
Soutien au secteur agricole
Durant la dernière période 2018-2020, les 37 pays membres de l’OCDE, cinq États membres de l’UE non-membres de l’OCDE et douze économies émergentes et en développement, soit cinquante-quatre pays au total étudiés, ont consacré en moyenne 720 milliards $ par an au soutien du secteur agricole.
Plus d’un tiers de ce soutien annuel a pris la forme d’interventions sur les prix du marché et a donc été financé par les consommateurs au travers de prix plus élevés à travers des licences d’importation, des droits de douane, les contingents tarifaires et les prix minimums alors que la part restante, soit 447 milliards $ a été constituée de transferts budgétaires à la charge des contribuables.
L’OCDE ajoute que, comme pour le cas du soutien des prix du marché, les paiements aux agriculteurs tendent à créer des distorsions. Sur la période 2018-2020, 66 milliards $ ont été versés au titre de la production ou de l’utilisation sans contrainte d’intrants. Les paiements découplés des décisions de production atteignent 202 milliards $.
Sécurité alimentaire
En revanche, l’institution basée à Paris prévient notamment que les interventions sur les prix du marché ont des conséquences défavorables sur la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, car ils gênent l’allocation efficiente des ressources intérieures et affaiblissent le rôle équilibrateur que jouent les échanges lorsqu’ils transfèrent des produits alimentaires des régions excédentaires vers les régions déficitaires. Elles contribuent aussi à accentuer l’instabilité des prix sur les marchés alimentaires internationaux.
L’OCDE ajoute que les aides les plus génératrices de distorsions (soutien des prix du marché et paiements directs) sont inefficaces pour transférer un revenu aux agriculteurs, car une large part des bénéfices se trouve capitalisée dans la valeur des terres ou s’échappe sous la forme de prix d’intrants plus élevés.
Elles tendent aussi à être inéquitables puisque directement liées à la production. Enfin, en incitant à augmenter la production, elles contribuent à accentuer la pression sur les ressources, conséquences sur la qualité de l’eau et la biodiversité, hausse des émissions de GES.
Des approches différentes
Par ailleurs, dans son rapport, l’OCDE indique qu’il existe une grande disparité entre les pays étudiés concernant les soutiens internes accordés aux producteurs (en pourcentage des recettes agricoles brutes). Le soutien aux producteurs est supérieur à la moyenne de l’OCDE (18 %) aux Philippines, en Indonésie, au Royaume-Uni, en Israël ou encore dans l’UE. Pour cette dernière, le soutien aux producteurs s’est stabilisé autour de 19 % depuis 2010.
En 2020, les paiements directs restent le principal instrument de soutien, via des aides découplées (un tiers est fondé sur la production courante et 18 % sur la consommation d’intrants). En revanche, le niveau de soutien est faible (inférieur à 5 %) en particulier au sein des grands pays exportateurs agricoles du groupe de Cairn qui insistent pour obtenir un accord sur les soutiens internes dans la perspective de la prochaine conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce prévue à la fin de l’année.
L’Australie mal lotie
Par exemple pour l’Australie, le soutien aux producteurs agricoles se classe parmi les plus bas des pays de l’OCDE, il est estimé à 2 % environ des recettes agricoles brutes pour la période 2018-2020, et le soutien total à l’agriculture ne représentant seulement que 0,2 % environ du PIB. De son côté, la Nouvelle-Zélande a le niveau de soutien le plus bas de l’OCDE avec une moyenne pour la période 2018-2020 s’établissant à 0,7 %.
Durant la dernière décennie, ce soutien est même toujours resté inférieur à 1 %, précise l’institution. Pour le Brésil, le soutien accordé aux producteurs a chuté entre 2000-2002 et 2018-2020, passant de 7,6 % à 1,5 %
