailleurs, la moyenne d’âge des éleveurs (58 ans) et la continuité des fermes nourrissent beaucoup d’inquiétudes.
« On condamne beaucoup l’élevage sur le thème du réchauffement climatique, mais outre les idées fausses qui fleurissent en la matière, je note que le secteur s’efface de plus en plus… tandis que les vagues de chaleur suivent la courbe inverse », pointe Yves-Marie en guise de boutade.
Nos deux hôtes lancent un cri d’alarme. Le secteur de l’agro-alimentaire doit prendre conscience de toutes ces difficultés en commençant par mettre un terme à l’utilisation de denrées alimentaires comme produits d’appel dans des campagnes de promotion. Les politiques doivent comprendre que les accords commerciaux tels que celui du Mercosur sont un non-sens. Les citoyens, la grande distribution, l’horeca doivent être sensibilisés aux produits locaux et initiatives valorisant les producteurs, l’élevage dans nos régions. « C’est une question de survie des fermes d’élevage dans le pays… et de sécurité alimentaire en cas de crises de tous ordres. »
Un avenir pour les jeunes !
Aujourd’hui, l’éleveur de bétail viandeux obtient un prix moyen de 5,20 euros par kg de carcasse (quelque 5 euros pour les vaches et 5,40 euros pour les taureaux). Or, comme le montre le calcul réalisé par Yves-Marie Desbruyères (
« Les prix actuels sont trop bas de 20 % et ne permettent pas la reprise des jeunes dans nos campagnes. Une des solutions à cette crise de l’élevage dans nos régions est la viande équitable soutenue par la marque Fairebel Viande », soutiennent nos deux interlocuteurs.
Une viande locale, de qualité supérieure et un prix décent
La marque Fairebel pour la viande s’inscrit dans le droit fil de la filière lait. Elle réunit des éleveurs viandeux soucieux de gérer la commercialisation de leur production, leur permettant de maîtriser l’évolution du prix de vente – valorisation à un prix rémunérateur – et de favoriser ainsi la reprise de nouvelles générations. Elle ambitionne simultanément de sensibiliser les citoyens aux produits locaux, à l’élevage pratiqué dans notre pays et à une viande « la meilleure au monde, toutes races confondues » et 4 fois équitable : pour l’agriculteur, l’environnement (bovins à l’herbe, maintien des pâturages et protection du climat), le consommateur et le transformateur.
Souscrire à Faircoop – Fairebel Viande
« Adhérer au projet, souscrire à la coopérative, s’afficher éleveur viandeux coopérateur Fairbel, ce n’est pas nécessairement commercialiser ses propres animaux, mais c’est soutenir solidairement l’ensemble de la filière viande bovine belge en général, l’avenir de la profession, le prix équitable, la proximité, les conditions de bien-être animal propres à l’exploitation familiale, les valeurs et l’histoire que souligne la marque équitable ! C’est participer, au-delà des frontières communautaires, à la vie et à la promotion de la viande de tous les éleveurs et bénéficier, comme tout coopérateur, d’un bonus compensatoire – revenu supplémentaire – versé chaque année (voir l’aplat ci-dessus) », soulignent Thibaut Desmet et Yves-Marie Desbruyères.
Qui peut rejoindre la coopérative Faircoop pour la marque Fairebel Viande ? C’est très simple : tous les éleveurs-naisseurs de bétail viandeux, toutes races confondues, à la tête d’une exploitation familiale comptant au moins 50 animaux et au moins 20 % de vêlages par an. Les animaux doivent naître dans l’exploitation et être élevés en prairies. Les entreprises d’engraissement, les intégrateurs n’y ont pas accès, de même que les producteurs qui sont déjà coopérateurs pour la filière Lait, car il n’est pas autorisé de cumuler les bonus compensatoires.
Concrètement, les éleveurs doivent acquérir au minimum 10 parts et peuvent monter jusqu’à un maximum de 50 parts. Chaque part vaut 100 €. Chaque année, le coopérateur peut convertir son bonus compensatoire pour augmenter ses parts, et ce, jusqu’à un maximum de 500 parts (50.000 €).
Un incitant est accordé aux premiers coopérateurs : les éleveurs qui s’inscriront et paieront avant ce 30 septembre auront accès au bonus compensatoire 2020, versé après l’assemblée générale d’avril 2021. L’inscription et paiement entre le 1er octobre et le 31 décembre 2020 donneront droit au bonus compensatoire 2021, payé après l’AG 2022.
À noter également la possibilité d’obtenir une aide de la Région wallonne pour l’acquisition de parts de capital dans une société de transformation et de commercialisation plafonnée à 2.000 €. Infos : questionsdd.dgo3@spw.wallonie.be.
Et ajoutons enfin que la participation du coopérateur au bonus compensatoire suppose en retour qu’il consacre un peu de temps à une activité de promotion-animation de la viande Fairebel en magasin ou lors d’un événement. « C’est minime : 1 jour par an pour 10 parts, jusqu’à 5 jours par an pour 500 parts, et c’est l’occasion d’aller à la rencontre et renouer le dialogue avec les consommateurs.»
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